Cameroun – Cannibalisme: Jean Pierre Amougou Belinga victime de la trahison des beti

Jean-Pierre AMOUGOU BELINGA

Point besoin de sympathie pour dénoncer l’injustice, dans un monde où les crimes abondent.

Il s’impose plutôt d’observer avec Albert Einstein que le monde va mal, non à cause de ceux qui commettent des crimes, mais de ceux qui regardent sans rien dire, qui se rendent complices tacites des forfaits dont ils peuvent, à travers la dénonciation, empêcher l’occurrence. On ne peut de ce fait afficher une indifférence coupable face à l’exacerbation des passions en cours, dans la guerre organisée contre une personnalité de haut vol qui, hier seulement encore, était quasiment sacralisée par ses griots, transformés comme par enchantement à la présente heure en ennemis jurés. Aveuglés par une haine absurde, ils s’y emploient manifestement comme sous emprise des substances hallucinogènes. Il est pourtant convenable que la lumière soit toujours faite, afin de rendre sa raison d’être à la justice à laquelle tout citoyen aspire légitimement. Malheureusement, les auteurs des crimes les plus scabreux s’entourent d’une infinité de précautions, parmi lesquelles la pratique du musèlement dissuade tous ceux qui, braqués contre l’injustice, peuvent être tentés de les dénoncer. C’est ce qui se passe actuellement au Cameroun, dans le prolongement du parricide organisé pour la chute de l’unique étoile économique montante du grand-sud.

Le stade actuel du feuilleton que l‘on peut appeler : affaire Jean Pierre Amougou Belinga contre Obama Ernest lève un pan du voile opaque qui couvre l’acharnement démentiel, dont l’unique homme d’affaires beti prospère de sa génération est la victime expiatoire. Jamais de mémoire d’homme, on n’a entendu autant de bruits dans une affaire concernant uniquement deux personnes ; un patron trop généreux, abusé, et son employé, un forban matois. Ce qui est d’abord apparu comme l’indignation objectivement exprimée par une opinion neutre dans cette sordide affaire, a rapidement épousé les contours d’une campagne de dénigrement savamment préparée par une nébuleuse aux architectes bilieux, presque paranoïaques et prêts à détruire tout obstacle qui se dresserait en travers de leur trajectoire. Cette galaxie nuageuse et moins soucieuse d’agir à visage découvert maintenant, tirerait les marrons du feu. Elle s’emploi par conséquent à la diffusion des messages de haine, d’intoxication et de désinformation, instrumentalisant tous les médias, officiels comme privés, dans l’unique optique de déconstruire la cible, pendant que le principal acteur, Obama Ernest, prétend côté cour, à une humilité piteusement exprimée après avoir servi de fusible, en excellent pyromane, et donné prétexte à ses complices pour la suite du massacre.

De la folie imaginaire au retrait du passeport

Il apparaît ainsi en toile de fond, qu’une lutte fratricide entre deux camps rivaux beti du Sérail s’affronteraient dans la perspective de l’alternance au pouvoir, faisant pousser à certains un zèle tributaire de ce qu’ils prennent pour un statut de privilégiés auprès du chef de l’Etat. Dans cette guerre de positionnement, l’impossibilité de s’affronter à visage découvert inspire la destruction des adversaires par barbouzes interposées, des attaques ciblées contre les intérêts de l’ennemi. C’est un scénario presque classique, semblable à la pratique de la terre brûlée, qui apparaît clairement au regard de l’avalanche des coups assénés au promoteur de la chaine de télévision Vision4, d’une grosse structure bancaire, d’une institution universitaire de haute envergure et d’une myriade d’autres entreprises toutes prospères les unes aussi bien que les autres, qui affichent le dynamisme et l’intelligence de leur promoteur. La déception des nombreux admirateurs d’Amougou Belinga est ainsi autant immense qu’inquiétante, face à la campagne de déconstruction dont il est victime, dans un pays où la norme a cédé la place à l’écart il y a bien des lustres.

Les beti pris entre fatuité et ridicule

Le jeune homme d’affaires ne s’est certainement jamais regardé dans la posture d’un Donald Trump camerounais pour la course au pouvoir politique, encore moins d’un Jésus christ triomphant. Il s’agit d’un homme ordinaire, doté de sensibilité comme tout être humain, mais aussi d’innombrables et remarquables qualités, parmi lesquelles le dynamisme, le charisme, la haine du mensonge, de la paresse, de l’hypocrisie, de la flemme, de la jalousie et par-dessus tout, de la traitrise. Ceux qui le connaissent bien en témoignent abondement, au-delà de la générosité qu’il répand sur toutes les strates du pays, dont le dernier acte remonte à un passé très récent, quand il offrait la somme de cinquante millions de francs cfa en guise de contribution dans la lutte contre la pandémie du covid-19. Serait-ce à cause de cette sollicitude extrême dans un monde où l’honnêteté est un vilain défaut et la générosité un crime qu’ils ont finalement anticipé le déclenchement des hostilités ? Rien n’est plus surprenant dans ce monde où tous les scrupules se sont évanouis dans les abysses de la haine. Il est toutefois légitime pour tout homme de choisir les vertus qui conviennent conformément aux valeurs morales acquises depuis l’enfance. Chacun en a le droit, sauf Jean Pierre Amougou Belinga qui en serait proscrit, dans un déni d’humanisme sournois, au sein duquel la pratique du musèlement semble plus forte que la vérité des faits et la pertinence des arguments.

