Cameroun: Faut-il envoyer nos enfants mineurs en Europe pour étudier?





La taille de la diaspora camerounaise prend du poids au fil des ans. En quantité et en qualité. Avec le nombre grandissant viennent aussi se dresser les difficultés. Nous avons observé les étudiants mineurs d´origine camerounaise.[pagebreak]Nombreux sont ceux parmi eux qui se donnent corps et âme pour joindre les deux bouts. Loin de ces derniers, il y en a aussi qui peinent à surmonter les difficultés de l´Europe, car venus étudier après l´obtention du baccalauréat à un âge très jeune, voire étant encore mineurs. Très intelligents, certains ne saisissent pas pourtant l´enjeu de la tâche à eux assignée et la pression qui y est liée.
Nous sommes dans une grande ville Allemande qui accueille chaqu´année un nombre considérable de nouveaux étudiants camerounais. Ceux-ci doivent d´abord réussir un test de langue allemande afin d´obtenir l´attestation pour les études. Ils sont de plus en plus jeunes. Certains sont mineurs et ont d´ailleurs réussi leur baccalauréat avec brio.

Deux viennent de fêter leur anniversaire. Ils ont eu l´idée, malheureusement maladroite, d´inviter le personnel du service Emi-immigration pour souffler sur leur dix sept bougies. Un coup de fil dont l´enjeu n´a pas été de prime abord saisi par le chargé des dossiers dudit service, lequel n´a pas tardé de faire appel à un traducteur. Le message enfin transmis, il a compris que ces étudiants mineurs ne prenaient pas encore au sérieux l´enjeu de leur présence et le défi à relever.
Comme tout étudiant étranger, ils se battent pour combiner les petits jobs et les études. Loin de la protection familiale, certains malheureusement peinent à s´en sortir au quotidien, à commencer par l´entretien d´une chambre, les courses, le linge, l´emploi du temps…
Cyril fait partie de cette catégorie de mineurs venus étudier en Allemagne. Habitué au pays à ne traverser le seuil de la maison huppée familiale à Bonamoussadi à Douala que pour se rendre à l´école, accompagné par le chauffeur, il semble vivre un violent choc culturel en Allemagne.

Pendant les vacances, alors que ses compatriotes se lèvent vers quatre heures pour se rendre à l´usine afin de « pointer « , il sillonne les couloirs de la cité estudiantine comme un esprit à la recherche du corps. Les amis lui donnent parfois à manger mais sachant qu´il vaut mieux apprendre à l´enfant, comme la sagesse populaire le dit, à pêcher que de lui donner toujours du poisson. Peine perdue ! Cyril refuse de se lever tôt pour aller travailler. Il se souvient avec nostalgie de sa jeunesse insoucieuse au pays. Sollicitant l´aide financière des parents pour payer sa chambre, son assurance maladie, le transport et acheter de quoi vivre, ceux-ci lui répondent : « Petit, débrouille-toi là-bas comme tous les autres enfants. Si nous-nous mettons à t´envoyer de l´argent tous les mois, que ferons-nous de tes frères et sœurs?»
Incapable de payer sa chambre et de valider ses matières selon la réglementation qui régit son statut d´étudiant étranger, Cyril risque d´être renvoyé au pays.
«Il ne sert à rien de jeter un enfant si peu autonome dans le froid et le stress de l´Europe,»
on entend les compatriotes chuchoter de bonne heure dans le bus qui les conduit à l´université. Et c´est ce qu´avait pensé aussi le père de Cyril. Mais sa maman, sous l´effet du conformisme social, avait insisté envoyer l´enfant en Europe, sans toute considération des capacités d´adaptation de ce dernier.

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