Succession au sommet de l’Etat: Maurice Kamto, prochain président du Cameroun?

Maurice KAMTO

Depuis sa sortie de prison, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun est devenu l’homme politique le plus populaire du Cameroun (Mrc).

Au Cameroun, les inégalités sociales se sont beaucoup creusées au fil de ces années de gouvernance erratique. Selon une étude de l’Institut national de la statistique, en 2014, sur 22 millions de Camerounais, 8 millions, soit 37% de la population, vivaient avec moins de 931 Fcfa par jour, soit des revenus en dessous du seuil de pauvreté. La popularité du Président du mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) ces derniers temps naît justement de l’injustice dont les pauvres estiment être les victimes. Beaucoup voient en lui une alternance crédible. C’est pourquoi les détenus des marches dites blanches du Mrc ne se prennent pas pour des prisonniers mais pour des martyrs. Ils estiment qu’en vertu du droit constitutionnel de manifester, ils ont la règle de droit de leur côté. Tous veulent désormais le changement à tout prix. Et pour eux, Maurice Kamto représente la meilleure alternative. Et du coup, le président du Mrc est devenu une embûche qui parsème le parcours du Président Paul Biya au pouvoir depuis 37ans. Sauf qu’il fait face à la longue expérience politique de pouvoir du Chef de l’Etat. Mais toujours est-il que tout a changé et rien ne sera plus comme avant.

Dans les rues de Yaoundé, les Camerounais s’interrogent : Biya jusqu’à quand ? Alors que l’opposition estime que le pouvoir prépare une révision de la Constitution au cours de la session parlementaire de ce mois de novembre 2019, nombre des partisans du pouvoir s’inquiètent et le font savoir : et si Biya, finalement, avait décidé de ne pas achever ce mandat de 07 ans ? Comment peut-il songer à abandonner ses troupes en rase campagne sans avoir adoubé un dauphin, que l’on serait d’ailleurs bien en peine d’identifier ? En clair, aucun dauphin n’a été désigné, et encore moins préparé, au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir)… Et l’âge canonique des cadres dirigeants les éloigne chaque jour davantage d’une population de plus en plus jeune. Les Camerounais en sont réduits à se demander de quoi demain sera fait et à attendre le bon vouloir du chef. Les temps changent, le monde évolue, mais Paul Biya reste convaincu que les Camerounais ne sont pas mûrs pour le changement. Sauf que malgré la réélection sans surprise de Paul Biya lors de la présidentielle du O7 octobre 2018, jamais le pouvoir en place n’a été à ce point contesté. Le Cameroun a momentanément deux présidents : l’un, en poste, officiellement réélu, l’autre, autoproclamé, joue son va-tout. Le Mrc a enfoncé dans la tête des Camerounais que Maurice Kamto est le « président élu » du Cameroun et qu’il accédera à tout prix et à tous les prix au pouvoir. Mais Kamto lui-même a toujours affirmé qu’il ne marchera jamais sur le sang des Camerounais pour accéder au pouvoir.

Le rapport de force

Fragilisé par les conflits de générations, les critiques envers Jean Nkuete, et par les éternels débats sur la succession de Paul Biya, le RDPC pourrait perdre gros lors des législatives du 09 février 2020. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), qui espère en attirer les déçus, fera-t-elle le poids pour autant ? « Oui. Le Rdpc sera totalement devisé après ces élections locales en raison des investitures. Plusieurs frustrés vont rejoindre les rangs du Mrc. Et Kamto aura davantage les armes pour vaincre Monsieur Biya », répond un analyste politique. « A cause de Maurice Kamto, les attaques fusent de partout pour déstabiliser le régime de Yaoundé », fulmine un membre du comité central du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) qui a requis l’anonymat. Acerbes, pernicieuses et parfois indécentes, les attaques viennent aussi des Etats-Unis qui estiment que le Président Paul Biya devrait prendre sa retraite pour entrer dans l’histoire. Mais à quel prix ? Quelle est la garantie qui peut amener Paul Biya à laisser le pouvoir pour le moment ? La perturbation du récent séjour du Président Paul Biya en France par les éléments de la Brigade Anti-sardinards montre bien qu’on tend vers le chaos. Jamais un pays n’a été aussi humilié aux yeux du monde. Des institutions républicaines désacralisées, une figure présidentielle banalisée, une nation humiliée, un pays chosifié, des valeurs communes piétinées et le drapeau national couvert de crachats et de vomissures par des individus qui présentent leur président comme « un dictateur » voir un « terroriste ». Ce qui est regrettable c’est que ces mêmes « guerriers » scandent le nom de Maurice Kamto comme leur « Président ».Toute chose qui amène certains pontes du régime à penser que le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) serait de connivence avec cette « mauvaise diaspora » pour renverser l’actuel régime. Pour l’instant, aucune condamnation de Maurice Kamto. Pourtant, les camerounais expriment de l’admiration à ce juriste mondialement reconnu.

