Cameroun – Scandale à 45 milliards : Les ministres Nganou Djoumessi et Motaze au cœur d’un détournement de fonds massif ?

Louis-Paul Motaze et nganou

L’affaire des 55 ponts métalliques préfabriqués pour désenclaver les bassins agricoles refait surface

C’est une bombe à fragmentation qui risque de faire trembler les plus hautes sphères de l’État. Selon des révélations explosives de Conrad Dieudonné Bébé Ndi, lanceur d’alerte bien connu des Camerounais, les ministres des Travaux Publics Emmanuel Nganou Djoumessi et des Finances Louis Paul Motaze se seraient rendus coupables d’un détournement massif de fonds publics, portant sur la bagatelle de 45 milliards de francs CFA. Au cœur du scandale, un projet vieux de près de 10 ans, qui prévoyait la construction de 55 ponts métalliques modulaires pour désenclaver les bassins de production agricole du pays. Un chantier titanesque qui n’a toujours pas vu le jour, et pour cause : l’argent se serait tout simplement volatilisé dans la nature… ou plutôt dans les poches des deux ministres, si l’on en croit notre lanceur d’alerte.

Un prêt de 40 millions de dollars de l’Exim Bank US pour financer le projet

Pour bien mesurer l’ampleur de ce qui s’apparente à un véritable casse du siècle, il faut remonter à la genèse du projet. Nous sommes le 11 décembre 2014 à Washington, où l’Exim Bank, l’agence de crédit à l’exportation des États-Unis, accorde son feu vert à un prêt de 40 millions de dollars pour financer l’exportation des 55 ponts « Made in USA » vers le Cameroun. Une opération présentée à l’époque comme un véritable pont vers le développement pour les populations rurales camerounaises, puisque ces ouvrages d’art préfabriqués devaient permettre de désenclaver les zones de production agricole, facilitant ainsi l’accès aux écoles, aux centres de santé et aux marchés.

Le prêt est accordé par la Société Générale de banque de France à la société Acrow Corporation of America, une PME basée dans le New Jersey, chargée de fabriquer les ponts. Un contrat juteux, puisqu’il doit permettre selon les estimations de soutenir pas moins de 200 emplois sur le sol américain. Tout semble donc réuni pour faire de ce projet une success story exemplaire, marquée du sceau de la coopération internationale et du co-développement Nord-Sud. Sauf que voilà : près de 10 ans plus tard, aucun pont n’est sorti de terre au Cameroun, et les 40 millions de dollars se sont évaporés dans les limbes de la corruption.

Emmanuel Nganou Djoumessi et Louis Paul Motaze pointés du doigt

Pour Conrad Dieudonné Bébé Ndi, les responsables de ce fiasco sont tout désignés : Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux Publics, et son collègue Louis Paul Motaze, grand argentier du régime en tant que ministre des Finances. Selon notre lanceur d’alerte, les deux compères auraient monté un vaste système de détournement de fonds, leur permettant de s’enrichir grassement sur le dos des populations rurales et des contribuables camerounais. Un « haut banditisme » qu’il entend aujourd’hui mettre à nu, documents et preuves à l’appui, pour que la vérité éclate enfin au grand jour.

Un témoignage accablant, qui vient jeter une lumière crue sur les mœurs d’une certaine élite politique camerounaise, prompte à détourner sans vergogne l’argent du contribuable à coup de milliards. Mais comment un projet aussi emblématique, soumis qui plus est au regard des bailleurs de fonds internationaux, a-t-il pu ainsi être dévoyé en toute impunité ? Quels ont été les rôles exacts d’Emmanuel Nganou Djoumessi et Louis Paul Motaze dans cette affaire, et jusqu’où remontent les complicités ? Autant de questions qui valent d’être posées, comme le souligne à juste titre 237online.com, média en pointe sur les questions de gouvernance.

La société civile appelée à la rescousse pour faire la lumière

Pour le lanceur d’alerte, il est urgent que les forces vives de la Nation s’emparent de ce dossier brûlant, et fassent toute la lumière sur ce qui ressemble fort à un crime économique contre le peuple camerounais. « J’invite tous les influenceurs, journalistes, lanceurs d’alerte, musiciens, comédiens à se localiser sur ce dossier afin d’apporter leur contribution », a-t-il ainsi déclaré, appelant à la mobilisation générale pour que les deux ministres s’expliquent enfin sur l’usage de ces 45 milliards de francs CFA partis en fumée.

Un appel qui ne devrait pas rester sans réponse, tant l’émotion et la colère sont grandes parmi les citoyens, excédés par les scandales financiers à répétition qui minent la crédibilité et l’efficacité de l’action publique. Reste à savoir si les autorités camerounaises auront cette fois-ci le courage de laisser la justice faire son travail, où si une nouvelle omerta va s’abattre sur ce dossier hautement radioactif. Une chose est sûre : nous n’avons pas fini d’entendre parler de l’affaire des 55 ponts fantômes, qui risque de faire tanguer le navire de l’État dans les semaines et les mois à venir. Affaire à suivre, donc…

Par Éric Esso pour 237online.com

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