Cameroun – Impact social: Comment le Covid-19 touche les couches défavorisées

Petit marché à Yaoundé

En vue d’évaluer avec exactitude les conséquences de cette pandémie sur les populations, une étude est menée avec l’appui technique de l’Institut National de la Statistique (INS).

Dans le cadre de la lutte contre la pandémie du COVID-19 au Cameroun, le président de la République a prescrit le 17 mars 2020, treize mesures visant à limiter et à contrôler son expansion dans notre pays. Mais, reconnait le gouvernement, ces mesures ont entrainé des distorsions économiques
et sociales, dont les effets se font ressentir dans plusieurs secteurs d’activités. Face à cette situation, le Chef de l’Etat a instruit le gouvernement de réaliser une étude, dans le but d’évaluer l’impact du COVID-19 sur l’économie nationale, et de déterminer les mesures d’accompagnement à mettre en œuvre pour soutenir les secteurs en difficulté, ainsi que les ménages les plus fragiles. En exécution de cette très haute directive, cette étude a été menée suivant une démarche participative, en relation avec le secteur privé et les partenaires techniques et financiers. Plus particulièrement pour ce qui est de l’impact sur les ménages les plus fragiles, l’Institut National de la Statistique (INS) est mise à contribution Cette structure même actuellement son étude sur un échantillon de ménages bien précis. Il faut du moins rappeler que le Cameroun a mal à ses statistiques, notamment sur l’indice réel de la pauvreté.

Lors de sa 4ème enquête auprès des ménages (ECAM 4), réalisée en 2014, l’INS avait indiqué qu’au moins 8 millions de Camerounais vivaient en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 931 FCFA par jour. Des chiffres qui ont certainement évolué entretemps. Selon cette enquête, sur une population camerounaise estimée alors à 21 657 488 personnes en 2014, 37,5% étaient pauvres, soit 8 088 876 de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté qui est de 339 715 FCFA par équivalent-adulte et par an. Ce sont des personnes qui ne sont pas capables de disposer de 931 FCFA par jour et par équivalent-adulte pour satisfaire leurs besoins essentiels, à savoir se nourrir et subvenir aux besoins non alimentaires. Tout comme en 2007, les pauvres au Cameroun en 2014 vivaient principalement en milieu rural, soit 90,4% du total de la population pauvre. Les régions d’enquête qui concentraient la majorité des pauvres étaient l’Extrême-Nord (35,8%), le Nord (20,1%) et le Nord-Ouest (13,2%). La plupart résident dans les ménages ayant plus de 8 personnes (48%) et dans ceux dont le chef est non scolarisé (46,9%). En outre, les pauvres étaient issus des ménages dans lesquels les chefs sont des agriculteurs, des pêcheurs et éleveurs ou exercent leur activité dans le secteur informel agricole. Près de huit chefs de ménages pauvres sur dix (77,3%) se considéraient comme étant pauvres en 2014. Le niveau de perception des ménages pauvres par rapport à l’échelle des niveaux de vie s’était amélioré entre 2007 et 2014.

Un peu plus de la moitié des représentants des ménages pauvres (51,0%) pensent vivre comme leurs voisins. Près du tiers (33,0%) des ménages pauvres avaient déclaré moins bien que leurs parents et à peu près la même proportion (32,4%) avait estimé avoir le même niveau de vie que leurs parents.
Suivant la déclaration des chefs des ménages pauvres, la situation financière de leur ménage était précaire puisqu’un peu plus de la moitié estimait que la situation financière de leur ménage leur permet d’arriver juste à l’équilibre (égalité entre les dépenses et les revenus) et la quasi-totalité des ménages pauvres pensait avoir un revenu soit très instable ou à peu près stable. Selon eux, les trois principales causes de la pauvreté étaient par ordre d’importance décroissante : le manque d’emploi, la paresse et la corruption ou la mauvaise gestion. En 2014, indiquait l’INS, l’on avait évalué à 775,1 milliards FCFA, le montant de ressources à transférer aux individus pauvres pour les sortir de la pauvreté, soit 23,4% du budget de l’Etat pour l’année 2014.

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