Au Cameroun, il faut se méfier de tout et de tous

Au lendemain de la tenue du « Grand dialogue national » du Président Paul Biya, les camerounais se demandent si l’initiateur de ce dialogue n’avait pas fait rédiger depuis longtemps ses résolutions.

Tant il a décidé du dialogue quand il l’a voulu ; il a inscrit les sujets et a désigné lui-même le modérateur et les participants. Face à cette méthode, il est normal que les observateurs s’interrogent. A en croire plusieurs acteurs politiques, l’espoir d’hier est devenu une déception aujourd’hui. Mais pourquoi ça ?

Dans un pays où un même terrain est vendu à plusieurs personnes avec parfois la complicité du notaire, il faut être prévenu. Oui dans un pays où des hauts responsables sont titulaires de faux diplômes, il faut craindre. Dans un pays où tout le monde doute de l’authenticité des papiers officiels, il faut se méfier. Dans un pays où des gens viennent scander qu’ils ont tué et on applaudit, cela est très grave.

Imaginez que les familles des victimes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest se présentent pour que justice soit faite, on dira de celles-ci qu’elles ne sont pas patriotes ?

Oui parce que dans ce pays, ils sont nombreux des feymen, rois de l’escroquerie, as du faux et de l’usage de faux à la réussite tapageuse. Dommage. Des tricheurs sont qualifiés de forts et même d’intelligents. Cette dérégulation des repères sous fond d’inversion des valeurs, n’est ni l’apanage ni la principale caractéristique du Cameroun de Paul Biya, mais elle est le symptôme d’une société inquiète, en proie au malaise, où les héros sont les pilleurs, faussaires, arnaqueurs, où le vice devient vertu, où le culte du veau d’or a fini par contaminer la société civile, le clergé, les ONG, les juges et les médecins, où le sens de l’intérêt général est une notion abstraite.

Dans la nouvelle République que nous souhaitons tous, il faut que ça change. Vivement que ça change.

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