René Emmanuel Sadi : « les relations entre Yaoundé et Washington sont parfaites »

Rene Emmanuel Sadi

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais a accordé une interview à Rfi ce mardi matin. Au micro de Christophe Boisbouvier, il revient sur la sortie de Me Dupond Moretti, avocat de Maurice Kamto et sur le séjour de Tibor Nagy, sous-secrétaire d’Etat américain en charge des Affaires africaines au Cameroun.

Monsieur le Ministre, bonjour.

Bonjour…

Me Dupond Moretti, l’un des avocats Français de Maurice Kamto appelle à la sagesse du pouvoir pour que l’on trouve rapidement une solution pour son client. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Me Dupond Moretti est sans aucun doute un avocat de renom. Mais nous déplorons la condescendance et les propos désobligeants tenus par monsieur Moretti, dont la lecture des faits, ou alors la version qu’il en a reçue sont complètement fausses. Toutes choses qui l’amènent à s’éloigner du terrain juridique pour embrayer sur des considérations politiques, car les chefs d’accusation ayant motivé l’arrestation de Monsieur Kamto et ses partisans, ainsi que leur mise en détention provisoire sont clairs et conformes aux lois et règlements du Cameroun. On ne saurait donc les qualifier d’arbitraire ou d’ubuesque comme l’a affirmé péremptoirement monsieur Moretti.

Alors dans son interview sur Rfi ce lundi matin, Me Dupond Moretti prête à son client Maurice Kamto les mots suivants : « Je souhaite dire un certain nombre de choses au président Biya, je ne veux pas mettre de l’huile sur le feu, mais je veux aussi qu’on respecte mes droits… »

Ecoutez, nous demandons à monsieur Moretti qui n’est pas venu au Cameroun comme médiateur, et qui au demeurant, se défend d’être un donneur de leçon ou un incendiaire, de s’en tenir strictement à la mission qui est la sienne, c’est-à-dire, assurer la défense de ses clients devant la justice camerounaise et non pas se faire l’écho d’arguments ineptes ou de revendications surréalistes à propos d’une prétendue victoire volée à monsieur Kamto.

Mais la demande faite par monsieur Kamto d’une rencontre avec son ex adversaire Paul Biya, n’est-ce pas un geste d’ouverture ?

Le président Biya ne peut pas être considéré comme étant à mettre sur un même pied d’égalité que monsieur Kamto. Monsieur Kamto est un citoyen comme tout le monde, je crois qu’il doit aujourd’hui cesser de se considérer comme un alter- égo. Je tiens à préciser que monsieur Kamto et ses partisans sont devant la justice camerounaise pour des faits n’ayant aucun rapport avec leur engagement politique.

Les accusés risquent la peine de mort alors qu’ils n’ont tués personne, est-ce que cela ne peut pas paraitre choquant ?

Ecoutez, les lois sont les lois et la justice appréciera. J’imagine que il appartient aux juges camerounais d’apprécier la gravité des faits des uns et des autres et de prendre les sentences que les uns et les autres méritent.

L’Union européenne par la voix de Federica Mogherini dénonce l’ouverture de procédures disproportionnées à l’encontre de Maurice Kamto et de ses quelques 160 compagnons de détention. Est-ce que tout cela ne nuit pas à l’image de votre pays ?

Bon écoutez, Maurice Kamto et ses partisans ont été interpelés, non pas pour des faits d’ordre politiques, mais pour des faits de droit commun. Ils ont appelés à l’insurrection, ils ont appelés à des manifestations interdites. Et vous vous souvenez de la mise à sac des ambassades du Cameroun à Paris et Berlin, qui sont le fait de partisans de monsieur Maurice Kamto et nul ne peut nier que tous ces actes ont été commis à l’appel de monsieur Maurice Kamto et de ses partisans.

A plusieurs reprises, Maurice Kamto a dénoncé les attaques des ambassades du Cameroun à l’étranger. Coté américain, le sous-secrétaire d’Etat Tibor Nagy, déclare qu’il serait sage de libérer Maurice Kamto. N’est-ce pas un avis qui pèse quand même, celui de votre allié américain ?

Mais écoutez, ces affirmations sont des affirmations non fondées. Nous devons tous attendre les décisions qui seront prises par notre justice qui est une justice indépendante et qui est composée de magistrats expérimentés et aussi qui ne subissent aussi aucune influence de la part des pouvoirs publics, et qui sauront rendre justice.

Est-ce que l’audience que le président Paul Biya a accordé ce lundi au sous-secrétaire d’Etat Américain Tibor Nagy à Yaoundé, peut faire avancer le dossier Maurice Kamto ?

Ecoutez, de ce que je sais de l’audience, ces questions n’ont pas été évoquées. Cette audience s’est déroulée dans de très bonnes conditions. Les propos de circonstance qu’on a pu entendre ces derniers temps, n’ont en aucune façon portés atteinte aux excellentes relations entre les Etats-Unis et le Cameroun. Monsieur Tibor Nagy l’a lui-même déclaré au sortir de l’audience où il a réitéré que les relations entre Yaoundé et Washington sont parfaites, de même, a-t-il ajouté, que les perspectives d’avenir entre nos pays iront en se renforçant sur tous les plans, notamment au plan commercial, et que nos deux gouvernements vont œuvrer dans ce sens. Enfin, après avoir affirmé l’attachement des Etats-Unis à la stabilité et à l’indivisibilité du Cameroun, il a rendu un vibrant hommage au président Paul Biya, dont il a apprécié la sagesse et l’intelligence.

Alors parmi les propos de circonstance de Tibor Nagy, il y a cette déclaration, c’était sur Rfi, il y a quelques jours sur la crise anglophone. Le sous-secrétaire d’Etat américain a déclaré que la crise pourrait être surmontée si par exemple les gouverneurs des provinces du Nord-Ouest et du Sud-ouest étaient élus par les populations de ces deux provinces…

Ecoutez, le processus de décentralisation est en cours. Dans les mois qui viennent certainement des élections régionales seront organisées, les conseillers régionaux seront élus, et les personnalités locales des différentes régions auront naturellement les pouvoirs accrus pour elles-mêmes assumer leurs responsabilités locales. Mais monsieur Nagy a saisi l’occasion pour suggérer au gouvernement camerounais d’organiser des rencontres, des concertations, nous accédons à ce genre de proposition. Et aujourd’hui comme vous le savez, une commission pour faire appel à nos compatriotes égarés, à été mise en place et la main leur est tendue, le processus est en cours, et nous pensons que toutes ces initiatives permettront au Cameroun, dans les délais assez brefs, de rétablir la stabilité, l’ordre et la paix dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest.

René SADI, Merci

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