La mobilisation de 100 000 jeunes en faveur du président Paul Biya à Maroua déclenche une crise majeure au sein du RDPC. Prévue du 8 au 10 mai dans l’Extrême-Nord, cette initiative sous le patronage de Cavayé Yéguié Djibril expose au grand jour les rivalités internes qui déchirent le parti au pouvoir. Entre batailles d’influence et blocage des 800 millions FCFA promis, cette opération spectaculaire révèle les fractures au sommet de l’État camerounais.
Rivalités explosives et 800 millions FCFA en suspens : les dessous d’une mobilisation controversée
Ce qui devait être une simple démonstration de force en faveur de la candidature du chef de l’État à la présidentielle d’octobre s’est transformé en véritable règlement de comptes. Au cœur de cette tempête politique : Aminatou Ahidjo, fille de l’ancien président, dont la présence aux côtés des partisans de Paul Biya a surpris de nombreux observateurs. « Cette alliance inattendue soulève des questions sur les motivations réelles derrière cette mobilisation », confie une source proche du dossier.
Le financement de l’événement cristallise toutes les tensions. Si le cabinet civil de la présidence a validé une enveloppe de 800 millions FCFA pour l’organisation, le ministre des Finances Louis-Paul Motaze tarde à débloquer ces fonds. « Aucune ligne budgétaire ne permet actuellement de décaisser un tel montant », affirme-t-il, une justification que beaucoup interprètent comme une manœuvre pour saboter l’opération.
Cette guerre des clans opposant Manaouda Malachie, ministre de la Santé, à Boukar Abdourahim, directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, illustre parfaitement les fractures qui minent le RDPC. Le premier avait déjà organisé un rassemblement de « 10 000 jeunes pour Paul Biya » en décembre 2021 à Mokolo, tandis que le second riposte avec cette démonstration dix fois plus ambitieuse.
En coulisses, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, tire les ficelles de cette surenchère. Brouillé avec Manaouda Malachie depuis l’affaire des fonds Covid-19, il aurait stratégiquement placé Mohamadou Atikou Kalda, cousin direct du ministre mais en rupture avec lui, à la tête de cette mobilisation contestée.
Alors que la date de l’événement approche, une question demeure : cette initiative renforcera-t-elle réellement la position du président Biya ou ne servira-t-elle qu’à exacerber les divisions au sein du parti ? Les jeunes camerounais seront-ils les instruments involontaires d’une bataille d’ego qui dépasse largement les enjeux électoraux ?