Nkolbisson

Cameroun : Deux présumés meurtriers à Yaoundé jamais jugés depuis dix ans

Société

Les suspects sont deux éléments de la gendarmerie en service à la brigade de Nkolbisson au moment des faits. Ils sont poursuivis dans le cadre d’un boutiquier qui avait été interpellé et jeté en cellule.

Marie Béatrice Etoundi est en colère contre la justice de son pays suite à la disparition brutale de son grand frère François Etoundi. « Cela fait dix ans que mon frère est décédé après avoir subi les tortures physiques dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Nkolbisson à Yaoundé. Jusqu’à ce jour, les deux gendarmes inculpés pour meurtre présumé non jamais été définitivement jugés. Je suis épuisée d’aller au tribunal militaire de Yaoundé. Depuis 2013, l’audience est programmée au moins une fois par mois. Dix ans après la mort brutale de mon grand frère, justice n’a toujours pas été rendue à sa famille, je veux savoir de quoi mon frère est mort. Je continue de perdre le temps et l’argent pour aller à l’audience pour ne rien obtenir de concret, j’ai comme l’impression que la justice c’est pour les hommes riches. Cette situation traumatise toute notre famille. Notre frère est mort des suites de torture comme l’a démontré l’autopsie faite au centre universitaire de Yaoundé. Il avait été conduit dans cette formation sanitaire le 19 janvier 2013 alors qu’il agonisait déjà. Malheureusement, le personnel de santé n’a pas pu le sauver », explique Marie Etoundi.

Le 2 mars 2022, les deux gendarmes poursuivis pour meurtre de François Etoundi étaient à l’audience. L’affaire a été renvoyée parce que les membres de la collégialité exigent l’original des résultats d’autopsie qui ont démontré que la victime était morte des suites de torture. A la fin de l’audience du 2 mars, Marie Etoundi est repartie, une fois de plus déçue. Les deux gendarmes comparaissent pourtant libres. François Etoundi est mort le 18 janvier 2013 à l’âge de 45 ans. Ce quadragénaire était propriétaire d’une boutique au petit marché Oyomabang à Yaoundé.

Le 18 janvier 2013, il arrive comme d’habitude à son lieu de service. Une fois dans sa boutique, il constate ce jour qu’un vendeur de chaussures avait décidé d’installer sa marchandise obstruant l’entrée de sa boutique. Cette situation va mettre François Etoundi en colère. Le boutiquier va demander au vendeur de chaussure d’enlever sa marchandise devant sa boutique. Une injonction qui sera rejetée par le commerçant de chaussures. Une altercation va enfin opposer les deux hommes. Au cours de la bagarre, le vendeur de chaussures décide de faire appel à l’un de ses frères qui, va se charger de faire appel aux éléments de la brigade de gendarmerie de Nkolbisson. Au cours d’une descente sur les lieux, François Etoundi sera interpellé puis conduit à la brigade où il sera jeté dans une cellule aux environs de 11h.

Le même jour vers 23h, suite à un malaise, la victime est conduite au Centre hospitalier et universitaire de Yaoundé par les éléments de la brigade de Nkolbisson, sans informer au préalable la famille de François Etoundi. Vers 2h du matin, le boutiquier avait rendu l’âme. Informé, du décès, la famille de la famille va demander une autopsie pour connaitre les circonstances du décès de leur proche. Une autopsie avait été faite avec comme conclusions que : la victime était mort suite aux nombreuses tortures qu’il avait subies. Ces résultats d’autopsie ont été rendus publics depuis 2014, comme pièce de l’accusation au tribunal militaire de Yaoundé.

Les deux gendarmes avaient été placés en détention provisoire après la mort de François Etoundi. Ils avaient été libérés deux ans après. Certaines associations de défense des droits de l’homme dénoncent le fait que depuis plusieurs années, les fonctionnaires de police et de gendarmerie responsables des actes de barbarie et des traitements inhumains sur les individus placés en garde à vue bénéficient d’une « protection » de la part de certaines autorités judiciaires. En avril 2016, un jeune avait trouvé la mort dans les circonstances pareilles au commissariat de sécurité publique du 6ème arrondissement dans la ville de Yaoundé.

Prince Nguimbous /237online.com

Tagged

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *