Cameroun – CONAC: Forces et faiblesses de la lutte contre la corruption

Massi Gams et Paul BIYA

Vendredi dernier, la Commission nationale anti-corruption a convié la presse à la 4ème édition dédiée à la lutte contre la corruption sur le continent africain. Des avancées discrètes mais certaines selon Massi Gams.

« La lutte contre la corruption n’est pas un accident. Nous ne devons pas seulement souhaiter que ça change mais au contraire, nous devons nous
impliquer pour que ça change », a lancé le patron de la Conac à la presse. Il répondait à une préoccupation des journalistes sur l’influence de la justice dans la lutte contre la corruption. En effet, cette année, l’Afrique a placé sa lutte contre la corruption sous le thème « combattre la corruption grâce à des systèmes judiciaires efficaces et performants ». C’est une décision de l’Union africaine(Ua), prise en janvier 2017 de consacrer la date du 11 juillet de chaque année à la promotion de cette lutte.

Le but est de commémorer l’adoption par l’Ua, de la Convention sur la prévention et la lutte contre la corruption, le 11 juillet 2003 à Maputo, au Mozambique. Par ce thème, le Rév. Dr Dieudonné Massi Gams a précisé que l’Ua invite « toutes les parties prenantes à réfléchir et à dialoguer sur des systèmes judiciaires efficaces et performants ». Au nombre des cinq grands messages liés à l’implication du système judiciaire dans la lutte contre la corruption, on peut retenir entre autres, « un système judiciaire efficace et efficient meilleur, catalyseur de l’objectif 2963;
un système judiciaire responsable et transparent, pilier essentiel et incontournable de la bonne gouvernance ;
une collaboration étroite entre le système judiciaire et les acteurs de lutte contre la corruption afin d’éradiquer ce fléau dans la communauté ; un
système efficace et efficient, apport essentiel dans la lutte contre la corruption ; dernière ligne de défense d’une couche sociale faible, éloignée
de toute forme de corruption ».

Il faut par ailleurs ajouter que la Convention de Maputo dans son domaine d’application vise entre autres: Le blanchiment des produits de la corruption, l’enrichissement illicite, la déclaration des biens et avoirs, la confiscation et la saisie des produits et moyens de la corruption, le financement des partis politiques ou la coopération et l’assistance mutuelle en matière judiciaire entre les Etats parties. Avec la ratification de cette convention, il y a une densification des instruments de lutte contre la corruption en vigueur au Cameroun, en plus bien sûr du Décret présidentiel du 1er avril 2020, la Convention des Nations unies contre la corruption ratifiée par le Cameroun le 18 mai 2004 et le code pénal du 12 juillet 2016.

Des avancées indéniables de la lutte contre la corruption

Au cours de la rencontre avec la presse, la Conac a présenté un opuscule intitulé « 2010-2020: une décennie de lutte contre la corruption au
Cameroun, les avancées ». En effet, au cours des dix dernières années, des lignes ont bougé dans la lutte contre la corruption et rien ne sera plus comme avant dans le cadre légal, réglementaire, institutionnel, aussi bien que le cadre opérationnel pour une mobilisation populaire. Pour la Conac, le changement de mentalité est perceptible (les dénonciations sont passées de 482 encore 2010 à 23.048 en 2018, soit une évolution de 4 682%). En plus des milliards ont été recouvrés ; plusieurs agents publics corrompus ont été sanctionnés par leurs administrations, plus de 300 entreprises suspendues par le ministère des Marchés publics.

La lutte contre la corruption est appréhendée par les ministères et le secteur public qui mettent en œuvre les initiatives à résultats rapides (Irr)
et l’outil Précis (Prévention, édulcoration, condition, incitation et sanction), une quarantaine au moins. Le Cameroun, selon les termes du patron de !a Conac, est en train de développer, doucement mais sûrement, sa masse critique d’acteurs positifs dans la lutte contre la corruption. En termes
de gains financiers, les fonds recouvrés, en cours de recouvrement ou évités de distraction des caisses de l’État grâce aux investigations de la
Conac de 2013 à 2017, montent à 1602 milliards 069 millions 114 Lille 037 Fcfa. De toute évidence, l’opuscule portant sur une décennie de lutte
contre la corruption au Cameroun, les avancées, est une fenêtre ouverte sur la perception réelle de l’action de la Conac au quotidien.

Léopold DASSI NDJIDJOU

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *