Les paiements ont démarré hier. Mais beaucoup déplorent l??absence de leurs noms sur les listes. Dès l??ouverture ce mercredi, les banques impliquées dans le paiement des droits sociaux des ex-employés des sociétés d??Etat liquidées, ont été assaillies par les bénéficiaires. En provenance de tous les coins du pays, ils sont venus voir l??acte final d??une pièce qui se joue
depuis des années. Et jusqu??au 22 août prochain, ce sera la tombée de rideau pour chacun des quelque 7000 anciens travailleurs d??une trentaine de sociétés dont les noms figurent sur les listes affichées dans les différentes agences bancaires. Montant total de l??opération, environ 5 milliards de F. Mais tout ne se déroule pas sur des roulettes pour tout le monde. En effet, alors qu??on n??était qu??au premier jour des paiements, des plaintes commençent déjà à se faire entendre. Avant même d??arriver devant les guichets, les travailleurs, venus de très loin pour certains, déplorent l??absence de leur nom sur les listes. « Lorsqu??on a fermé la Zapi Est, nous étions 1500 employés. Aujourd??hui, seules huit personnes vont bénéficier des droits sociaux. On ne sait pas sur quelle base ce paiement a été fait. Beaucoup d??entre nous se sont déplacés pour rien et n??ont plus d??argent pour rentrer au village », lance un s*e*xagénaire en provenance de Nguelemendouka. La prise en charge pendant l??attente de paiement est une autre source d??inquiétude. « Nous sommes venus de très loin et certains d??entre nous ne savant même pas où loger et on nous dit que notre société n??as pas encore été programmée. Qu??allons-nous devenir d??ici là ? », s??interroge une dame, déjà heureuse d??avoir repéré son nom sur une liste après trente minutes de bousculade. Tous ces gens venus d??autres villes et régions se demandent en effet pourquoi le paiement de ces droits n??a pas été décentralisé dans les chefs- lieux de région. « ??a nous aurait causé moins de tracasseries, surtout pour ceux d??entre nous qui vont repartir sans rien », souligne une future bénéficiaire. Quant au passage des différentes sociétés, si hier à la SCB, cinq entreprises étaient clairement programmées, les autres étaient toujours dans l??incertitude. « Nous nous en tenons au calendrier que nous recevons chaque matin du ministère des Finances », a expliqué Emmanuel Bakot-Ndjock, chargé de mission. Pour ceux dont les noms figurent sur les listes, les réflexions sont évidemment moins grincheuses. Une fois la somme due en poche, c??est avec un sourire en coin qu??on affirme n??avoir aucune déclaration à faire à la presse, histoire de se mettre à l??abri des agresseurs. Mais avant d??en arriver là, quelques conditions sont nécessaires. Chaque ex-employé doit se munir de sa lettre d??embauche, d??un certificat de travail, de la lettre de licenciement pour raison économique, la carte nationale d??identité, le livret CNPS et un bulletin de paie. Pour les ex-employés décédés, les ayants droit devront ajouter à ces pièces un jugement d??hérédité et un certificat de non appel. Dans les différentes banques, certaines dispositions ont même été prises pour sauvegarder l??argent ainsi manipulé. Le dispositif sécuritaire a été renforcé et des gestionnaires ont été mis en alerte pour inciter les bénéficiaires à ouvrir des comptes sur place. Cependant, la priorité est donnée à ceux qui sont payés pour la première fois. Les chèques en souffrance seront traités en dernier lieu.
Jocelyne NDOUYOU-MOULIOM, Cameroon Tribune