Une secousse politique majeure ébranle le paysage électoral camerounais. Le « Partisans du Changement du Grand Nord » (PCGN), un nouveau mouvement politique, vient de lancer un appel vibrant pour un « sursaut républicain national » en vue de l’élection présidentielle de 2025. Ce manifeste cinglant, signé par plusieurs personnalités influentes du septentrion, pourrait redessiner les équilibres politiques dans une région traditionnellement acquise au parti au pouvoir.
Le Grand-Nord se révolte contre « 43 ans de phénomènes » RDPC
Le constat dressé par le PCGN est sans appel: le Grand-Nord camerounais, délaissé depuis des décennies, subit de plein fouet les conséquences d’une gouvernance défaillante. Comme l’a récemment analysé 237online.com dans son dossier sur les disparités régionales, l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua sont ravagés par « la pauvreté endémique, la famine, les maladies, la sous-scolarisation, la rareté de l’eau potable et de l’électricité », sans oublier « les incursions récurrentes de Boko Haram » et « les demandes exorbitantes de rançons aux familles qui désertent les zones rurales ».
Plus accablant encore, le document dénonce « la disparition totale des entreprises qui constituaient le socle du tissu économique du Grand Nord » comme Sodecoton, la Cicam, le Semry, Cimencam, le Centre Zootechnique et Vétérinaire de Wakwa, la Conserverie de Viande Bovine de Salak, l’abattoir, et l’usine de riz du Mayo Danay. Cette liquidation systématique serait, selon les signataires, le symptôme d’un « abandon délibéré » par le pouvoir central.
Une alliance inédite pour « instaurer un autre Cameroun »
Ce qui fait la force de cette initiative, c’est l’alliance de personnalités d’horizons divers, toutes issues du Grand-Nord: Paul Batolasson, Abdoulaye Harisou, Martine Saïdou Hiva, Mohamadou Talba, et plusieurs autres figures connues de la région ont apposé leur signature sur ce manifeste rédigé à Maroua, Garoua et Ngaoundéré le 13 mars 2025.
Leur objectif est clair: fédérer « toutes les énergies susceptibles de permettre au Cameroun de tourner (enfin) la page de 43 ans de phénomènes et de construire un autre Cameroun: prometteur, protecteur et juste pour l’ensemble de ses filles et fils ». Une ambition qui résonne particulièrement dans une région qui, malgré son poids électoral « stratégique », se sent marginalisée et instrumentalisée.
Le document dénonce également « la corruption généralisée« , « le népotisme », « l’instrumentalisation de la diversité ethnique », « la prise en otage des institutions républicaines », et « la monarchisation du pouvoir de l’État ». Un réquisitoire sans concession contre le système RDPC qui pourrait trouver un écho favorable auprès d’une population nordiste de plus en plus désenchantée.
Alors que la présidentielle de 2025 approche à grands pas, ce manifeste marque-t-il le début d’une véritable révolution politique au nord du Cameroun? Une chose est certaine: le parti au pouvoir ne pourra plus compter sur le soutien automatique de son ancien bastion électoral.
