Stade Olembe: Magil en justice pour avoir « volé » du matériel de Piccini

Stade Olembe

L’entreprise canadienne à qui le contrat de construction de l’infrastructure de 60 000 places a été octroyé en procédure d’urgence par le ministre des Sports et de l’éducation physique et non moins président du Comité local d’organisation de la Can 2021, est traînée en justice par la société italienne.

La paix entre Magil et Piccini n’est pas pour demain. Songer à ce scénario serait croire à un mirage. Le feuilleton mélodramatique qui oppose sur une pelouse glissante les deux entreprises de construction, n’est pas prêt de livrer son dernier épisode. Un mois seulement après avoir saisi par voie de correspondance le président de la République pour solliciter son arbitrage dans ce qu’elle appelle « résiliation abusive de contrat », la société italienne qui cumule des états de services incontestables en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique, revient à la charge cette fois pour dénoncer des actes frauduleux de son concurrent sur le site du chantier du stade « Paul Biya » à Olembe. «Le groupe Piccini a porté plainte au Cameroun contre Magil pour vol et destruction de matériel. Par ailleurs, le groupe Piccini poursuit la société Magil au Canada », confirme à nos confrères de Mutations, le conseil de Piccini, Me OmgbaNsi qui n’a pas voulu s’étendre davantage. Au préalable, un constat d’huissier a été fait sur l’arrivée de ces containers sur le site de Magil à Douala.

Pour cerner les contours de ce nouveau rebondissement dans cette bataille au sommet, il faut se fier au récit de certaines sources bien au parfum de cette affaire qui s’est immédiatement déportée devant les tribunaux. C’est que, « depuis le mois de janvier 2020, Magil sort du chantier du matériel et des équipements appartenant à Piccini pour les transférer dans son chantier du stade Bepanda à Douala». Interrogés sur les faits, des responsables locaux de Piccini déclarent avoir saisi les autorités compétentes de ces faits et qu’elles sont toujours en attente d’une réaction pour mettre un terme à ce volqui n’a que trop duré. De plus l’ambassade de l’Italie à Yaoundé a été sollicitée pour protéger ces biens, objet de financement italien destiné exclusivement pour la réalisation du chantier du complexe d’Olembe, poursuit notre informateur.Plus grave, « les employés de Magil expliquent que des containers Piccini ont été marqués Magil pour faire croire que les canadiens avaient mobilisé en amenant du matériel alors que 100% de leurs activités seraient sous-traitées alors qu’ils avaient des problèmes avec le payement aux sociétés contactées pour faire le boulot à leur place ». Approchés, les responsables de Magil qui se refusent tout commentaire sur cette affaire, disent ne pas vouloir « envenimer la polémique ».

Où sont passés les ouvriers ?

Si pour beaucoup, cette attitude trahit clairement sa culpabilité, il reste vrai que Magil n’a jamais cesser de nourrir le public de belles promesses non sans offrir des assurances quant à sa capacité opérationnelle à respecter les délais. Et quand on sait que la date de livraison de cette infrastructure de 60 000 places est fixée au mois de juillet 2020, on est à se demander par quelle alchimie l’entreprise procédera pour être prête le jour-dit. Première incertitude, les 1000 employés annoncés par Magil au moment où il prenait le contrôle en décembre dernier.L’effectif déployé actuellement sur le site atteint à peine 150 ouvriers. N’était-ce finalement qu’un coup de bluff voire un simulacre savamment tissé pour faire bonne presse ?

Nos confrères du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, dans la livraison de jeudi 5 mars 2019, renseignaient fort à propos que « des experts italiens ont rejoint la semaine dernière, les 900 ouvriers camerounais et 22 expatriés présents sur le site ». Des transalpins qui vont mener à terme les opérations liées à la charpente métallique sur lesquels vont reposer les panneaux décoratifs de l’enveloppe de la future enceinte de 60 000 places couvertes. Au niveau de la tribune ouest, une rangée de sièges endommagés a été retirée. Juste en-dessous, les travaux de finition sont en cours dans les vestiaires. Il s’agit notamment des opérations de plomberie et de carrelage.

Sacrifié E à l’autel des intérêts égoïstes De belles perspectives qui laissent croire que Magil est dans le bon tempo. Toutefois, l’histoire nous rappelle que Piccini a été mis sur la touche par le ministre des Sports et de l’éducation physique en fin novembre 2019 pour son « incapacité à livrer l’infrastructure dans les délais contractuels ». Dans la foulée, les prestataires, las d’attendre de rentrer dans leurs droits, ont engagé une procédure judiciaire aux conséquences explosives. Une situation qui rappelle le chemin de croix de ces entreprises camerounaises sur le stade de Bépanda à Douala.

Plusieurs ont travaillé sans être payées, bercés par l’illusion des pseudos contrats résiliés unilatéralement et des menaces qui s’en sont suivis.
Le Messager du mardi 10 mars 2020 rapportait les inquiétudes de certains observateurs qui attendent toujours les bruits des imposantes grues mécaniques de Magil retentir sur le chantier d’Olembé où Piccini avait été sacrifiée à l’autel des intérêts égoïstes et injustement bottée en touche pour « abandon du chantier dûment constaté par voie d’huissier et par procès-verbal administratif, défaillance de l’entreprise caractérisée par le non-respect des engagements contractuels et des ordres de services du rapportant, sous-traitance avérée des prestations contractuelles sans autorisation du maître d’ouvrage, et violation de la législation caractérisée par l’accumulation des arriérés de salaires des travailleurs ». Aux dernières nouvelles, Magil aurait finalement clamé son incapacité à livrer le bijou architectural dans les délais, à savoir d’ici juin 2020. Le déficit financier des entrepreneurs nord-américains serait à l’origine de ce désistement. L’on se souvient que dans le contrat avec l’État du Cameroun, il était question que Magil préfinance à 100% les travaux de finition. A suivre !

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