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Cameroun – Affairisme: Quand les obsèques deviennent lucratives

A la mort des personnalités, des initiatives et collectes de fonds se multiplient, sans généralement, aucune traçabilité.[pagebreak]L’annonce de la mort de Charles Ateba Eyene, le 25 février 2014 a provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique. Une marée humaine s’est alors déportée pour le Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (Chu), où le «Tara» national avait rendu son dernier souffle. Les Camerounais venant de tous les coins de la ville de Yaoundé voulaient constater par eux-mêmes le décès de l’auteur du livre «Les paradoxes du pays organisateur.»
A l’image du ralliement spontané de la foule qui s’est émue du décès de l’écrivain, de nombreuses initiatives ont été entreprises. Tantôt par des connaissances du défunt, parfois par des anonymes. Collectes de fonds, organisation des concerts et autres, sont quelques actes forts que bon nombre ont posés pour rendre un vibrant hommage au personnage public. Toutes ces actions cachaient généralement d’autres raisons moins glorieuses, déplorées par la famille du regretté. «Le cadavre de Charles ne doit pas être l’objet d’un quelconque commerce. Beaucoup d’initiatives me semblent un peu mercantilistes. Je tranche! Si nous n’avons pas d’argent, nous allons transporter le corps de Charles sur l’épaule ou dans un camion jusqu’à Bikoka (dans la région du Sud Ndlr)», s’insurgeait le patriarche et coordonateur de l’organisation des obsèques de Charles Ateba Eyene, Théodore Eyene, le 14 mars 2014, lors d’une réunion en vue de l’organisation des obsèques du cadre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Comité d’organisation
Le 2 octobre 2014, l’occasion a encore été donnée au personnage partisan du «don de soi» de faire valoir leur talent. A cette date, la mort de Rosette Mboutchoung, belle-mère du chef de l’Etat, Paul Biya, a été rendue publique. Dès lors, des réunions ont été initiées dans les hauts lieux de la République. Le comité d’organisation des obsèques a été mis en place au plus vite. La levée des fonds n’a pas tardé, non plus, à suivre. L’élite de Nanga-Eboko,- la mère de Chantal Biya était native de cette localité- dans le département de la Haute Sanaga a pris les rênes pour l’organisation des funérailles de la maire de la commune de Bangou, dans la région de l’Ouest.
Un enthousiasme qui sera freiné dans son élan. Contre toute attente, l’annonce fait état de ce que la dépouille de Mme Mboutchouang va reposer dans le caveau familial à Mvomeka’a, dans le Sud, chez le chef de l’Etat. A l’origine de ce revirement, quelques indiscrétions révèlent qu’avant la date de l’inhumation, des organisateurs «rompus à la tâche» avaient déjà distraits des fonds destinés aux adieux à la «belle-mère.»
Jamais deux sans trois. C’est un adage bien connu qui s’applique aux obsèques de Françoise Foning. L’honorable est décédé le 23 janvier 2015 à l’hôpital central de Yaoundé des suites d’un accident de la circulation. Un autre décès qui a connu la promptitude des «amis inconditionnels» de la défunte. De telle sorte que dès le 26 janvier 2015 (trois jours après le décès), un communiqué de presse mettait en garde les Camerounais sur des intentions malsaines de certaines personnes à l’origine de moult initiatives. «La famille de Françoise Foning informe le public que des personnes sans l’aval de la famille viennent d’entreprendre une vaste campagne d’escroquerie auprès des personnalités de la République […] Elle invite par contre le public à demeurer vigilant», peut-on lire sur la note. La date des funérailles prévue initialement pour le 28 février prochain a été reportée à plus tard. C’est finalement le 21 mars, que la terre de Bafou, dans le département de la Menoua, va se refermer sur la maire de Douala V.

Nadine Guepi

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