Cameroun – Assemblée nationale : Cavaye Yeguié, extrémiste

A l’ouverture de la session parlementaire de novembre, le président a fustigé l’attitude Maurice Kamto et Mgr Samuel Kleda.

Cavaye Yeguié Djibril, le président de l’Assemblée nationale, a ouvert le vendredi 2 novembre 2018, les travaux de la troisième session ordinaire de la Chambre basse pour l’année législative 2018. Dans son discours d’ouverture, le président de l’Assemblée nationale (Pan) après avoir félicité le chef de l’Etat réélu, a particulièrement « exhorté le gouvernement à prendre ses responsabilités, afin de réprimer toute tentative de déstabilisation d’où qu’elle vienne, de circonscrire toutes velléités de désordre visant à compromettre le beau bilan électoral que nous célébrons aujourd’hui ».
Dans l’attente de la cérémonie de prestation de serment du président élu annoncée pour les prochains jours, il a invité ses compatriotes à rester vigilants et mobilisés pour relever les défis que ne manquera pas de nous imposer la nouvelle ère qui s’ouvre au Cameroun. Bien plus, celui qui est né le 1 janvier 1940 à Mada et qui dirige de l’Assemblée nationale du Cameroun depuis 1992, a également fustigé l’attitude de certains hommes d’Eglise qui « rament à contre-courant des idéaux reconnus de tous ».

Cavaye charge Samuel Kleda

Cavaye Yeguié n’a pas cité des noms mais tous les journalistes présents ont compris qu’il faisait allusion indirectement à Monseigneur Samuel Kleda, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, qui avait fait venir la presse le mardi 23 octobre 2018 à la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Bonadibong à Douala, pour donner sa réaction au sujet des résultats officiels de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018. Pour le Pan, la démocratie camerounaise s’est exprimée librement. Tout en saluant la bonne tenue et la crédibilité du processus électoral au Cameroun, Cavaye Yeguie a félicité Mgr Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé, qui a rendu publique une déclaration dans laquelle il assurait que « le contentieux électoral devant le Conseil constitutionnel a permis d’évacuer tous les problèmes pouvant entacher le processus électoral relatif au scrutin du 7 octobre 2018 » et qu’« avec la décision du Conseil constitutionnel, tout débat cesse ».

L’épiscopat divisé, le Pan a clairement pris position. « C’est le lieu pour moi de m’insurger contre tout appel au désordre et à la division. J’en appelle plutôt au sens de responsabilité des uns et des autres. A cet effet, j’apprécie personnellement le comportement très responsable de certains hommes d’Eglise contrairement à d’autres, qui rament à contre-courant des idéaux reconnus de tous ». Pour lui, « les autorités morales, les hommes d’Eglise en général et à mon sens, ont l’impérieux et sacré devoir de prôner la paix, l’unité, le vivre ensemble et non pas de semer les germes de la discorde. Ils ont l’impérieuse et sacrée mission, de véhiculer un message de rassemblement, d’apaisement, non pas d’inciter à la provocation et à l’affrontement ». Il poursuit qu’il leur incombe aussi la mission d’enseigner et d’éduquer les adeptes des différentes confessions, l’éducation à l’amour du prochain, à la tolérance, au respect des institutions, de ceux qui les incarnent, le respect en particulier de la volonté du peuple, car elle est la volonté de Dieu. « Vox populi, vox Dei. Littéralement, la voix du peuple est la voix de Dieu. C’est connu, tout pouvoir vient de Dieu », a-t-il martelé.

Selon Cavaye Yeguié Djibril, violer un tant soit peu, la volonté du Peuple c’est surement renier soi-même sa qualité d’homme d’église, serviteur de Dieu. Que l’on soit Iman, Pasteur, Prêtre, Evêque, Archevêque ou Cardinal, mettre de l’huile sur le feu, ne vous honore point. Incontestablement une virulente critique contre Samuel Kleda qui a en effet pensé que « Les mots « rejeté et irrecevable » voilà ce que la majorité de la population a retenu de ces audiences. On devrait examiner en profondeur les requêtes de l’opposition ». Monseigneur Kleda s’est dit par ailleurs surpris par le score très élevé (89%) du président sortant à l’Extrême-Nord, une région particulièrement marquée par la pauvreté et les affres de la guerre contre Boko Haram. « La pauvreté est partout là-bas. Qu’on nous dise que ces gens ont voté pour ceux qui les dirigent à 89 %, ça pose sérieusement un problème », s’étonne le prélat qui a remplacé le Cardinal Christian Tumi.

Samuel Kleda s’était dressé contre le score stalinien du candidat président à cause de la situation au Sud-Ouest et Nord-Ouest. « Ces Régions se sont presque vidées de leurs populations à cause de l’insécurité. Les candidats n’ont pas pu faire campagne là-bas. Alors, tous les pourcentages qu’on annonce sortent d’où ?», s’interrogeait le prélat. Le Pan a par ailleurs rappelé que cette la 3ème session ordinaire de l’Assemblée Nationale généralement consacrée à l’examen et au vote du budget de l’Etat pour le nouvel exercice ne saurait déroger à la règle. Dans un contexte global marqué par une légère reprise des cours mondiaux, notamment du pétrole, il a indiqué qu’il était important pour le Cameroun de consolider la diversification de son économie engagée il y a quelque temps. Premier budget sous l’égide des Grandes Opportunités, a-t-il poursuivi, ce budget 2019, doit permettre au Président de la République, d’engager sans heurts, la mise en œuvre du projet de société du septennat, projet sur la base duquel, il vient d’être réélu par l’immense majorité des camerounais.

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