Princesse Juliette Biakeu: « Le Cercle Mondial des Reines et Princesses promeut nos traditions et nos traditions »

La présidente-fondatrice du Cercle Mondial des Reines et Princesses, nous édifie sur les ambitions de cette association qui vise à promouvoir notre culture.

Pouvez-vous nous présenter le cercle mondial des reines et princesses ?

Le Cercle Mondial des Reines et Princesses (Cemorep) est une association qui a été créée en 2017 pour regrouper au préalable, les reines et les princesses du Cameroun. Le point de départ a été de réunir les reines et les princesses du département du Ndé. Ensuite, nous avons pu y intégrer la région de l’Ouest, puis tout le Cameroun.

Cela signifie-t-il que dans votre association, l’on peut retrouver les reines et les princesses de tous les univers ?

Bien sûr. Les reines et les princesses viennent de tout le Cameroun. L’on a aussi dans nos rangs celles des pays comme le Congo, le Burkina Faso, l’Indonésie… Elles viennent du monde entier.

D’où est venue une pareille idée ?

Je voudrais commencer par préciser ici que le Cemorep est né d’une vision furtive que j’ai eue en 2007 à Bangangté lors du congrès des enfants Bangangté. Alors que je m’exprimais à la tribune, j’ai eu comme une sorte de flash où je me voyais au milieu des reines et des princesses. Elle était assez claire, et cela a bien sûr retenu mon attention. J’en ai parlé à mon époux qui a trouvé l’idée géniale. Mais il s’est tout de suite posé la question de la faisabilité d’un tel projet. Ensuite, j’ai rencontré Maveun Kamdoum Lisette qui est aujourd’hui la vice-présidente Afrique, avec qui j’ai discuté dudit projet. Elle a tout de suite adhéré et, c’est de là que tout est parti. J’ai d’abord commencé à rassembler les numéros des reines que je rencontrais.

Est-ce que cela a été facile de regrouper toutes ces reines et princesses dans un cercle ?

Cela n’a pas été facile de le faire. Il a fallu faire beaucoup de déplacements au Cameroun, en Europe, en Amérique pour rencontrer tous ces gens et les regrouper. Il fallait d’abord les réunir, leur parler du projet et elles ont adhéré.

Mais quels peuvent être les objectifs d’une telle association ?

L’objectif principal est de réunir des reines et des princesses dans le but de se mettre ensemble afin de valoriser nos traditions, nos cultures. Dans les temps anciens, les reines étaient respectées, elles coachaient les rois, leur donnaient des conseils, allaient vers la communauté pour transmettre des messages… C’était des diplomates de l’ombre. Aujourd’hui, cette aura qu’elles avaient d’antan a fortement diminué. Il est ainsi question, à travers cette association, de faire en sorte que les reines et les princesses se réapproprient leur rôle.

Vous êtes originaire de l’Ouest, spécifiquement du département du Ndé. Est-ce que les rois du Ndé et de l’Ouest ont accueilli favorablement cette idée ?

Globalement, l’idée a été favorablement accueillie. Nous avons rencontré les rois qui ont donné leur onction. Ils nous ont encouragés dans cette voie. Ils ont besoin de reines qui les encadrent, ce qui aujourd’hui fait défaut. Sachant qu’il y a déjà ce cercle qui regroupe les reines qui vont les aider à mieux gouverner, ils sont contents. Ils nous ont même proposé d’être ceux-là qui vont sélectionner leurs reines et leurs princesses qui vont intégrer le Cemorep. A notre niveau, il y a des reines valeureuses qui ont été cooptées, mais, pour d’autres, il s’est agi du choix des rois.

Deux ans après la mise sur pied effective de cette association, quel bilan faites-vous ?

Pour nous, le bilan est positif. Il y a des réalisations qui ont été faites, telles que l’organisation récente d’un séminaire sur le vivre-ensemble. Avec le contexte ambiant, la problématique pour nous était d’actualité. L’on a donc pensé au rôle des reines et des princesses, qui est celui de rassembler.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce séminaire ?

On parlait de cohésion sociale et de développement durable. Comment une reine peut-elle être financièrement indépendante, comment accueillir les étrangers que l’on reçoit. Nous avons cultivé l’esprit de partage et de convivialité. Il était aussi question de former les reines au vivre-ensemble, les pousser à fédérer les populations chacune dans son territoire de compétence, pour que le vivre-ensemble soit effectif et réel.
Vous parlez de vivre-ensemble, qui est aujourd’hui très présent dans le discours politique. Votre association poursuit-elle un objectif politique ?
Non. Nous sommes une association apolitique et à but non lucratif. C’est une association humanitaire. Nous versons plutôt dans le domaine économique, social et culturel.

