Une délégation de responsables de la BAS s’est récemment rendue au Vatican pour solliciter la protection de religieux opposés à une potentielle candidature de Paul Biya en 2025. Cette démarche, qui suscite de vives réactions dans les cercles politiques et religieux du pays, semble ignorer l’existence de mécanismes déjà établis par l’Église catholique pour la surveillance du processus électoral au Cameroun. Alors que les débats s’intensifient autour des prochaines échéances électorales, cette initiative soulève des questions sur la coordination entre les différentes branches de l’institution religieuse.
Programme Justice et Paix : le dispositif méconnu qui surveille déjà les élections
Face à cette initiative qui fait couler beaucoup d’encre, plusieurs observateurs rappellent que l’Église catholique dispose déjà d’un programme structuré et reconnu pour la surveillance des processus électoraux au Cameroun. Baptisé « Justice et Paix », ce dispositif constitue un mécanisme crédible de veille démocratique que la délégation semble avoir ignoré.
« L’Église catholique joue déjà un rôle majeur dans le processus électoral au Cameroun. C’est pourquoi je ne comprends pas l’agitation de certains individus issus de la mouvance dite des Basses-Basses à Rome », explique un analyste proche des milieux ecclésiastiques. Cette observation souligne le caractère potentiellement redondant de la démarche entreprise auprès du Saint-Siège.
Le programme Justice et Paix, mis en place depuis plusieurs années, permet une surveillance globale et rigoureuse des élections, offrant une garantie d’impartialité reconnue par de nombreux acteurs politiques. Cette structure, souvent méconnue du grand public malgré son importance, constitue l’un des piliers de l’observation électorale dans le pays.
État laïc et implication religieuse : les limites d’une intervention vaticane
Au-delà de la question de la pertinence de cette démarche se pose celle de son efficacité dans le contexte camerounais. Le Cameroun étant constitutionnellement un État laïc, les possibilités d’intervention directe du Vatican dans le processus politique restent limitées.
« L’État du Cameroun est un État laïc, l’église catholique ne fera rien », résume une source connaissant bien les relations entre l’État et les institutions religieuses. Cette affirmation rappelle les contraintes juridiques et diplomatiques qui encadrent les relations entre les autorités camerounaises et le Saint-Siège.
Les experts suggèrent que plutôt que de chercher des soutiens extérieurs, il serait plus judicieux pour les acteurs concernés de « recentrer les efforts sur les échéances électorales à venir » en travaillant avec les structures déjà en place. Le programme Justice et Paix représente en ce sens une alternative crédible et déjà opérationnelle.
Alors que la perspective des élections de 2025 commence à façonner le paysage politique camerounais, cette controverse illustre les tensions qui émergent au sein même des institutions religieuses sur leur rôle dans le processus démocratique. Une chose est certaine : l’Église catholique reste un acteur incontournable du jeu politique camerounais, que ce soit par ses canaux officiels ou par les initiatives de certains de ses membres.
Pensez-vous que l’Église catholique devrait jouer un rôle plus actif ou au contraire se tenir plus en retrait des processus électoraux au Cameroun? Partagez votre opinion!