Ecroué depuis plus deux ans à la prison centrale de Kondengui pour une affaire de détournement présumé de fonds publics, dans le cadre de l’achat de matériels militaires pour l’armée camerounaise, du temps où il était ministre de la Défense, le dossier de l’ex Directeur du Cabinet civil de la présidence de la République serait sur la table du Chef de l’Etat.
On a reparlé de l’affaire Mebe Ngo’o ! Cette fois derrière les lambris dorés du palais d’Etoudi. Loin des prétoires, de l’agitation sur les réseaux sociaux et des affabulations qui constituent le lot quotidien de ce dossier devenu à la une dans la chronique mondaine des clients de l’Opération Epervier, c’est Paul Biya en personne qui a été mis au parfum des révélations fracassantes y afférentes. Alors que le prévenu continue bon mal an de clamer son innocence ainsi que celle de son épouse et de ses trois coaccusés (Mbangue Maxime Léopold, Mboutou Elle Ghislain Victor et Menye Victor Emmanuel), certains de ses bourreaux recrutés dans les rangs du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et non moins des pontes du régime originaires de la région du Sud, continueraient demanœuvrer dans l’ombre pour enfoncer leur camarade,emmuré au quartier spécial 14 à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé.
Après avoir fait feu de tout bois pour fabriquer un dossier en béton armé et couler l’infortuné qui est impliqué à tort ou à raison dans une affaire de détournement présumé de fonds publics, dans le cadre de l’achat de matériels militaires pour l’armée camerounaise, du temps où il était patron de la Défense, ses bourreaux apprend-on, sont déterminés à noircir davantage le casier de Mebe Ngo’o auprès du Chef de l’Etat envers qui sa fidélité n’a pourtant jamais pris de rides.
Les ennemis de la République
Pour accomplir la sale besogne, ses « frères » du Sud se sont payé les services de certains « soldats » de l’intox et omniprésents sur la toile afin de répandre le gaz qui va asphyxier le mince espoir que nourrit encore la « cible ». De sources dignes de foi, des ennemis de Mebe Ngo’o multiplieraient des stratagèmes pour lui imputer des manœuvres souterraines visant à déstabiliser le pays déjà en proie à une violente crise née des conflits dans les deux régions anglophones. Après avoir brandi Kamto comme alibi, le funeste dessein de ces thuriféraires du régime aurait été dévoilé à Paul Biya il y’a peu. De quoi provoquer l’ire du N’nomgui qui a de la peine à réaliser que ses collaborateurs sont dans leur écrasante majorité, des « ennemis de la République » pour reprendre une source bien introduite à Etoudi.Après recoupements, le Messager a appris que ces membres du gouvernement et leurs complices tapis pour la plupart à l’ambassade du Cameroun à Paris, seraient bientôt tous dans le viseur de la Justice. Ce d’autant plus que « leurs noms figurent dans des banques localisées en occident et aux Etats Unis ».
Guerre de positionnement
Plus grave, récemment livré à un parquet du Tribunal criminel spécial (Tcs) qui éprouvait de sérieuses difficultés à rassembler les preuves pour soutenir l’accusation, le dossier de l’ex Mindef semble désespérément vide. Pire, en dehors des résultats des commissions rogatoires internationales, tout ce qui a été produit par le ministère public à la barre, vient de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction. De quoi convoquer une pluie d’interrogations. Fallait-il attendre trois mois pour ressortir ce qui se trouvait déjà dans l’ordonnance ? Avait-on besoin de laisser autant de temps pour ne rien dévoiler de particulier à la fin ? Faut-il en conclure que le dossier de l’ancien Mindef est une coquille vide ? Toutes choses qui laissent croire que d’autres investigations ont été menées mais se sont avérées infructueuses.
Bref, la morale de cette scabreuse histoire remet au goût du jour cette anthropophagie dont font preuve les « créatures » de Paul Biya. Englué dans les guerres de positionnement en vue des prochaines échéances électorales dans une circonscription où la grogne des jeunes loups qui considèrent que leur heure est arrivée et les manœuvres des anciens pour se maintenir à des postes qu’ils occupent depuis une trentaine d’années ne sont pas de nature à rassurer, le département d’origine du président de la République est à nouveau au bord de l’implosion avec ce que l’on est tenu de baptiser « la nouvelle affaire Mebe Ngo’o ». Paul Biya a désormais le dernier mot! On attend !