Cameroun: Des éléments de la Police Judiciaire assassinent un réparateur de téléphone à Douala

Etepi Amidée, débrouillard à Douala, la capitale économique, est de ces jeunes Camerounais qui ont commis le crime de n’être pas issus de familles ayant la possibilité de payer en millions de francs CFA pour leur recrutement dans ces grandes écoles qui forment l’élite administrative et militaire corrompue du pays.

Il fait donc partie de ceux que les âmes charitables appellent les laissés pour compte de la société, mais que les « gens bien de là-bas » considèrent comme des rats d’égouts, bons à être écrasés.

Du coup, quand il a affaire à un homme de la société des gens respectables, et que la police en est saisie, cette dernière trouve là le moyen de se venger de Dieu qui a eu la maladresse de créer aussi ces cafards qui osent respirer le même air pur qu’eux.

Voilà pourquoi et comment, interpellé pour une affaire de téléphone qui l’aurait opposé à l’un de ses clients ayant des relations à la Police Judiciaire, Amidée, au lieu d’être interrogé verbalement, puis gardé à vue dans les conditions prescrites par la loi, et, le cas échéant, présenté au Procureur de la république, s’est retrouvé en train de servir de boule de punching-ball aux représentants de la force du maintien de l’ordre –en service à la Police Judiciaire (PJ) à Douala- qui se sont donné à cœur joie à leur hobby préféré: la torture, pour lui faire payer son audace d’avoir osé avoir affaire à quelqu’un qui a des relations avec des policiers de la P.J.

Au bout du massacrant exercice, le jeune s’est retrouvé dans un piteux état, plus proche de la mort que de la vie. Sa famille, alertée, a demandé que des soins lui soient administrés. Mais le téléphone de l’ami des policiers, et les frais à payer aux policiers pour les sévices d’une extrême cruauté que ceux-ci s’étaient donné la peine d’infliger à leur proie, étaient si impératifs, que les très « professionnels » policiers de la PJ ont exigé de ses proches qu’ils mettent sur la balance contre la vie de Amidée, une somme de 200.000 francs CFA ou rien.

Amédée de son vivant

Le temps que sa famille rassemble la somme –qui ne se ramasse pas par ces temps difficiles- le pauvre à succombé à ses souffrances. Un intrus en moins sur la terre que Dieu a léguée aux seuls policiers, qui, pour une somme de 200.000 petits francs à se partager entre plusieurs, sont disposés à ôter une vie.

Au Cameroun, c’est une tradition. Il y a deux ans, dans la ville d’Ombessa, le jeune Ibrahim Bello est surpris en train d’admirer une voiture par le propriétaire du véhicule qui crie « au voleur ! » la foule se déchaine sur lui et veut le lyncher. Mais des âmes moins ensauvagées suggèrent qu’il soit conduit au poste de police d’à côté, question de lui éviter un lynchage. Ce qui est fait. La suite se passe de commentaire :
«Quand je suis arrivé là-bas, un policier m’a demandé de m’asseoir et il a commencé à me taper violemment avec la machette, sans même me demander ce qui s’est passé. On ne m’a pas permis de dire ce que je faisais à côté de cette voiture. Ensuite, on m’a mis en cellule où il y avait quelques personnes.
La nuit, un autre policier a menotté ma main gauche sur la fenêtre et par la suite on a cherché deux grosses chaines avec les cadenas pour attacher mes deux bras sur la fenêtre. Quelques minutes après, alors que les menottes creusaient déjà mon bras, parce que trop serrées, on a attaché mes pieds avec une longue fronde en caoutchouc.
J’ai vu trois personnes à côté de moi dont une, de courte taille et l’autre, de taille élancée. Ils m’ont placé en balançoire. Mes bras étaient attachés sur la fenêtre et les gens ont arrêté mes pieds ligotés et je regardais vers le sol. Ils ont commencé à me taper avec la machette et un morceau de planche plusieurs fois en me versant de l’eau. Le policier a pris le gros bout du long fusil qu’il avait sur lui pour cogner violemment mes doigts et ma main gauche au point où le sang sortait partout. Ensuite, par plusieurs fois, ils ont branché le courant électrique sur moi. J’ai crié pendant longtemps mais personne ne m’a laissé. Pour la suite, je ne sais plus ce qui s’est passé
»

le jeune Ibrahim Bello

Le jeune Ibrahim, un peu plus chanceux qu’Amidée, s’en est tiré avec les deux jambes et le bras gauche amputés.

Ndam Njoya Nzoméné

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