C’est un tournant historique à l’UNESCO. L’Égyptien Khaled El-Enany vient d’être élu nouveau Directeur général de l’organisation onusienne, succédant à la Française Audrey Azoulay. Avec 55 voix sur 58, il s’impose largement lors du vote du 6 octobre 2025 à Paris. « Une victoire pour l’Afrique et le monde arabe », a salué le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Ce résultat redonne à l’Afrique une place centrale dans la diplomatie culturelle mondiale. Mais cette élection peut-elle réellement changer l’équilibre au sein de l’UNESCO, dominée depuis des décennies par l’Occident ?
Une victoire symbolique pour l’Afrique et le monde arabe
Le 6 octobre 2025 restera comme une date marquante dans l’histoire de l’UNESCO.
Lors d’une session du Conseil exécutif à Paris, Khaled El-Enany, 54 ans, a été élu à une écrasante majorité, obtenant 55 votes sur 58. Son seul concurrent, le Congolais Firmin Edouard Matoko, n’a recueilli que deux voix, tandis que les États-Unis se sont abstenus.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a félicité El-Enany pour cette “victoire historique qui consacre l’apport des nations arabes et africaines à la culture universelle.”
L’élection devrait être officiellement entérinée par la 43ᵉ Conférence générale de l’UNESCO, prévue à Samarkand, en Ouzbékistan, entre le 30 octobre et le 13 novembre 2025.
Khaled El-Enany, un érudit au parcours exceptionnel
Né en 1971, Khaled Ahmed El-Enany est égyptologue, professeur à l’Université Helwan au Caire depuis plus de 30 ans.
Ancien ministre des Antiquités, puis ministre du Tourisme et des Antiquités d’Égypte (2016–2022), il a dirigé le Musée national de la civilisation égyptienne et le Musée du Caire.
En 2024, il avait déjà été nommé Ambassadeur spécial pour le tourisme culturel par l’Organisation mondiale du tourisme.
Polyglotte (arabe, français, anglais), il est reconnu pour sa diplomatie culturelle et sa capacité à unir les peuples autour du patrimoine.
“Il parle de l’héritage humain comme d’une mémoire collective vivante”, témoigne un ancien collègue français.
Une élection porteuse d’un nouvel espoir africain
Avec cette victoire, El-Enany devient le deuxième Africain à diriger l’UNESCO, après le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow (1974–1987).
Une première depuis près de quarante ans.
Son élection symbolise un vent de renouveau dans une institution souvent critiquée pour son manque d’équilibre géographique.
De nombreux observateurs espèrent qu’il apportera une voix plus forte aux pays du Sud, notamment pour la préservation des sites africains inscrits au patrimoine mondial.
“Ce n’est pas du jeu, enfin un souffle africain à la tête de l’UNESCO !”, commente avec enthousiasme un diplomate basé à Addis-Abeba.
Cette élection confirme le retour de l’Afrique sur la scène culturelle mondiale.
En plaçant Khaled El-Enany à la tête de l’UNESCO, les États membres envoient un message clair : il est temps de repenser la gouvernance culturelle planétaire.
Mais la vraie question reste ouverte : parviendra-t-il à réformer une institution souvent figée par la diplomatie et les blocages politiques ?



