Le milliardaire nigérian Tony Elumelu a secoué l’auditoire lors de la première édition des Rencontres économiques du Cameroun organisée par le Gecam. Ce 26 février 2025 à Yaoundé, le puissant président du groupe bancaire UBA a livré une vision sans concession des défis que le pays doit relever pour exploiter son immense potentiel. Avec son franc-parler légendaire, l’investisseur panafricain a dressé une feuille de route claire et ambitieuse qui pourrait transformer radicalement l’économie camerounaise, à condition que ses recommandations soient suivies d’effet.
Tony Elumelu identifie trois piliers fondamentaux pour propulser le Cameroun
« La paix, la stabilité et l’État de droit sont les principaux vecteurs du développement économique », a martelé d’emblée Tony Elumelu devant un parterre d’entrepreneurs et de décideurs. Le milliardaire a placé ces conditions comme préalable absolu à tout essor économique durable, un message particulièrement pertinent pour un Cameroun qui fait face à divers défis sécuritaires.
Le second défi pointé par l’homme d’affaires concerne le déficit infrastructurel chronique. « Aucune économie ne peut se développer sans infrastructures », a-t-il souligné avec insistance. Cette observation fait écho aux nombreux projets structurants qui peinent à se concrétiser dans le pays, freinant ainsi sa compétitivité régionale.
Enfin, l’autonomisation des jeunes constitue le troisième pilier essentiel selon Elumelu. Face à l’hémorragie des talents qui quittent le continent, il invite à créer localement les conditions favorables à l’épanouissement de la jeunesse camerounaise. « La fuite des cerveaux est devenue un problème majeur », a-t-il déploré, appelant à inverser cette tendance par des politiques publiques ambitieuses.
Des investissements concrets démontrent le potentiel entrepreneurial camerounais
Loin de se contenter de conseils théoriques, Tony Elumelu a prouvé sa confiance dans le potentiel camerounais par des actions concrètes. Sa fondation a déjà investi plus de 3 millions de dollars (environ 1,5 milliard de FCFA) dans le financement de jeunes entrepreneurs camerounais, s’inscrivant dans une stratégie continentale qui a permis de créer plus de 1,5 million d’emplois directs et indirects depuis 2010.
S’adressant directement aux jeunes qui envisagent l’exil, Elumelu a lancé un message d’espoir : « De nombreuses opportunités existent sur place. » Cette vision optimiste, partagée par plusieurs observateurs, contraste avec le pessimisme ambiant et offre une perspective rafraîchissante sur les possibilités de réussite au Cameroun même.
Les « 3E » d’Elumelu : Une philosophie applicable à tous les niveaux
Au-delà des défis structurels, le magnat nigérian a proposé une philosophie de développement fondée sur le triptyque « Exécution-Entreprise-Excellence », qu’il a baptisé les « 3E« . Cette approche, selon lui, devrait guider tant les décideurs publics que les entrepreneurs privés dans leurs initiatives.
Pour compléter ce cadre, Elumelu a vivement critiqué les lenteurs administratives qui « tuent les entreprises », appelant à une réforme profonde de la gouvernance. Il a également insisté sur la nécessité de « tonifier le secteur bancaire sans lequel le secteur privé ne peut se développer », une recommandation particulièrement pertinente venant du président d’un groupe bancaire panafricain.
La forte impression laissée par le discours de Tony Elumelu témoigne de son influence croissante comme voix du capitalisme africain moderne. Reste maintenant à voir comment les autorités camerounaises et le secteur privé local sauront transformer ces conseils en actions concrètes pour libérer enfin le potentiel économique du pays.
