Cameroun – Infrastructures : Les promesses de Kribi noyées dans l’océan ?

CMA CGM Kribi

Port en eau profonde, pôle énergétique, ville nouvelle… la station balnéaire en passe de devenir un centre névralgique chimérique de l’industrialisation du pays. Entre vérité et réalité, l’information en captivité.

Port artisanal, autonome, en eau profonde ou complexe portuaire de Kribi. Faut-il en découdre avec le sens du projet initial ? La question taraude les esprits. Jusqu’à présent Kribi était connu pour ses plages, ses restaurants de fruits de mer, ainsi que pour ses spectaculaires chutes de la Lobé, situées à 7 kilomètres de la ville. Depuis 2003, la station thermale est le débouché maritime de l’oléoduc transportant le pétrole extrait à Doba, dans le sud du Tchad. Avec le projet de port en eau profonde pour lequel les études techniques ont été faites, la ville devrait être à date, l’un des centres névralgiques de l’industrialisation du Cameroun : un port marchand, industriel et minéralier dont l’édification devrait créer 20 000 emplois directs et autant d’emplois indirects, sans compter la construction d’une ville nouvelle qui devrait accueillir 100 000 habitants, selon son cahier de charge.

« C’est le projet le plus important, en termes d’envergure, depuis l’indépendance », s’est félicité Louis Nlend Banack, polytechnicien passé par l’institut portuaire d’enseignement et de recherche de Havre, en France et nommé directeur du projet en août 2008. Le coût des travaux du seul port général était estimé à plus de 457 millions d’euros, le financement et la construction des ouvrages étant assurés par des partenaires privés « requalifiés » en décembre 2008 : les groupes français Vinci, Sogea-Satom et Bolloré, le néerlandais Boskalis international, la multinationale Rio tinto alcan, ainsi que plusieurs entreprises camerounaises. Les travaux de construction des installations portuaires, devraient s’étendre sur plusieurs sites localisés à 30 kilomètres au sud de la ville, dont le début des travaux était prévu en mars 2010.

Terminal hydrocarbures

Il était d’abord prévu d’y ériger une digue de protection de 2800 mètres. Suivons ensuite des travaux de dragage et de remblai de chenal d’accès aux quais. Sur le port général, situé à Mboro, le plan prévoyait la construction d’un terminal à conteneur d’une capacité annuelle, à terme, de 800 000 Evp (l’unité de mesure de conteneurs « équivalent vingt pieds » représente environ 30 mètres cube). Grâce à un tirant d’eau de 15 à 16 mètres, ce port marchand devrait accueillir des navires d’une capacité de 100 000 tonnes. « Nous pourrons ainsi augmenter les flux de transport dans la sous-région à travers le corridor Kribi-Bangui et Rca-Kinshasa voire Rd Congo », a expliqué Nlend Banack.

Dans les clauses, le port général devrait comporter également un terminal aluminium, dont la construction était confiée à Rio tinto alcan. L’ouvrage sensé permettre au major mondial de l’alumine et de la bauxite d’en faire le point d’entrée et de sortie de son usine d’Edéa. Un terminal hydrocarbures, financé par l’amateur Camship et la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), devrait également y voir le jour, de même qu’un terminal polyvalent (marchandises diverses, colis lourds), pour lequel les partenaires, bailleurs de fonds et maîtres d’œuvre, restent à découvrir.

Une plate-forme intermodale

Le port minéralier, localisé quant à lui à Lolabé, à 4 kilomètres au sud de Mboro, devrait bénéficier d’un tirant d’eau allant de 22 à 24 mètres, permettant ainsi l’accueil de navires de 300 000 tonnes. Il comporte notamment un appontement, dont le maitre d’ouvre était Cam Iron S.A, l’entreprise à capitaux australiens et camerounais chargé d’exploiter le gisement de fer de Mballam (sud-est). Ce quai devrait être la tête de pont d’exportation de la, mine, dont les réserves étaient estimées à 1 milliards de tonnes. Le minerai était prévu d’être transporté par chemin de fer, les 500 kilomètres de voies ferrées qui devraient relier le gisement au port étant à construire. Pour l’acheminement des produits vers le port ou leur évacuation vers l’hinterland, d’autres dessertes routières et ferroviaires étaient prévues notamment les 40 kilomètres de route Kribi-Lolabé.

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