Cameroun: Imbroglio gouvernemental dans la lutte contre le Covid-19

Malachie MINSANTE

Existe-t-il une stratégie nationale de riposte contre le corona virus ou des équations personnelles que les membres du sérail, les démembrements de la territoriale jouent pour se positionner ? La décision du gouverneur du Centre, interdisant les veillées funèbres et rites mortuaires ajoute à un cafouillage managérial.

Quelle est la stratégie nationale gouvernementale de riposte contre la propagation de la Covid 19 au Cameroun ? La question est d’autant plus lancinante, que nombre d’observateurs du landernau sociopolitique camerounais, croient savoir que des membres du gouvernement, des gouverneurs, des préfets et autres membres du sérail se la jouent en solitaire. Des démembrements de l’Etat interviennent dans le champ de la lutte contre cette pandémie en actionnant des équations personnelles au point où il est loisible d’interroger la cohésion et la solidarité gouvernementale. Pour illustration, courant mai 2020, au plus fort de la flambée du nombre de personnes testées positives à la Covid 19 dans le Noun, le préfet Donatien Boyomo, montait au créneau en interdisant des rencontres rituelles traditionnelles ou religieuses lors des mariages, deuils et funérailles.

Le Sultan des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya, par ailleurs sénateur, frappait sur le même clou le 5 mai 2020 en réitérant le maintien de la fermeture des lieux de culte et mosquées, l’organisation des enterrements dans la plus stricte intimité familiale, la suspension des cérémonies funéraires de «sadaka» et des prières de commémoration dites «Doua», la suspension des cérémonies populaires de mariages traditionnels et religieux…

A coup sûr inspiré par ces décisions prises dans le Noun, le gouverneur de la région du Centre, Paul Naseri Bea, en date du 3 juin 2020 et par l’entremise d’un message radio-porté destiné à l’attention de tous les préfets des départements de la région du Centre, vient «d’interdire les veillées funèbres et autres rites mortuaires», dans le cadre de l’implémentation de la distanciation sociale et le respect des autres mesures barrières édictées par le gouvernement pour enrayer la propagation du corona virus dans son unité de commandement territorial.

Cafouillage

A l’évidence, cette décision du gouverneur de la région du Centre n’a aucune portée nationale. On eût dit qu’il revient à chaque chef-terre d’acter un ensemble de mesures, chacun selon son inspiration. Toutes choses qui permettent d’interroger légitimement la stratégie nationale de riposte au cas où elle existe et de se poser des questions sur son application à géométrie variable. En un mot comme en mille, la décision de l’administrateur civil principal, Paul Naseri Béa en rajoute à une cacophonie orchestrée au sein de l’appareil gouvernant. Le gouvernement semble incohérent dans les différentes postures de ces maillons et démembrements.

Un coup, ça cafouille. C’est le cas avec le ministre de la Décentralisation et du développement local, Georges ElangaObam, qui saisissait préfets et sous-préfets à l’effet d’instruire les maires de sanctionner les citoyens en flagrant délit de non port du masque chirurgical, devenu obligatoire, ipso facto. Du jour au lendemain, le même membre du gouvernement, à qui sa hiérarchie aurait tapé sur les doigts, on l’imagine aisément, rapportait cette décision. Faut-il être expert des politiques publiques ou de la gouvernance pour constater cet imbroglio qui semble être chevillé au corps du gouvernement de la République ? La réponse coule de source. Ce d’autant que le chef d’orchestre, le président de la République, laisse faire et s’arc-que-boute dans un mutisme qui offre du grain moudre à ses adversaires politiques.

Même le chef du gouvernement, Chief Dr Dion Nguté, tarde à monter au filet pour siffler la fin de ce cafouillage gouvernemental qui dénote d’une absence de cohésion, des déchirements et autres bagarres de positionnement dans une ambiance débridée de fin de règne. Le chant du cygne…

ALAIN NJIPOU

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