Le Cameroun vient de s’ajouter à la liste grandissante des pays africains où le géant français Egis laisse derrière lui un sillage de controverses et de promesses non tenues. Selon des révélations explosives d’Africa Intelligence, le spécialiste des infrastructures a complètement raté son projet de système numérique pour la collecte des péages routiers, entraînant des pertes financières massives pour l’État camerounais.
Un échec technique aux conséquences désastreuses pour les finances publiques
L’incapacité d’Egis à mettre en place un système fonctionnel de péage numérique témoigne d’une incompétence flagrante dans l’évaluation des réalités du terrain camerounais. Cette défaillance n’est pas qu’un simple retard technique – c’est un désastre financier pour un pays dont chaque franc CFA compte dans son budget d’infrastructures. Les usagers des routes nationales peuvent constater quotidiennement les conséquences de ce fiasco.
« On nous avait vendu un système révolutionnaire qui allait maximiser les recettes et réduire la fraude. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec des installations obsolètes avant même d’être opérationnelles, » confie une source proche du Ministère des Travaux Publics qui a requis l’anonymat.
Des soupçons de corruption qui entachent l’attribution du contrat
Le scandale prend une tournure encore plus inquiétante lorsqu’on s’interroge sur les conditions d’obtention de ce juteux contrat par le groupe français. Comment une entreprise déjà impliquée dans des affaires troubles au Gabon et au Congo a-t-elle pu remporter un marché aussi stratégique? Les allégations de malversations persistent, même si aucune enquête officielle n’a encore fourni de preuves tangibles.
Cette situation rappelle tristement les précédents d’Egis dans la région. Au Congo, l’entreprise fait face à des poursuites judiciaires intentées par un ancien représentant commercial qui affirme n’avoir jamais été payé pour ses services. Au Gabon, des contrats suspects avaient déjà terni la réputation du groupe il y a quelques années.
Un modèle d’affaires qui pose question dans toute l’Afrique centrale
Ce nouveau scandale camerounais s’inscrit dans un schéma plus large qui soulève des questions fondamentales sur les pratiques commerciales de certaines multinationales en Afrique. La répétition de situations similaires dans trois pays voisins – Cameroun, Congo, Gabon – n’est certainement pas une coïncidence fortuite.
Des experts de la gouvernance, cités dans notre dossier spécial sur les marchés publics au Cameroun, suggèrent que ces échecs répétés pourraient être le symptôme d’un problème systémique dans les procédures d’attribution des marchés publics, où les considérations techniques cèdent parfois le pas à d’autres facteurs moins avouables.
Pendant ce temps, les contribuables camerounais continuent de payer le prix fort pour un système de péage qui aurait dû générer des revenus, mais qui s’avère être un gouffre financier. Une situation qui mérite toute l’attention des autorités de contrôle et qui devrait servir de leçon pour les futurs projets d’infrastructure dans le pays.
