500 000 ordinateurs : Jacques Fame Ndongo et le scandale de 75 milliards

Le ministre de l’enseignement supérieur est accusé de malversations financières.

C’est la folle histoire des ordinateurs portables de Paul Biya qui se raconte dans les artères des grandes villes camerounaises. C’est que presque tous ces ordinateurs ne fonctionnent plus. « Mon ordinateur s’est gâté le même jour qu’on m’a remis ça », raconte un étudiant de l’université de Yaoundé I, visiblement en colère.

Comme lui, presque la quasi-totalité de ceux qui ont bénéficié de ce don spécial du président de la République invoque un vent révolutionnaire qui viendra balayer l’actuel ministre de l’enseignement supérieur, présenté par beaucoup comme « une honte académique ». «Il s’est agi d’une occasion pour le Minesup de bouffer l’argent du contribuable. Il a remis les jouets aux étudiants au nom du Chef de l’Etat. Aujourd’hui, on n’a ni ordinateur ni les 72 milliards du contribuable. Qu’est ce que le chef de l’Etat attend pour sanctionner les ministres prébendiers comme ça ? », Clament certains. Ce, d’autant plus que les ordinateurs remis aux étudiants étaient « de très mauvaise qualité ».

A en croire quelques experts rencontrés, leur capacité de stockage est réduite à peau de chagrin par le choix d’un disque dur SSD utile à l’amélioration de la puissance d’une machine, mais totalement inadéquat en ce qui concerne le stockage de fichiers. Pourtant, les étudiants ont davantage besoin de stocker leurs documents de cours, plutôt que de faire fonctionner des logiciels lourds. Bien plus, « Il y a eu beaucoup de retro-commissions dans cette affaire. Mais ce qui est déplorable c’est que les personnalités chargées de mener les négociations n’ont pas pensé aux étudiants. Elles ont privilégié leurs intérêts personnels », fulmine une source proche du dossier au sein du ministère de l’enseignement supérieur.

En clair, dans le cadre de la campagne présidentielle de 2018, le Président Paul Biya s’était alors engagé à distribuer gratuitement de janvier à Juin 2018, 500 000 ordinateurs aux étudiants camerounais du public et du privé dans le cadre de son programme baptisé « higher education vision». L’initiative qui a couté 75 milliards à l’Etat du Cameroun s’est très vite transformée en cadeau empoisonné. «Le Minesup s’est moqué des étudiants ainsi que du Président de la République. Il doit rembourser cet argent », revendiquent les mécontents.

Par ailleurs, des incohérences ont aussi été relevées concernant le coût réel des PBHev. Le 26 décembre 2018 à la télévision nationale, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur camerounais, assurait que le prix de revient du PC était de 300 000 FCFA (457 euros). Trois jours plus tard sur Twitter, son collègue d’alors du ministère de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, avançait que leur véritable valeur marchande était de 100 000 FCFA (152 euros). Or, entre temps, des internautes ont retrouvé le produit en vente pour 85 dollars (70 euros) sur le site de commerce en ligne Alibaba, posant ainsi des questions sur la gestion des négociations avec le fabricant. Toute chose qui remonte l’opinion nationale et internationale.

Sidonie Belinga

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