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L'ouverture sur le Cameroun

Vie politique: La saison des quatre vents au Cameroun

Paul Biya Président du Cameroun

Les faits marquants de la vie politique de ces dernières semaines mettent en déroute les us et les coutumes.

Signes précurseurs de l’entrée dans la zone de turbulence ? La politique interne du Cameroun est marquée tous azimuts par la volonté de pacifier les régions troublées, en guerre de son territoire. Cette situation est si pressante que les pouvoirs publics qui ont toujours eu une aversion de se retrouver en face de ceux qui ont pris les armes contre la République sont considérés et traités comme des terroristes par le pouvoir. Il est vrai au demeurant que des instruments flexibles à l’instar de la Commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion ont été mis en place pour ramener paisiblement les « égarés de la citoyenneté » sur le droit chemin en même temps que les armes crépitaient et crépitent sur le terrain.

La première surprise est arrivée le 3 juillet dernier avec l’annonce d’une rencontre entre les leaders sécessionnistes et le pouvoir. Un coup de tonnerre dans le ciel de Yaoundé surtout au moment où sur le terrain, des bruits concordants annoncent un rapport de force en faveur de l’armée. Le gouvernement a mis de l’eau dans son vin et a renvoyé par le fait dans les cordes les chauds partisans de la guerre. Cette rencontre voulue discrète par le pouvoir a été vite récupérée par les réseaux sociaux. Il en ressort que la négociation souhaitée semble compromise par les conditions déposées sur la table par Ayuk Tabe et les siens. Le Cameroun est au pied du mur de l’implémentation de sa politique intérieure où le vent de toutes les ingérences souffle plus que jamais.

Sur le plan diplomatique, l’heure est aux efforts insurmontables pour distinguer le blé de l’ivraie des bons auspices des uns et des autres dans le concert des Nations. Pour jouer la médiation entre le pouvoir et les séparatistes, une kyrielle d’initiatives sont sur la table. A l’évidence, Yaoundé les regarde toutes comme une souris qui contemple une tranche de gruyère sur un piège. En y allant, la frappe pourrait être mortelle et concrétiser précisément ce que le pays redoute: la partition. C’est en cela qu’on expliquerait la volonté de Paul Biya de lancer la reconstruction du pays en même temps que la guerre se poursuit. C’est la fuite « sage » des vents contraires qui soufflent et pourraient renverser les édifices mêmes les plus ancrés. Par cette initiative d’envoyer l’équipe Paul Tasong sur le terrain, c’est une affirmation sans équivoque que la partition n’est pas viable. Erreur ou réalisme politique? Seul l’avenir politique pourra le dire. Pour l’instant, toutes les offres de médiation ne sont ni rejetées ni mises en route. On voit déjà très bien que la France suit le pouvoir dans cette voie en le soutenant dans le financement de la reconstruction. Sur le terrain, l’armée ratisse large au moment où le balbutiement du cessez-le-feu fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Engins explosifs

Sur le plan sécuritaire, les premiers signaux ont trait à l’explosion jamais revendiquée des engins explosifs dans la ville de Yaoundé. Il y a eu en juillet l’année dernière la première explosion à Tsinga Dubaï, dans une buvette. Alors que l’opinion éberluée s’était rangée derrière la conviction d’un accident, circonstanciel, celles de la nuit du 20 au 21 juin et du 2 juillet derniers sont venues défaire toutes les croyances. Yaoundé est-elle devenue une ville où les mains fantomatiques placent des engins explosifs à volonté et sans jamais tomber dans !es mailles des pandores? Heureusement que ce sont des outils artisanales, dont de spectre de létalité est réduit. C’est tout nouveau, cette donne qui ouvre les quatre vents de la critique ou des inquiétudes sur les forces de sécurité prises par surprise.

Ce n’est pas tout. La population de la cité capitale est en proie à mille interrogations, mordue par la vaine curiosité de découvrir le visage du grand méchant qui la traumatise avec des explosions. Les autorités pour l’instant appellent au calme et à la vigilance de chacun et de tous. Sur
les nerfs, on se demande de quoi demain sera fait. La police ne rassure pas davantage en communiquant comme l’a fait l’armée ces deniers jours. Quand le vent souffle, personne ne sait d’où il vient ni où il va. On entend au moins les manifestations de son passage. Les vents debouts de l’insécurité, rappellent la fragilité des acquis de l’édification d’un État qui manifestement se trouve aux creux des vagues soulevées par !es vents qui soufflent.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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