Cameroun: Des commerçants mineurs courent les rues de Yaoundé

Vendeur ambulant

Pour participer aux charges familiales, avec le début des vacances, plusieurs enfants proposent différents services dans la cité capitale.

On les voit partout, faire presque tout. Des enfants dont l’âge oscille entre cinq et 15 ans proposant des services aux usagers dans la ville de Yaoundé. Le phénomène prend de l’ampleur, avec le début des vacances. Vendredi 7, juin, Joël Touba Beya, à peine huit ans et son frère cadet Ngueyo, environ cinq ans, tous deux élèves dans une école privée située non loin du lieudit « Carrefour régie », se rendent à la remise des carnets de notes. Le premier a sur la tête un plateau de bananes. Le second, dont l’uniforme totalement délabré, laisse entrevoir certaines parties de son corps, porte un tabouret. « C’est l’autre mère qui nous demande de vendre », ironise l’aîné. « Dès que je prends mon carnet de notes, j’irai directement chez ma vraie mère », soutient-il. L’autre mère dont évoque l’enfant, est l’épouse de son père.

Non loin du « Carrefour régie », en empruntant la bretelle qui mène vers le quartier Bastos, un enfant, installé sur le trottoir fait du poisson à la braise. Visiblement, celui-ci n’a pas 10 ans. A ses côtés, deux autres de ses amis du même âge. Ceux-ci l’aident à servir les clients, à faire la petite monnaie, et la vaisselle. En retour, le duo a droit à un morceau de poisson. « Nous allons dépecer le moteur », dit tout gai, l’un d’eux. Parlant de moteur, l’enfant fait allusion à la tête du poisson.

Le jeune patron confie qu’il fait du poisson à la braise pour aider sa maman, mal en point. C’est lui qui se rend au marché, achète du poisson, le vide et le braise. Son vêtement, renseigne à suffire sur la précarité dans laquelle il semble vivre. Un maillot jadis jaune, complètement noirci par la saleté et la sueur. Ses membres inférieurs sont couverts par une partie d’un vieux sac, lequel contient des bâtons de manioc. Sur son grillage, est posé un vieux pot qui autrefois servait de boîte de chocolat. Celle-ci contient une pâte pimentée dégageant une odeur de décomposition. Pour certains parents, la pratique du commerce par les enfants, est un coup de pousse pour payer leur frais d’écolage. « C’est normal que les enfants commencent à se responsabiliser. Avec l’argent qu’ils gagnent, grâce au petit commerce qu’ils effectuent, ils contribuent pour le paiement de leur scolarité », confie une vendeuse de mangues basée au lieudit « Rond point Nlongkak ».

A un taxi de Nlongkak, se trouve le ministère des Finances( Minfi). Ici des mineurs font des va et vient. Parmi eux, Ornela, sept ans à peine. Vêtue d’un pull-over de couleur noir qui lui tombe jusqu’aux genoux, lequel certainement aurait autrefois servi de vêtement à un adulte, la gamine cherche des clients pour sa maman. Cette dernière est tenancière d’une photocopieuse. « Photocopies, vous désirez des photocopies monsieur ? », interroge la fillette. Pour sa mère, « Ornela n’a personne avec qui rester à la maison ». Depuis le départ en congés, elle joue le rôle d’interface entre sa maman et la clientèle. Elle n’est pas la seule gamine qui joue ce rôle devant au bâtiment arrière du Minfi. Comme ces enfants commerçants sus-évoqués, nombreux sont des bambins qui sillonnent la ville de Yaoundé pour vendre arachides, fruits, mouchoirs jetables, eau glacée, entre autres. «La poste centrale », « Total Melen et « Mokolo en haut » sont quelques zones de prédilection.

Sensibilisation

Pour les Organisations non gouvernement qui défendent les droits des enfants, C’est au ministère des Affaires sociales( Minas) de se saisir du problème, en premier, confie un responsable de Plan international. Entant que partenaire du Minas, cette Ong, déclare cette responsable, dit attendre que les pouvoirs publics identifient en premier les causes du problème. Au Minas, le directeur de la protection de l’enfant, Jean Pierre Edjoa, reconnaît l’existence du problème. « Ce que nous faisons c’est l’information et la sensibilisation des parents sur deux faits. Le rôle de l’enfant n’est pas de payer son écolage. Quand on est parent, on cherche l’argent pour envoyer les enfants à l’école ». D’ailleurs, déclare-t-il la contenance des marchandises ne peut payer la pension. « Lorsque vous voyez qu’une chose à plus de risque que le gain, il faut reculer ». En guise de conseil, nous disons aux parents que quand on dit vacances, c’est le repos ce n’est pas une activité intense comme le commerce. Un enfant qui a vendu toutes les vacances commence les classes en septembre étant fatigué, conclut le protecteur des droits des enfants. Que les parents qui ont les oreilles entendent.

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