Université Panafricaine: Le pôle Afrique centrale livre ses premiers lauréats

Couleurs et solennité ont été offertes à la « promotion cobaye » du pôle Afrique centrale de l’Université panafricaine à Yaoundé.
Le 30 mars 2015 au pied du palais des Congrès de Yaoundé, le tableau qui inaugure la matinée rend compte d’une chose : un grand événement s’y prépare. 237online.com A l’extérieur d’un grand chapiteau reconverti en salle des fêtes, ambiance guinguette et colonnes de drapeaux. Les hôtesses sont vaillantes et travailleuses. Les invités rieurs et nombreux. A lʹintérieur, une ruche prépare minutieusement ce temps fort de lʹannée universitaire à l’Université panafricaine‐Institut de Gouvernance, Sciences sociales et humaines (UPA‐IGSSH) de Yaoundé. Sur les dépliants, aucune articulation du cérémonial n’est passée sous silence. Le tout est cadencé comme une bonne série avec à la clé de précieux détails. Pour une première cérémonie de sortie des étudiants de l’UPA‐IGSSH, le protocole veut un show à l’américaine. C’est‐à‐dire un moment épique étalé sur cinq actes, des décors fastueux mêlant drôlerie et inventions, et des chorales imposantes. De vraies exigences ce d’autant plus que les parchemins étaient attendus depuis. Mais à cause d’une année supplémentaire de préparation linguistique, le calendrier a été différé.

«Manteaux parlants»
Dès l’entame, la partition présente un joyeux cirque de toges. C’est la procession. On a dû réviser les couleurs chez les étudiants. Cinquante‐et‐un lauréats au total (soit 15 dames et 36 messieurs). Chacun est engoncé dans une robe noire à guipure verte ou jaune, rehaussée de moult ornements (écussons, bandes de fourrure, toque carrée, pompons dorés…) exprimant plus précisément leur appartenance à l’une des deux filières disponibles à UPA‐IGSSH ces quatre dernières années (Interprétation et Traduction» et la seconde «Gouvernance et intégration régionale»). Chez les enseignants, le code couleur, presqu’indéchiffrable, met néanmoins en valeur des toges agrémentées par un petit pendentif doré. Les choristes s’en donnent à cœur joie dans l’émotion, la virtuosité. Le groupe venu de l’Université de Buéa enflamme le chapiteau en y injectant la fibre opéra pendant l’exécution des hymnes du Cameroun et de l’Union africaine.

Speech
Et puis viennent les discours. Au‐delà des formules convenues, tous reprennent les thèmes de l’hospitalité camerounaise et de la fiabilité du système universitaire. De nombreux hommages rendus à lʹimplication, à la générosité et à lʹexcellence de professeurs comme des étudiants se succèdent. Pleins dʹhumour et dʹesprit, elles apportent leur lot dʹémotion. Pour Sandrine Dongmo, la représentante des étudiants, «ce jour consacre une cinquantaine de pointures intellectuelles africaines et met en lumière la grande implication de l’Union africaine (UA) dans la formation d’une intelligensia continentale». De cette luxuriante image de l’UA, le Pr Navola Lyonga estime que «la remise des parchemins aux étudiants finissants est un signal positif pour l’enseignement supérieur au Cameroun». La Vice‐chancellor de l’Université de Buea ajoute: «l’Union africaine valide ainsi notre approche sinon elle aurait donné un signal négatif indiquant que nous partions sur une fausse piste». Quant au Pr Ibrahim Adamou, il pense que l’Université de Yaoundé II‐Soa dont il préside aux destinées rayonne de mille feux aux yeux de l’UA. Lejeune Mbella Mbella, ministre des Relations extérieures voit plus grand : «Ce n’est pas seulement Yaoundé II qui brille, dit‐il, c’est le Cameroun». Le Pr. Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup) s’emporte poétiquement : « A l’époque figée sur les clichés de 2012, le pôle Afrique centrale de l’Université panafricaine n’avait que 0% de son âge actuel. Ces hommes et femmes qu’elle a formés en si peu de temps sont donc très précieux pour comprendre comment la «soupe» cosmique primitive s’est agglomérée en grumeaux pour commencer à produire ses premières galaxies. Cette cérémonie est petite sur le plan géographique, mais elle est grande pour l’Afrique». S’adressant aux étudiants à l’honneur, le chancelier des Ordres académiques martèle qu’ «à chaque fois que l’on parlera de l’Université panafricaine, l’on parlera de vous».

Rituel
Rondement menée, sous les hourras des proches et des amis, lʹénumération agrémentée des moyennes et de l’ensemble des lauréats rend le moment très vivant. C’est une litanie dʹautant plus variée que les noms révèlent des origines très diverses. C’est ici qu’on présente trois étudiants exceptionnels : les majors des deux filières. Audrey Maryse Ogounchi, une béninoise inscrite à la spécialité «Gouvernance et intégration régionale», tient le fanion avec une moyenne de 17,48/20. Sur le champ de la traduction, Ernest Shukuru Misozi vient en tête avec une note de 3,64/4. Il vient de Tanzanie tout comme son compatriote Israel Bwambayeko Monday de la spécialité interprétariat. Ce dernier se distingue avec 3,51/4. Taux de réussite : 100% pour cette première promotion qui prépare le terrain à une autre pour l’année académique 2016‐2017. Quatre nouveaux master sont déjà annoncés (prévention et gestion des conflits et des catastrophes, management des frontières et espaces transfrontaliers, management des ressources naturelles du sol et du sous‐sol, dynamiques migratoires et politiques d’émigration en Afrique). Le rituel qui suit n’a rien de soporifique. Il est la séquence la plus attendue. A l’appel du Pr Joseph‐Vincent Ntuda Ebodé, chaque lauréat reçoit son diplôme des mains des personnalités issues du gouvernement camerounais, de l’UA et des autres institutions diplomatiques. A l’observation, ce sont des masters qui portent la signature de trois autorités académiques (Recteur de l’Université de Yaoundé II, recteur de l’Université panafricaine et ministre de l’Enseignement supérieur du Cameroun.

Jean‐René Meva’a Amougou

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