Les débats n’ont pas été ouverts hier. L’audience a été renvoyée au 1er mars prochain pour les réquisitions à charges du ministère public.
Nous sommes fatigués de ces nombreux renvois fantaisistes. Si le ministère public n’a aucune preuve contre Amadou Vamoulké, il faut que toutes les
conséquences du droit puissent être tirées. L’accusé doit être libéré. Ce n’est pas normal qu’un individu soit maintenu en prison et qu’à chaque fois qu’on programme une audience, l’accusation sollicite des renvois. Depuis le 30 juillet 2017 que notre client comparait devant cette juridiction, c’est la 16ème fois successive que l’affaire soit renvoyée. La défense ne connait toujours pas ce que l’accusation reproche à Vamoulké. Les témoins présentés par l’accusation ont refusé de venir déposer devant le tribunal ». Il s’agit d’une réaction faite ce 22 janvier au tribunal criminel spécial (Tcs), par Me Alice Nkom, l’un des avocats d’Amadou Vamoulké, l’ancien directeur général de la Crtv. Ce dernier comparaissait hier devant le Tcs pour détournement présumé des deniers publics. Polycarpe Abah Abah, l’ancien directeur des Impôts et Antoinette Essomba, ancien cadre à la Crtv étaient également présents à l’audience.
Au bout d’une audience qui a duré environ 20 minutes, le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire au 1er mars 2019 sur la demande du ministère public. Ce renvoyé a été accordé afin que l’accusation puisse faire ses réquisitions à charge lors de la prochaine audience contre les trois accusés. Selon le tribunal, il s’agit d’un ultime renvoi dans cette affaire. Malgré cette décision du tribunal hier, l’ancien directeur général de la Crtv de 2005 à 2016, n’a pas perdu sa bonne mine. Vêtu d’une gandoura de couleur blanche, Amadou Vamoulké n’a échangé de manière conviviale avec ses avocats et les membres de la famille présents au tribunal. La défense de l’ancien directeur général de la Crtv affirme que depuis l’ouverture de l’affaire ministère public contre Amadou Vamoulké, Polycarpe Abah Abah et Antoinette Essomba, l’accusation ne cesse de trouver des stratégies pour retarder le procès.
En dehors des témoins qui ont refusé de comparaitre, Me Alice Nkom relève que certaines pièces présentées comme « documents accablants » contre leur client ont été rejetés par le tribunal. Sur les sept pièces présentées, cinq ont été rejetées, précise l’avocat. « La seule preuve qui reste pour l’instant c’est le rapport du Contrôle supérieur de l’Etat, document à base duquel notre client a été placé en détention provisoire, mais ce rapport n’incrimine nulle part Amadou Vamoulké », affirme Me Alice Nkom. Le 16 janvier 2019 à Paris, plusieurs associations de défense des journalistes et des droits de l’homme, parmi lesquelles Reporters sans frontières (Rsf) se sont réunies à Paris pour exiger la libération de celui qui a été le troisième directeur général de la Crtv. Débarqué de son poste le 29 juin 2016, Amadou Vamoulké avait été arrêté un mois après son limogeage. Il est poursuivi pour un présumé détournement de près de 4 milliards F.Cfa. Le rapport du Consupe qui a conduit à l’arrestation de Vamoulké retenait un certain nombre d’irrégularités sur la gestion des deux derniers dg de la Crtv l’ex-directeur de la Crtv.