Cameroun: Les populations en colère contre le ministre Hélé Pierre

Mayo-Kani protestation

Elles se sont mobilisées à travers l’association Shine Kaélé en vue d’une marche pacifique de soutien aux chefs traditionnels suite aux propos tenus par l’élite dans un journal.

Une marche interdite par le sous-préfet de Kaélé vendredi dernier. La tension est à son comble entre Hélé Pierre, ministre de l’environnement et de la protection de la nature, élite du département du Mayo-Kani et les chefs traditionnels de cette contrée. En effet, la brouille entre le ministre et les gardiens de la tradition ne date pas d’hier. C’est que la sortie médiatique du membre du gouvernement dans un journal où il tançait ces derniers, les accusant d’être à la solde de l’opposition n’est qu’une goutte qui a débordé le vase. Faisant le bilan des dernières élections et de la situation politique et sociale de ce département, il accuse les chefs traditionnels de ne pas soutenir le rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) lors des dernières élections municipales et législatives. « Un bon chef, un chef traditionnel responsable et digne de ce nom doit savoir se positionner dans l’intérêt des populations à l’occurrence derrière le parti au pouvoir. Il doit par ailleurs connaître ses vraies limites car il n’est que le gardien de la tradition et non le propriétaire. Et d’autre part, il est auxiliaire de l’administration. Il doit respecter les lois et règlements de la république sous peine de sanction. Le temps des chefferies des années 60 où le chef était tout puissant est déjà révolu », extrait des propos de Hélé Pierre dans un média local.

Marche interdite

Cette action a sorti de leurs gonds les populations du département du Mayo Kani. D’ailleurs, elles se sont mobilisées en se constituant en société civile à travers l’association Shine Kaélé en vue d’une marche pacifique de soutien à leurs chefs traditionnels. « Des murmures négatives se sont élevées dans les chaumières, les populations ayant le sentiment que ce membre du gouvernement piétine du pied et tente de détruire toute la structure traditionnelle et sociétale de l’héritage de nos ancêtres. Cette sortie malheureuse de ce membre du gouvernement n’est pas de nature à apporter l’apaisement des cœurs, au contraire, cette attitude est méprisante, insultante, irresponsable et provocatrice à l’endroit des lamibés, des élites et des populations », peut-ont lire dans leur demande de manifestation publique adressée au sous-préfet de l’arrondissement de Kaélé. Une marche interdite par le sous-préfet Marcel Ngrem alors que les populations s’étaient mobilisées vendredi avec des affiches et pancartes au lieu-dit carrefour Modi pour exprimer leur ras-le-bol. « L’élite Hélé a insulté nos chefs traditionnels, il les a rabaissé en les traitant avec autant de mépris, les qualiiant des chauves-souris. C’est contraire à nos valeurs traditionnelles, ce n’est pas digne qu’une élite prône la division, pousse les populations à la révolte, alors que le chef de l’Etat n’a eu de cesse de prôner la paix sociale. Le président Paul Biya a toujours considéré nos gardiens de la tradition. Raison pour laquelle nous sommes sortis pour dire non à cette dictature et agissements du ministre. Mais dans le respect de nos lois, nous nous sommes pliés à la décision d’interdiction de la marche par le sous-préfet », indique Aimé Sadou, le secrétaire exécutif de ShineKaélé. Pour sa part, Amadou Georges, ex-député suppléant de Mayo-Kani Ouest s’insurge contre la sortie du membre du gouvernement. « Le ministre Hélé Pierre a pris le parti en otage en écartant tous ceux qui ont bâti le Rdpc dans nos localités. Le Rdpc est un parti de rassemblement mais il veut maintenant nous diviser. En s’attaquant à nos valeurs traditionnelles, il a outrepassé les limites, il n’est qu’un ministre. Quand les missions que lui ont assignées par le chef de l’Etat seront finies, il n’aura aucune considération, aucune légitimité devant nos chefs et nos populations », lance-t-il.

Temps de colère

En effet, la guéguerre entre le ministre Hélé Pierre et les chefs traditionnels du Mayo-Kani perdure depuis peu. Les gardiens de la tradition se sentant outrés par les agissements de l’élite ont adressé une lettre au chef de l’Etat en février dernier. Une situation envenimée par les investitures des listes du Rdpc lors des municipales et législatives du 09 février dernier où Hélé Pierre est accusé par ses pairs du parti, des manœuvres peu orthodoxes pour investir son nouvel entourage. D’autres parmi les élites de ce département, y voient en ce membre du gouvernement, un saboteur de développement. L’accusant de n’avoir rien fait pour ce département contrairement à ses collègues du gouvernement originaires du Mayo-Kani. Toutefois, après le temps de la colère, « Il est temps que de tels agissements cessent, que chacun sache en fonction de sa posture, le rôle qui est le sien. Nos traditions doivent être respectées tout comme nos leaders. Et c’est en dialoguant et en cherchant le juste milieu qu’on peut développer ensemble notre département. Le climat qui prévaut actuellement n’est pas serein, je crois qu’il est temps qu’on se pardonne », croit savoir un chef traditionnel.

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