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L'ouverture sur le Cameroun

Cameroun : Des tirs pour accueillir le Premier ministre à Bamenda

Field Marshal

Contrairement au séjour de Buéa la semaine dernière, la mission de paix du Chef du gouvernement dans le Nord-Ouest se déroule sous très haute tension.

Hier, mardi 5 octobre 2021, à la tombée de la nuit, la rencontre programmée entre les hommes de média locaux et le Premier ministre à Ayaba Hôtel, la place forte où les membres du gouvernement en séjour dans le Nord-Ouest, se réfugient depuis le déclenchement de la crise, n’avait pas commencé. Joseph Dion Ngute a été accueilli dans la localité de Matanzem, frontalière de l’Ouest et du Nord-Ouest par des tirs nourris des sécessionnistes. Adolphe Lele Lafrique, le gouverneur de la région du Nord-Ouest, le Pr. Fru Angwafor, président du conseil régional, des élites aux rangs desquels les ministres Atanga Nji et Félix Mbayu, le chairman du Sdf Ni John Fru Ndi, des chefs traditionnels et certaines populations sont allés à sa rencontre. Et alors que le Dr. Joseph Dion Ngute prenait la parole pour s’adresser à ces derniers, des coups de feu ont commencé à retentir dans les environs. D’abord légers, ensuite intenses, ils ont semé la panique et poussé les participants à fuir.

Malgré un courage de circonstance, la garde du Pm l’a obligé à laisser le micro et un cordon de sécurité a été formé autour de lui. Puis les éléments du Bir déployés à l’entour l’ont conduit en lieu sûr. L’armée a ouvert la riposte, dans la direction où les coups de feu venaient. Dans la panique qui s’en est suivie, c’est le sauve-qui-peut chez la centaine de chauffeurs des véhicules venus accueillir le Premier ministre. Ils démarrent en trombe. Dans la foulée, son cortège a également pris la direction de Bamenda, où il a été accueilli à Up Station, le quartier administratif, par le gouverneur, le maire de la ville et quelques dignitaires locaux. Selon le programme rendu public, Joseph Dion Ngute est à Bamenda pour cinq jours, pour des consultations avec les « les forces vives » de la région, afin de trouver des pistes de solution à la « crise anglophone ». Dans ce sillage, il devrait ce jour animer une rencontre publique à Commercial Avenue, ce célèbre centre d’affaires devenu presqu’un cimetière, puis recevoir des élus locaux, des chefs traditionnels, des acteurs de la société civile et représentants des partis politiques, entre autres, autour du suivi des recommandations du Grand dialogue national. Selon ce document, « durant les audiences, il est attendu des délégations qu’elles présentent des propositions pertinentes pour un retour à la paix » dans la région.

Spécificités

« Le Nord-ouest n’est pas le Sud-ouest », résume un observateur. Malgré les banderoles annonçant la visite, des séparatistes ont appelé au boycott de la visite, à travers les réseaux sociaux. Mécontents, les indépendantistes du Nord-Ouest font savoir qu’ils ne sont pas mous, comme leurs homologues du bord de l’Océan. Ainsi un chef de guerre, du nom de « Général Cobra » a rendu public un plan d’opérations qui couvre la durée de séjour du Chef du gouvernement dans la région. Dès ce mardi, les populations de Bamenda sont appelées à rester chez elles. Suite logique peut-on dire d’une semaine de paralysie, en relation avec l’approche du 1er octobre, date de célébration de leur nouvelle indépendance. L’offre de paix du Premier ministre, qui a déjà été dans le Sud-Ouest pour les mêmes raisons, c’est-à-dire suivre les résolutions du Grand dialogue national, ne sera pas facile à implémenter. Alors qu’il reconnaît que ces résolutions ne sont pas bien comprises par les populations.

Ici, les rebelles boudent plutôt le bilan de la célébration de la rupture avec « La République du Cameroun », qui selon leurs sources, a fait peu de morts. Trois personnes auraient laissé leur peau dans l’affaire vendredi dernier dans le Sud-Ouest, selon nos sources. Et contrairement à certaines assurances, la situation est très tendue. Hier, même Ni John Fru Ndi, souvent présenté comme un homme populaire, était escorté par les forces de l’ordre. Certains prédisaient d’ailleurs qu’il passerait la nuit hors de chez lui, après l’attentat de la dernière fois, non loin de là. En effet, les séparatistes ont menacé de rétorsion, quiconque participerait aux travaux présidés par le Premier ministre.

Devant lui, plusieurs centaines de femmes ont manifesté pour exiger le retour de la paix dans leur région. Vêtues de noir, leurs pancartes dénonçaient les abus dont elles sont victimes. Elles ont demandé au chef du gouvernement d’engager un vrai dialogue afin qu’elles puissent reprendre leurs activités et se prendre en charge comme avant. « S’il vous plait, dites à vos enfants qui sont en brousse de déposer les armes. Si c’est le dialogue on va organiser. Si c’est le travail on va trouver. On n’a aucune raison de lutter contre eux », a répondu ce dernier. Les populations interrogées, elles, ont de grosses attentes par rapport à cette mission de paix.

Franklin Kamtche, 237online.com

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