30ème anniversaire du Social Democratic : un certain 26 Mai 1990 naissait ce parti dans la douleur et le sang

Militants du SDF en plein defilé

Ce jour-là le SDF, par une marche sévèrement réprimée, brise la barricade du monolithisme politique, ouvrant ainsi la voie au multipartisme.

Comme le disait un politique camerounais, il y a plusieurs années en arrière, la politique n’a pas de mémoire. On dirait même à la limite qu’elle est ingrate. Si non comment comprendre qu’on ait pu oublier si vite la date du 26 Mai 1990. Certes cette date marque la naissance du Social Democratic Front (SDF), mais c’est aussi une date qui va faire chambouler radicalement le système politique en vigueur au Cameroun. Avec en prime la montée fulgurante d’un homme jusque-là inconnu des camerounais, le Chairman Ni John Fru Ndi, considéré à l’époque des faits par beaucoup de ces concitoyens comme l’incarnation de Moïse revenu cette fois-ci pour libérer le peuple camerounais. Ce n’est pas du bluff, ce monsieur était d’un charisme extraordinaire. « Il crachait le feu et la terre tremblait sous se pied. Quand il tendait, point fermé, son bras vers le ciel, hommes et femmes pleuraient à chaude larme. » On l’appelait « PAWA », et le partie SDF dont il était leader « sofa don finish. » Pour revenir à cette date, voici de manière synoptique les faits.

À cette époque, le vent de l’Est soufflait partout sur le continent africain, et les régimes jusque-là monolithiques s’ouvraient à la démocratie et au multipartisme. Au Cameroun par contre, alors que le peuple dans sa grande majorité réclamait l’ouverture démocratique, quelques faucons et thuriféraires du système vont organiser une marche pour dire « non au multipartisme anticipé » qui se terminera par une messe pontificale célébrée à la cathédrale de Yaoundé, par l’Archevêque de l’époque Mgr Jean Zoa, de regretté mémoire. Mais à Bamenda le 26 Mai, John Fru Ndi, en dépit des risques de répression qu’il encourait décide d’organise une marche pour la reconnaissance officielle de son parti. Celle-ci est favorablement accueillie par la population qui se déverse dans la rue. La répression est vive et le bilan lourd : six morts (officiel) sur le carreau et plus d’une centaine de blessés. Mais face à la détermination du Chairman et de ses militants, Yaoundé abdique, et le SDF est reconnu. Une nouvelle ère s’ouvre au Cameroun. Celle du pluralisme politique. Le SDF apparait dès lors comme le principal parti de l’opposition.

Malheureusement ce parti qui a fait rêver les camerounais de tout bord et suscité tant d’espoir, trente ans après, n’est plus que l’ombre de lui-même, tout comme son leader essoré par tant de combat et affaibli par la maladie.

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