Cameroun: Des éleveurs de porcs réclament des indemnisations à Paul Biya

elevage des porcs

Leurs porcs avaient été abattus lors de l’épizootie de la peste porcine en 2010.

En 2010, plus de 26 000 porcs avaient été abattus dans la région du Nord, suite à une épizootie de peste porcine africaine. Cette mesure avait été décidée par les pouvoirs publics, dans le but d’empêcher la propagation de cette épizootie. Une mesure qui a eu de graves conséquences sur l’économie et a malheureusement contraint au chômage plus de 800 éleveurs de la région du Nord, qui trouvaient un moyen de subsistance grâce à l’élevage, la vente du porc ou de sa viande très prisée. Au moment de l’abattage, en plus du certificat d’abattage qui a été remis aux éleveurs, il leur a également été promis une indemnisation. Mais, 10 ans après les faits, les éleveurs enregistrés sont dans le désespoir, eux qui disent n’avoir jamais été indemnisés alors qu’ils ont été recensés.

«Depuis 10 ans, nous faisons l’objet d’intimidation et de frustration. Plusieurs de nos membres sont morts dans le dénuement total, parce que privés de leur principale source de revenus, nos enfants ont abandonné les études faute de moyens et vivent dans la précarité, exposés à la délinquance», s’indigne Momo Menantsa, Coordonnateur du regroupement des sinistrés de la peste porcine dans la région du Nord. Abandonnés à leur triste sort et ne sachant plus à quel saint se vouer, ces éleveurs ont décidé de saisir le président de la république, Paul Biya, à travers un courrier qui a été déposé le 21 janvier 2020 dans les services du gouverneur de la région du Nord.

«Les autorités du ministère de Pêche, de l’Elevage et des Industries animales ont exécuté des abattages même dans les zones non contaminées, comme s’il s’agissait de nuire spécifiquement à un secteur de notre économie qui employait plus de 50 000 permanents et temporaires en 2010, dans la région du Nord», dénonce dans la lettre Momo Menantsa. «Le Minepia a procédé aux abattages systématiques des porcs dans le Grand-Nord, sur très hautes instructions du Chef de l’Etat, affirmaient les agents du Minepia avec des promesses immédiates d’indemnisation. Par la suite, toute personne surpris en possession d’un porc vivant ou de la viande était embastillé», peut-on lire dans la lettre.

«Nos lamentations et nos appels au secours ont toujours laissé indifférentes les autorités administratives. Nos multiples plaintes n’ont jamais connu de suite et nos demandes de manifestation ont toujours fait l’objet de refus. Nous sommes restés calmes, dans l’espoir que nous ne serons pas oubliés et cherchant l’occasion idoine pour vous faire parvenir nos doléances. Car, nous savons que vos collaborateurs ne vous ont jamais saisi au sujet de notre cas », ajoute Momo Menantsa qui au nom de ses camarades d’infortune, sollicite l’intervention de Paul Biya «pour mettre un terme à nos souffrances et nous permettre d’avoir à nouveau un emploi», écrit-il dans la lettre dont ampliation a été faite à l’évêque du l’archidiocèse de Garoua et l’imam de la grande mosquée de Garoua.

IMBROGLIO

A la délégation régionale du Minepia pour le Nord, où nous nous sommes rendus pour en savoir davantage sur cette affaire, nous apprendrons que 100 millions de francs Cfa avaient été débloqués par le gouvernement du Cameroun, pour soulager les éleveurs dont les porcs avaient été abattus dans les régions touchées, à savoir le Nord, l’Extrême-nord, l’Adamaoua et l’Ouest. Après répartition, la région du Nord avait bénéficié de 30 millions.
«Ce n’était pas une indemnisation, mais c’était pour aider les éleveurs à acheter des porcelets afin de repeupler leur cheptel. Le délégué régional du ministère de l’Elevage pour le Nord, le défunt Dr Garga Gonne, avait commencé à faire le listing des éleveurs, chaque éleveur devrait avoir un couple de porcelet, les délégués départementaux et d’arrondissements ont étés joints au projet pour la recherche et l’achat des porcelets. Mais, les éleveurs voulaient l’argent pour qu’eux-mêmes puissent se charger du peuplement de leur élevage. Ce projet est stoppé, en attente des instructions du gouverneur de la région du Nord à l’époque», explique une source à la délégation du Minepia Nord. «Sur les 30 millions alloués à la région du Nord et comme les dépenses et frais de missions étaient entamés, il ne restait que 23 millions, qui ont été rapatriés dans un compte à la FIFFA. Mais, cette banque a fait faillite et a fermé ses portes avec l’argent des éleveurs», ajoute notre source. Le Dr Erayavaï Bouba Francoise, actuel délégué régional du Minepia Nord, que nous avons également rencontré, a affirmé ne pas avoir assez d’élément sur cette affaire. «Je n’étais pas encore en fonction au Minepia au moment des faits», a-t-elle déclarée.

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