Cameroun: Accusée de vol d’enfants, Garan Awouwou devient citoyenne d’honneur de Foumban

Garan Awouwou

Sortie in extremis des griffes de la foule suite à une accusation hasardeuse de vol d’enfants dans la ville de Foumban, suivie des péripéties judiciaires jusqu’à la prison, celle qui a risqué sa vie a été faite citoyenne de la ville de Foumban.

Chronique de la restauration d’un honneur bafoué le 5 juin dernier. « En tant que citoyenne d’honneur de la ville, vous avez droit à notre respect et attention distingués », ainsi s’est nouée la distinction de Garan Awouwou aux assises de la session ordinaire du Conseil municipal, miraculée de la pieuvre vindicte populaire qui sème la mort et la désolation dans nos cités. La narration des faits est digne du scénario d’un film hollywoodien. Le 25 avril 2020 au quartier Manka dans la ville des Arts, cette dame est indexée et traitée violemment par une foule en furie comme faisant partie d’un réseau de vol et de trafic d’enfants.

Les pandores vont l’extraire in extremis de la gueule d’une foule en pleine séance de lynchage. La scène est copieusement filmée, relayée et tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Le monde entier découvre horrifiée une dame sans défense, dont la vie tient sur un fil. Foumban sur le coup s’illustre comme une ville cruelle. Les suites de l’affaire se jouent devant les autorités où des investigations ardues établies finalement son innocence.

Mais, comment est-ce qu’on retrouve son honneur dans une ville ou dans un pays après une telle accusation injustifiée ? C’est assurément dans cette dimension qu’il faut situer l’initiative de l’édile de la ville de Foumban pour essayer d’effacer ou d’atténuer le choc psychologique, le drame de cette « Rentrée à l’Enieg bilingue d’Edéa revenante ». En l’inscrivant au tableau des citoyennes d’honneur de la ville, elle traduit ainsi toute l’affection ou le mea culpa de la ville à son endroit. « Les scènes surréalistes de l’« inquisition » publique dont vous avez été soumise, jusqu’à votre extraction des mains de vos « geôliers » ou « arrestations », et, votre « déportation » par les éléments de la Légion vers Bafoussam ont circulé de manière virale dans les réseaux sociaux, accompagnées des prises de positions aussi dures, de la part des internautes, chacun allant dans son sens », a déclaré en substance Patricia Tomaïno Ndam Njoya dans l’acte de reconnaissance du chemin de croix enduré injustement par cette brave dame.

Mission de justice

En plus, dans sur ce chapitre douloureux, si elle a échappé miraculeusement à la mort, elle a été par contre déférée à la prison de Foumban du 4 au 19 mai 2020. Le Maire en a aussi dit toute sa sollicitude à l’échelle des différentes autorités pour qu’elle recouvre sa liberté, animée par la vision qui est la sienne en tant que première citoyenne de la ville. « Foumban doit aspirer à être une commune juste, qui met l’être humain au centre de tout, en prônant les valeurs de la démocratie, de le diversité et l’équité. Ainsi avons-nous pris l’engagement d’œuvrer pour la sécurité, la santé et l’épanouissement de tous les citoyennes et citoyens de la commune », a-t-elle rassuré dame Garan Awouwou, et par-delà toute la population de sa ville.

Par ailleurs à travers cette distinction, Patricia Tomaino Ndam Njoya a tenu à sensibiliser sa ville sur de telles dérives.« Appeler à la retenue, à la vigilance bienveillante des populations »,« rappeler aux parents de ne plus laisser leurs enfants sans surveillance », « à ne pas accepter qui s’installe », « le vœu que pareille situation ne se reproduise plus », ont été au cœur de son interpellation. Elle a terminé en réaffirmant que les populations ne sont pas investies de la mission de police ou de justice. De ce fait, elle appelle Foumban à avoir foi en la justice et dans le respect des lois républicaines.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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