Propos de Macron sur le Cameroun: Juste une fiction de la crotte

Macron et des pédés

C’est un peu une actualisation d’un vieux classique du cinéma camerounais, « Le Grand Blanc de Lambaréné », ce bienfaiteur émérite, admiré et admirable, qui commis quand même l’excès un jour de gifler un homme, et bien des choses changèrent dans sa relation à son monde.

Mais, Emmanuel Macron n’est pas Bassek ba Kobbio, ni son interlocuteur André Wilms. La mise en scène s’en trouve juste un peu forcée, et le scénario parfois irréel.

Le Salon de l’Agriculture, rendez-vous annuel des présidents français, d’où ils tirent matière à repolir une image sociale parfois lacérée par les rigueurs élyséennes, au creux d’un large brassage, prête ses senteurs vertes à la scène. L’on y renoue avec la nature, le bio, l’authentique. Puis, soudain, dans la foule bigarrée qui se presse autour du jeune président français, monte la voix larmoyante d’un rebu de la mer. L’homme insiste et persiste comme seuls savent le faire les cris de désespoir. Touché et attendri, le fin démocrate français fond et fend la foule pour aller au-devant du miracle de l’homme qui a échappé au goulag par la méditerranée. L’échange inespéré se déroule sur fond de bruitage. Des mots et des chiffres crépitent, le scénario, la traduction et le sous titrage éclatent sur des voies divergentes.

Ainsi quand les images montrent Macron préoccupé par les droits de l’Homme et l’Etat de droit au Cameroun, le sous titrage campe, pour sa part, Bolloré et les Brasseries du Cameroun. Plus loin, quand les images annoncent de nouvelles pressions de Macron sur le président Biya pour le règlement de la crise anglophone, le sous titrage et la traduction renvoient plutôt à la fin des accords de traite entre la France et la Cameroun, et leur non renouvellement par Paul Biya. Le film, à la fin, suggère un véritable théâtre d’ombre et de lumière où ce qui est caché est plus important que ce qui est donné à voir.

Coté de la critique, les colonnes s’enflamment. « Le Grand Blanc de Lambaréné » est salué par tous les déshérités qui croient enfin tenir la solution au Code Biya. L’on se pâme à l’extase sur les prochaines pressions Macron qui vont aboutir à l’élargissement de tous les prisonniers, jusqu’à la libération d’Etoudi. En face, l’on rit sous cape sur Candide qui pense que le château de son maître est le plus beau et le plus grand du monde, parce qu’il a une porte et des fenêtres.

Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, puisqu’il suffit d’un coup de téléphone de Paris pour que Kamto soit libéré et intronisé, Bolloré rétabli, les brasseries soulagées de leurs charges fiscales, tous les prisonniers élargis, la paix décrétée dans la zone anglophone, Boko Haram stoppé, la Russie éjectée de la SONARA, l’économie relancée et les projets mieux suivis.
Assurément, les effluves bio ont quelque chose de grisant ; certains semblent y perdre les usages, les canons, pour s’essayer aux charmes de la nature, dopés par les senteurs vertes de la terre. Du coup, « ça sort comme ça sort », on dit tout, on promet tout, on révèle tout, jusqu’aux secrets d’Etat, parce qu’il faut singer la nature paisible et sincère des animaux qui baillent à l’entour, en poussant des boules de crotte fraiche…
Or, on le sait, tout le monde n’a pas ses habitudes de mettre les pieds dans la crotte ; certains effets, pour certains, sont proches de l’ivresse des cimes. Rideau !

Dommage, ce n’était qu’un film, une fiction montée d’une main amateur pour adresser un message subliminal d’exaspération à un partenaire coriace.
L’affaire n’est pas sans un authentique bénéfice ; au moins sait-on désormais que la France n’est pas contente du Cameroun, pas tant pour les élections, les droits de l’Homme et autres balivernes de même nature que pour les affaires qui ne sont plus si Francafrique que ça ; et ça, c’est un grave péché dont les dégâts ne font que commencer, y compris pour ceux qui aujourd’hui se croient du bon côté de la terre ferme. Ces sables mouvants pourraient nous engloutir tous ; attention !

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