Cameroun – Covid-19: Les belles de nuit voient rouge

Jeune fille avec une bouteille

Il est 20h ce samedi 25 avril 2020 au secteur «makia» à Baladji. Nous sommes à Ngaoundéré.

Dans ce secteur où l’éclairage public est inexistant, seuls les phares des véhicules et motos peuvent offrir un peu de lumière au passage. Les rues de Baladji sont désertes. Quelques personnes montent et descendent à pied. A votre passage, des lampes torches clignotent vers votre direction. C’est un appel que vous lancent les filles de joie de Baladji. Il faut serrer l’attaque. Le marché est devenu de plus en plus dur. Les clients sont rares. Un doigt accusateur est pointé sur le fameux coronavirus. «Vous-même vous regardez comment la route est déserte. Depuis cette histoire de confinement lié au Covid-19, il n’y a plus les hommes dehors. Tout est sec. C’est vrai que, avant cette maladie, je ne sortais pas tous les jours. Quand je sortais, c’était à partir de 19h et au plus tard à 23h je rentrais. Le jour où j’ai la chance, je pouvais rentrer avec même 8000 ou 10.000 FCfa. Mais aujourd’hui, pour avoir même 2000F, c’est tout un problème. Déjà, lorsque je sors à 19h, je passe à peine deux heures de temps en route», relate Josiane, fille de joie à Baladji.

Tout à côté, Séraphine se bat pour happer un client au passage, mais ce n’est pas toujours facile. «Toi-même tu vois la position du dehors non ? C’est vide et nous aussi, d’ici 21h chacune prend sa route. Comme tout est fermé à partir de 18h là, il n’y a plus les gens dehors. Je vous assure que ça ne va vraiment plus», se lamente Séraphine. A en croire cette dernière, la situation s’est encore compliquée davantage depuis le début du jeûne du mois de ramadan. «Vous savez ici, on a une bonne clientèle qui est constituée des musulmans. Lorsque le mois de ramadan commence comme ça, ils disparaissent.

Et maintenant avec ce Coronavirus, la situation s’est aggravée. Pour avoir même un ou deux clients, ce n’est pas facile», fait savoir Séraphine. Malgré cette rareté des « clients », les filles de joie de Baladji disent maintenir le prix de la « passe » à 1000Fcfa. Toutefois, elles sont conscientes de l’existence de ce virus et prennent tout de même des précautions. «Nous voyons tous à la télé comment des personnes perdent leurs vies à cause de cette maladie. En ce qui me concerne, j’ai toujours mon cache-nez que voici. Lorsqu’un client s’approche, je mets mon cache-nez car on ne sait pas qui est porteur de cette maladie. A l’entrée, il y a de l’eau et du savon pour qu’il se lave les mains », affirme Angèle.

Francis Eboa

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