Voulez-vous nous dire par là qu’une pareille idée si novatrice n’a pas aiguisé les appétits de l’élite ou même de la classe politique de l’Ouest ?
Cette association attise beaucoup de convoitises. Il y a beaucoup de problèmes, nous sommes très combattues. L’on veut à tout prix et à tous les prix nous arracher le Cemorep. Nous recevons des menaces, des intimidations, des coups de fil d’individus non identifiés, des visites nocturnes suspectes… L’on dit du mal de nous, l’on nous accuse de tous les maux.

Comment une association qui se veut humanitaire se retrouve face à un tel vent néfaste ?

Cette affaire qui me dépasse. J’ai encaissé tellement de menaces que j’ai dû fuir ma demeure. Il ne s’agit que d’une association née en 2017. Nous marquons nos premiers pas, nous la finançons nous-mêmes pour l’atteinte de nos objectifs, parce que nous avons foi que ce projet sert la communauté en général. Je n’ai aucun objectif politique. Je fais dans l’humanitaire, ainsi se résume pratiquement toute ma vie depuis 1974. C’est mon domaine de prédilection. Même au Canada où je vis, c’est ce que je fais. J’ai organisé tellement de choses. Tenez par exemple, j’ai reçu des maires camerounais au Canada, envoyés par le gouvernement camerounais pour leur formation sur la décentralisation. J’ai organisé à Yaoundé en 2006, une conférence sur le renforcement de la coopération économique entre le Canada et l’Afrique : le cas du Cameroun. Je ne comprends donc pas pourquoi une petite association comme la nôtre peut aiguiser autant d’appétits.

Malgré toutes ces menaces, êtes-vous toujours décidée à mener les activités de cette association ?

Je ne peux pas baisser les bras. Une princesse est une femme forte de caractère. Peu importe celui ou celle qui se cache derrière ces menaces, nous allons poursuivre nos activités. Les reines et les princesses comptent sur moi pour mener le projet à bout, et on va le faire. Même ma vice-présidente, Mme Kamdoum Lisette, est également menacée. Car, c’est l’un des témoins de la naissance du Cemorep ; elle fait partie de ceux qui ont porté le Cemorep sur les fonts baptismaux.

Certains affabulent en déclarant que ce projet d’association était leur idée à l’origine. Mais, c’est du mensonge.

Vous préparez un congrès mondial des reines et princesses. Vous semblez vouloir monter d’un cran.

Bien sûr. Mais, avant d’arriver à ce congrès mondial, après le séminaire que nous avons organisé en juillet, il y a des ateliers qui vont suivre, ce jusqu’au congrès qui aura lieu en novembre prochain. Les reines seront davantage préparées à ce vivre-ensemble. Le congrès portera sur la tradition face à la mondialisation. Nous espérons tout simplement que le gouvernement camerounais va accompagner cette initiative. Nous lui lançons un appel dans ce sens.

L’on vous écoute, mais l’on finit par se demander qui est vraiment Juliette Biakeu ?

La princesse Biakeu est une camerounaise, née à Yaoundé de parents Bagangté et Bangoulap, qui a passé une partie de sa vie au Cameroun avant de s’envoler pour le Canada où j’ai vécu la plus grande partie de ma vie. Je fais mes classes dans la coopération internationale. Je suis aussi une femme d’affaires. J’avais auparavant mis sur pied, Princesses femmes internationales, une compagnie qui fait dans la coopération internationale et dans les affaires. Je suis aussi une Pdg, fondatrice de l’association des femmes dynamiques du Cameroun. C’est à travers cette association que le premier défilé du 08 mars à Bangangté a eu lieu… Je suis mariée, mère de 6 enfants. Bien que je vive au Canada, j’ai toujours cet amour pour le Cameroun.

Votre mot de fin ?

Je voudrais juste regretter que mon projet suscite tant d’envies que je reçois des menaces. Mais, personne ne peut m’influencer. Le Cemorep va continuer son parcours. Je dis aux reines et princesses qui ne sont pas encore dans l’association que les portes leur sont ouvertes. Je voudrais aussi remercier notre marraine, Nana Yvette, pour son soutien, ses conseils constructifs et son accompagnement.

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