Principal opposant au pouvoir en place au Cameroun, Maurice Kamto est arrivé officiellement en seconde position aux élections présidentielle du mois d’octobre 2018. Au terme de ce scrutin, il a revendiqué la victoire, et contesté la réélection du Président Paul Biya. Suite aux marches du 26 Janvier 2019 , Kamto a été arrêté à Douala lors d’une réunion au domicile d’un partisan , de même que prés de quatre-vingts personnes ,proches ,cadres et sympathisants du Mrc et journalistes ,sur la base d’un mandat de perquisition signé du Procureur de la République de Douala Ndokoti. Il a ensuite été conduit dans la nuit du 28 Janvier au Groupement spécial d’opération de Yaoundé, service rattaché à la Délégation générale de la sûreté nationale, sans aucune notification d’un quelconque acte justifiant une garde à vue. Inculpé notamment pour insurrection, rébellion en groupe, trouble à l’ordre public et hostilité contre la patrie, Maurice Kamto a été libéré le mois dernier suite à une grâce du président de la République, Paul Biya.

Certificat d’opposant…

En arrêtant Maurice Kamto sans aucune base juridique, le régime de Yaoundé a signé son certificat d’opposant. Depuis sa libération, il harangue les foules plus que jamais, au point où certains caciques se demandent s’il n’a pas été réellement élu par le peuple camerounais ? Tous sont convaincus qu’après Biya, ce sera Kamto. Mais à quel prix ? Dans un post largement diffusé sur les réseaux sociaux, l’artiste Richard Bona demande à Emmanuel Macron de comprendre que Maurice Kamto est le président élu du Cameroun. Aussi, ce qui s’est passé à Bafoussam lors de la cérémonie d’hommages aux morts de l’éboulement était surréaliste. Une impressionnante foule s’est formée autour de lui pour l’accompagner jusqu’à sa voiture sur le regard médusé de tous les membres du gouvernement présents. « Actuellement, Kamto nous dame le pion au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).Il est fort. Au rythme où je vois les choses, ces gars vont nous faire tomber », a affirmé Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, personnalité ressource du Rdpc sur les antennes d’une radio urbaine basée à Yaoundé. Et un autre politicien d’affirmer sous cape qu’après Biya, si Kamto ne devient pas Président ce sera le chaos. Mais questions : le chaos n’est-il pas d’ores et déjà là ? Ne sommes-nous pas d’ores et déjà dans le chaos ? Le Chaos pour les caciques du régime, c’est le fait que quelqu’un d’autre, peu importe qui, cherche à prendre lui aussi ce pouvoir qu’ils détiennent depuis bientôt 40 ans. Ils n’ont d’autre fonction que la perpétuation au pouvoir et donc la permanence des jouissances. Le chaos pour le régime, c’est de se voir extorquer ce gros gisement sadico-nihiliste qui autorise toutes sortes de jouissances éphémères, clame un universitaire réputé pour ses positions parfois acerbes envers le système.

Dérive tribale

Les vieilles méthodes continuent de fonctionner. Les attaques ethnicistes pleuvent sur Maurice Kamto comme en période de mousson, à travers des médias proches du pouvoir. Malgré les protestations de plus en plus fréquentes des élites intellectuelles, la violente rhétorique « Bamilékés contre pouvoir béti » a par moments pris le dessus. Il y a quelques jours, les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) ont été systématiquement interdits d’accès dans la ville de Sangmelima. Il en est de même d’une cinquantaine de jeunes partisans du MRC qui ont été expulsés de Bucca Voyages, une agence appartenant aux élites de la région du Sud-Cameroun. Pour les colporteurs de cette haine tribale, les partisans de Maurice Kamto sont tous les « bamilékés ». C’est ainsi et pas autrement. Enfermés dans leur bulle, ces messieurs de Yaoundé laissent fermenter ce ragoût de haine avec la certitude de garder le contrôle de la situation .Il oublie carrément qu’ils ont réveillé la bête immonde et que leur responsabilité historique est engagée.

2 thoughts on “Succession au sommet de l’Etat: Maurice Kamto, prochain président du Cameroun?

  1. il s’est exclu du processus électorale et nous a montré le limites et des aspects troublants du Mrc, des unilateralistes opportunistes qui instrumentalisent politiquement les souffrances d’une partie des camerounais (SoNo) leur deputé n’ayant jamais ete solidaire par les actes à l’assemblé, critique le GDN mais ne propose aucune alternative immédiate sinon faire du plagiat s’est il seulement rendu dans le noso? ? les gars dans le bush préfèrent rencontrer qui ? pour transmettre leur opinions? vous ne dites pas que beaucoup en sortent(silence radio).
    arrêtez la com politicienne.
    malgré tout vous toujours un rôle dans la société civile ce que vous semblez réfuter aux autres(et c’est un tors) vous avez la compétence de votre compétence pas la compétence des compétences Pr. pour l’instant laissez la politique partisane à ceux qui en ont la maitrise apprenez de vos erreurs pour transmettre et mieux préparer les jeunes loups du Mrc pour les futures….

  2. Je comprends tes limites. C’est lui qui détermine le processus électoral et comment peut-il s’y exclure ? Il met hors jeu le processus électoral français et impose le camerounais.

    Tu prouves une ignorance profonde de la vie politique du Cameroun. C’est KAMTO qui, le premier, proposa en 2017, un GDN pour régler la guerre civile au noso. Les vidéos sont là. C’est la force des archives.

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