Aussi est-on fondé à se déconcerter devant la férocité qui s’applique à la situation actuelle, celle dans laquelle aucun coup ne lui est épargné. De l’illettrisme à l’interdiction imaginaire de sortir du territoire camerounais, il sera passé par toutes les mailles. Injures, invectives, imprécations, malédictions, démence sous la forme d’un vœu pieu, menace d’attaques physiques et judiciaires, suspension d’activité par le Conseil National de la Communication aux mains d’un certain clan du Sérail, Il aura tout essuyé, sous l’argument larvé qu’il aurait humilié un employé, Obama Ernest, qui s’illustrait pourtant par le racket, l’arrogance, la désinvolture, l’agressivité et les détournements des fonds, ces forfaits qu’il reconnaît lui-même. Il va même par la suite prétendre demander pardon à sa victime trahie. Mais cette sorte de machine carnassière aux ordres et habile à faire la prime à la forfaiture à travers ses sentences subjectives et péremptoires, élude insidieusement cette démarche pour accabler sa cible. C’est à ce stade que se laissent découvrir les nombreux acteurs du cannibalisme à outrance dans lequel les béti se font harakiri. Il n’est que d’observer l’avalanche des réactions et leurs origines pour s’en persuader.

Ce sont les herbes qui se couchent quand les éléphants se battent

Peut-on donc ôter à un homme sa capacité de réagir à la provocation ? L’instinct de conservation n’est-il plus dévolu à tout être vivant ? Il est curieux que la vérité assenée par Jean Pierre Amougou Belinga emballe une partie de l’élite beti, dans un élan de furie aveugle et absurde, qui la ridiculise plus qu’il ne la grandit. Si l’on s’en tient au précepte philosophique qui précise qu’autrui est l’indispensable médiateur entre moi et moi-même, on conviendra que cet homme ainsi que les ressortissants des autres tribus du Cameroun qui qualifient les béti tel qu’ils le dénoncent, leur rendent plutôt un service inestimable, une invitation à l’indispensable introspection et à la rectification de leur comportement déshumanisant. Pourquoi nous taxe-t-on de fainéantise etc… ? Que faisons-nous, qui poussent les autres à nous qualifier ainsi ? Ce sont-là des questions essentielles dont les réponses ne peuvent que nous permettre de nous améliorer. Mais qu’en faisons-nous ? Nous nous déclarons indignés, pestons, insultons, invectivons et menaçons stupidement d’organiser la guerre civile.

Amougou Belinga est-il le premier Camerounais et même béti à déclarer que nous les béti sommes envieux, cupides, fainéants, méchants, haineux, paresseux et jaloux ? Pourquoi vouloir garder précieusement ces tares mentales rédhibitoires, qui nous éloignent du bon sens, de la vraie dignité et non celle factice dont nous nous targuons, croyant que d’autres, par opportunisme et certainement moins travailleurs que nous mais solidaires et organisés, viendront s’activer à notre place et que nous récolterons le fruit de leur méthodes sociétales, sous le prétexte de noblesse et d’une dignité illusoire ? Il est clair que, plus que le travail en lui-même, l’organisation sociale et l’humilité affranchissent l’homme de la dépendance vis-à-vis d’autrui. Que faisons-nous, nous qui sommes un peuple épars et extraverti, pour copier le mode de fonctionnement de ceux d’en face qui envahissent nos villes avec des foyers culturels dans lesquels ils passent les mots d’ordre pour nous détruire ? Quand mettrons-nous enfin en branle la fertilité de notre imagination au service de notre communauté ? Nous demeurons léthargiques à cause de cette flemme qui crée plutôt en nous un profond déficit d’imagination.

Et voilà que nous vouons à l’enfer notre unique opérateur économique fiable, pour l’unique motif qu’il est prospère, qu’il a réagi violemment contre la rapine et nous a rappelé qui nous sommes. Ceux qui lui en veulent ont même perdu toute lucidité et ignoré le côté social de ses activités, les multiples emplois, plus de 4000 qu’il offre aux jeunes, les nombreuses familles qu’il fait vivre. Il s’agit dans le temps et dans l’espace, d’effacer cet empêcheur de tourner en rond, d’intensifier les égoïsmes, d’avilir les jeunes en les privant du droit à l’autonomie. Dans ce cirque, il n’y a pas mieux qu’un jeune pour servir de passerelle, de même qu’il n’y a aucune peine à le dénicher, Obama Ernest étant tout à côté, qui joue le rôle à la perfection. En réalité, la guerre qui se déroule pour la conquête du pouvoir trouve un excellent théâtre dans le milieu béti pour son autodestruction. Nous nous bouffons tels de vulgaires scorpions, pendant que les acteurs tapis dans l’ombre de ce combat tireront les marrons du feu. Il est temps que s’arrête cette anthropophagie.

Par Gabriel NOAH

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