Cameroun: Les poteaux bois au centre des préoccupations de ENEO

L’entreprise de distribution de l’électricité a rassemblé la semaine dernière les différents acteurs concernés par les poteaux bois pour inverser la tendance des désagréments causés par ces derniers.
Des poteaux en bois installés depuis moins de 10 ans qui pourrissent et tombent pendant que d’autres debout depuis 30 ans affichent fière allure. Ce spectacle qu’offrent ces supports conçus pour le transport et la distribution de l’électricité dans les villes et villages du Cameroun charrient ainsi à chaque fois de multiples interrogations. Eneo est alors systématiquement pointé du doigt par l’usager qui ne sait pas que d’autres acteurs sont concernés par cette problématique de la qualité des poteaux en bois.
La clarification a été faite au cours d’une « journée pour parler du poteau bois » organisée par Eneo et à laquelle prenaient part tous les acteurs concernés. « La journée poteau bois est l’occasion de rassembler tous les acteurs de la filière poteaux bois que ce soit en termes de production, de mise en œuvre ou d’utilisation, recueillir les différentes questions, les différentes préoccupations qui se posent autour du poteau bois, organiser des ateliers pour mener des réflexions et à la fin proposer des solutions à toutes les questions ou à tout le moins amorcer des axes qui seront par la suite développées pour faire l’objet des prescriptions à respecter par tous ces acteurs », justifie Eugene Ngueha, Directeur Central technique d’Eneo.
En effet, à en croire des statistiques publiées par Eneo, en 2016, 1,2 million de poteaux constituait son parc avec un taux de défectuosité d’environ 35%. Ces poteaux en bois qui au cours des 30 dernières années, ont contribué fortement à l’accélération de l’électrification du pays, aidant à faire passer le taux d’accès de 20 à 50% sont devenu une menace pour la continuité du service électrique et la sécurité des personnes et des biens.

Acteurs multiples, contrôle de la qualité impossible
« La journée Poteau bois » a ainsi permis de savoir que de nombreux autres acteurs en dehors de Eneo interviennent désormais dans cette filière. Selon le Directeur central technique de ENEO, la Sonel (ancêtre de Eneo) produisait les poteaux, encadrait leurs mises en œuvre et  avait les moyens de les contrôler, de veiller à ce que les normes et prescriptions soient bien respectées.
« Aujourd’hui qu’est ce qui se passe? Au niveau de la production vous avez une multiplicité d’acteurs. Au-delà d’Eneo qui produit les poteaux, vous avez d’autres producteurs qui sont agréés par l’administration en charge du secteur de l’électricité et Eneo n’a aucun contrôle sur ces agréments. Nous n’avons pas également le parfait contrôle sur les poteaux qui sont implantés et nous subissons les effets une fois que ces lignes sont en service avec des poteaux qui ne sont pas de qualité souhaitée » déplore Eugene Ngueha.
Les acteurs conviennent que le non respect des normes à toutes les étapes, de la production, au traitement jusqu’à la mise en terre entre autres compte parmi les causes de la défectuosité rapide des poteaux en bois. Seront donc édictées pour y remédier à moyen terme, des normes  de production et de traitement des poteaux bois qui s’imposeront aux acteurs. Eneo pense déjà engager un partenariat  avec des opérateurs économiques locaux pour la production de poteaux en béton à coût acceptable et envisage par ailleurs l’introduction sur les réseaux des zones marécageuses des poteaux en matière plastique entre autres.

Des améliorations notables en cours
En attendant, Eneo a d’ores et déjà trouvé une solution de court terme qui permet de rallonger la vie du poteau de 5 à 10 ans. La technologie dite de « basting » consiste à renforcer la base pourrie du poteau par le bois Azobe. 32000 poteaux défectueux ont ainsi été réparés en 2015 grâce à cette technologie.
Des poteaux en bois, en particulier ceux portant des transformateurs et appareillages de distribution sont systématiquement remplacés par des poteaux métalliques. Environ 29000 poteaux ont ainsi été remplacés en 2015 et 2000 supports bois transportant des ouvrages remplacés par des supports métalliques en 2 ans.
L’unité de traitement des poteaux bois d’Eneo basé à Bafoussam a vu sa capacité augmenter avec une automatisation du traitement des poteaux et l’introduction des filtres dans le circuit de production avec un renforcement des capacités des produits de protection. 65000 poteaux sortent donc désormais des laboratoires d’Eneo contre 30 000 par le passé avec une durée de vie qui passe de moins de 20 ans à plus de 20 ans.

Oumarou Doukhali

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