Cameroun : Ce que fait Médecins Sans Frontières pour éradiquer la Covid-19

Les Carte activites Covid francais

Franck Ale (épidémiologiste régional pour MSF à Dakar) et Yap Boum (représentant d’Epicentre, la branche de recherche et d’épidémiologie de MSF, à Yaoundé) en parlent.

Médecins Sans Frontières (MSF, une organisation caritative privée humanitaire d’origine française) ne se couche sur les lauriers depuis que la pandémie de Covid-19 a fait ses premières victimes en mars 2020, en terre camerounaise. Yap Boum (représentant d’Epicentre, la branche de recherche et d’épidémiologie de MSF, à Yaoundé) : « Afin de lutter contre la pandémie de Covid-19 au Cameroun, MSF a mis en place de nombreuses initiatives dans ses projets et apporte un soutien constant à la riposte nationale à la pandémie dans les régions du centre, de l’extrême-nord, du nord-ouest et du sud-ouest. Nous avons également lancé, début aout, des activités communautaires dans le district de la cité verte, l’un des trois districts les plus touchés dans la région du centre. On s’est en effet rendu compte qu’il y a moins de personnes qui viennent à l’hôpital, d’où la nécessité d’assurer un meilleur accès aux soins, même aux niveaux décentralisés. Pour ce faire, nous organisons maintenant des séances d’information dans la communauté, ainsi que des visites de suivi à domicile pour les cas confirmés modérés et référons les patients les plus graves vers les centres de prise en charge spécialisés. Nous soutenons également la recherche active des patients et la surveillance épidémiologique, car c’est l’épidémiologie qui nous permet d’orienter notre réponse ».

Franck Ale (épidémiologiste régional pour MSF à Dakar) précise à cet effet que « Le rôle de l’épidémiologiste est en effet d’aider à détecter les cas, en mettant en place une stratégie d’identification et d’investigation des foyers épidémiques, quand des cas ont été dépistés. Une autre tâche importante de l’épidémiologiste dans la réponse à une épidémie est la collecte, la compilation et l’analyse des données sur les cas. Ces travaux permettent d’orienter les activités de santé publique à mettre en œuvre dans les zones où il y a une épidémie. Ce faisant, l’épidémiologiste aide les autres acteurs de la lutte à avoir des actions efficaces, qui permettent très vite de contenir l’épidémie. Toutefois, les données dont on dispose sur la pandémie actuelle sont incomplètes, à la fois du fait des capacités de testing existantes, mais aussi des stratégies mises en œuvre, partout dans le monde. Par exemple, selon si les pays décident de tester de façon massive ou seulement les voyageurs entrant sur leur territoire, pour éviter tout nouveau cas importé ».

Et d’ajouter : « Les limites des laboratoires ne sont pas nouvelles dans le système de surveillance. C’est quelque chose qu’on retrouve souvent avec des épidémies telles que la rougeole ou le choléra, pour lesquelles il est souvent très difficile de confirmer tous les cas en laboratoire. Pour ce qui est de la pandémie de coronavirus, il faut reconnaître que les pays ont fait de nombreux efforts depuis le début, pour augmenter leurs capacités de tests, notamment en renforçant les capacités des laboratoires. Au début de l’épidémie en Afrique de l’ouest, par exemple, il n’y avait que le Sénégal qui avait les capacités de dépister le Coronavirus. Aujourd’hui, presque tous les pays disposent de cette capacité technique d’identifier le virus. Par contre, ils sont limités par leur capacité à avoir des tests disponibles et à avoir les consommables. Cependant, pour les travailleurs médicaux sur le terrain, plus vite on peut aller pour avoir une confirmation du résultat d’un test, mieux c’est, car l’objectif d’un système de surveillance n’est pas forcément de réussir à confirmer tous les cas, mais plutôt de mettre en place un système robuste d’identification rapide des cas. Pour cela, il nous faut des outils fiables et accessibles, d’où la nécessité de pousser pour rendre les tests TDR disponibles notamment dans l’endroit reculés en dehors des capitales africaines ».

Pour ce qui est de la question sur les évaluations des tests de diagnostic rapide qui ont été menées au Cameroun, Yap Boum répond qu’au « Au Cameroun, l’équipe de coordination de la réponse nationale a décidé d’utiliser des tests de diagnostic rapide, même si le test recommandé par l’OMS pour le diagnostic de la Covid-19 demeure le test PCR. Comme nous devons avoir accès plus rapidement au diagnostic et augmenter le nombre de personnes qu’on peut tester, Epicentre, MSF et la coordination nationale de la réponse ont voulu évaluer le test rapide de diagnostic, en comparaison au PCR. Dans cette optique, Epicentre et MSF ont travaillé avec le Centre des Opérations des urgences de santé publique (COUSP) pour la mise en place d’un projet d’évaluation des différents tests disponibles dans les centres de dépistage et de prise en charge. Cette évaluation intégrait aussi l’hôpital de Djoungolo à Yaoundé, dans lequel MSF prend en charge les patients atteints de Covid-19. A la suite de cette étude, il est devenu possible de faire des tests dans tous les districts de santé, tout en ayant un résultat dans un délai relativement rapide. Nous sommes aujourd’hui en train de travailler sur une stratégie de dépistage mobile, qui nous permettrait de déployer des équipes mobiles de testing sur les marchés, dans les universités et les endroits à haute fréquentations ».

Soulignons que le bilan actuel de la maladie de l’heure fait état de 18 762 cas de personnes testées positives, 16 540 guérisons et 408 décès. Il est à noter que le nombre de malades diminue depuis un certain temps, alors que l’on craignait le pire. Tout ce qui est à déplorer est le fait que la population ne respecte pas scrupuleusement les mesures barrières visant à éviter les contaminations.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *