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Sites pornographiques au Nigeria: FERMETURE IMMÉDIATE ordonnée par le Parlement!

Pornhub interdit

Le Nigeria vient de franchir un cap décisif dans sa croisade contre les contenus jugés immoraux sur internet. Dans un vote qui fera date, la Chambre des représentants nigériane a adopté une mesure radicale ordonnant la fermeture immédiate de tous les sites pornographiques accessibles dans le pays. Cette décision fracassante, portée par le député Dalhatu Tafoki, soulève une tempête de réactions contradictoires et pose la question fondamentale de l’équilibre entre moralité publique et libertés individuelles.

Une offensive morale qui divise profondément la société nigériane

Les arguments avancés par les partisans de cette interdiction reposent essentiellement sur des considérations morales et sociétales. Pour le député Tafoki et ses soutiens, la pornographie représenterait une menace existentielle pour les « valeurs traditionnelles nigérianes » et contribuerait à la dégradation du tissu social. « Notre culture ancestrale est incompatible avec cette invasion de contenus dégradants« , a-t-il martelé lors des débats parlementaires, recueillant les applaudissements nourris d’une partie significative de l’hémicycle.

Le puissant lobby religieux, tant musulman que chrétien, a logiquement salué cette initiative comme une « victoire pour la moralité« . Les leaders de communautés religieuses avaient effectivement mené un lobbying intense auprès des législateurs ces derniers mois. Cette convergence rare entre les différentes confessions témoigne de l’importance accordée à cette question dans un pays où la spiritualité demeure un pilier identitaire essentiel.

Les inquiétudes grandissantes des défenseurs des libertés fondamentales

À l’opposé du spectre, des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une atteinte inacceptable aux libertés fondamentales. « Nous assistons à une dérive dangereusement liberticide », s’alarme Chijioke Nwankwo, juriste spécialisé dans les droits numériques. « Aujourd’hui la pornographie, demain quoi? La critique politique? Les médias indépendants? »

Ces inquiétudes sont partagées par de nombreuses organisations de défense des droits humains qui craignent un effet domino. Selon un rapport publié par Digital Rights Africa, « les outils de censure développés contre la pornographie peuvent facilement être redéployés contre des contenus politiques ou journalistiques ». Une préoccupation qui résonne particulièrement dans un pays où la liberté de la presse a connu des hauts et des bas ces dernières années.

Les défis techniques et l’efficacité douteuse d’une telle mesure

Au-delà du débat éthique, la question de l’applicabilité concrète de cette interdiction reste entière. Les experts en cybersécurité pointent unanimement les difficultés techniques considérables que pose une telle ambition. Les VPN (réseaux privés virtuels) permettent déjà à des millions de Nigérians de contourner les restrictions existantes sur certains contenus, et rien n’indique que cette nouvelle interdiction sera plus efficace.

« C’est comme essayer d’arrêter l’océan avec ses mains », résume avec une pointe d’ironie Adebayo Ogunlesi, consultant en technologie basé à Lagos. « Pour chaque site bloqué, dix autres apparaîtront, et les utilisateurs s’adapteront rapidement. » Ce scepticisme est d’autant plus justifié que le Nigeria manque cruellement des infrastructures sophistiquées de filtrage internet dont disposent des régimes plus autoritaires comme la Chine.

Cette décision s’inscrit dans un contexte régional où plusieurs pays africains tentent de réguler plus strictement internet, souvent au nom de la protection des valeurs traditionnelles. Le Ghana voisin et le Kenya ont récemment évoqué des mesures similaires, sans toutefois aller aussi loin que le Nigeria.

Alors que le débat fait rage, une question demeure: cette interdiction répondra-t-elle véritablement aux préoccupations morales qui l’ont motivée, ou ne fera-t-elle qu’accroître l’utilisation des outils de contournement tout en ouvrant la porte à une censure plus large? La réponse à cette question cruciale déterminera non seulement l’avenir numérique du Nigeria, mais pourrait également influencer les politiques internet dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Par Jean-Paul Dzomo Nana pour 237online.com

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