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OTS santé : Le mot d’ordre de grève n’a pas été suivi à Douala

Société

Les personnels des hôpitaux publics de Douala ont vaqué à leurs occupations dans l’indifférence totale, certains ignorant l’annonce du débrayage.

Ce mercredi 16 mars est un jour comme les autres à l’hôpital du district de santé de la Cité des Palmiers, situé à seulement dix minutes en voiture de l’hôpital général de Douala. Plus que 40 minutes, et ce sera la mi-journée. Le poste d’accueil et d’enregistrement des patients est situé tout juste derrière le petit portail bleu, le long d’une rue secondaire, à l’arrière du compartiment abritant les bureaux du district de santé éponyme. Des infirmières assises s’emploient à l’enregistrement des carnets et à la prise des paramètres des patients qui viennent d’arriver. Visiteurs et garde-malades sont assis sur des bancs rangés le long des couloirs desservant les différents blocs de cette formation hospitalière.

Une porte après celle de la pharmacie, une femme petite et ronde, coiffée de tresses longues, paie ses factures à la caisse de l’hôpital. « Ma cousine a été opérée », dit-elle à la caissière avant de s’en aller. Elle retourne pour remettre à la caissière un petit coupon vert qu’elle a rangé dans ses documents par oubli. C’est à peine si cet autre jeune infirmier, que nous rencontrons dans l’un des couloirs, tout juste derrière le service d’accueil, a écouté notre préoccupation : « Renseignez-vous là-bas », nous dit-il, sentencieux, en montrant du doigt la direction de l’établissement sanitaire, qui jouxte le bloc hospitalisation médecine femme. Des patients entrent dans ce bloc et en sortent, les uns après les autres.

Comme cette femme âgée, tenue par deux personnes, qui y entre, peu avant 12heures. « Ma mère a chuté depuis hier. Nous sortons des urgences, d’où on nous a référés ici », déclare Christelle, la fille de la patiente. Fallone, une étudiante en sciences de la santé à l’Institut supérieur des sciences appliquées (Isa) de l’Institut universitaire du golfe de Guinée (Iug), en stage à l’hôpital du district de la Cité des Palmiers, nous a rejoint sur un banc disposé en face de la porte à double-battants de ce bloc. Suivie d’une autre stagiaire en blouse blanche : « On attend d’abord que les enseignants terminent leur grève », ironise Fallone avant de préciser qu’elle « ne travaille pas encore ici ».

Une flopée de stagiaires

Au laboratoire, tout comme à l’unité de prise en charge (Upec) Covid-19 de l’hôpital de la Cité des Palmiers, le personnel soignant ne se ronge pas les pouces. Bientôt, la « cousine » de la femme citée plus haut traverse le couloir, allongée sur un brancard tiré par des vigiles en jaune, qui conduisent la patiente à l’unité dédiée à la consultation pédiatrique. La patiente vient du bloc opératoire. La même ambiance est observée à l’hôpital du district de santé de Logbaba, toujours dans le 5ème arrondissement de Douala. Tout comme à l’hôpital de district de la Cité des Palmiers, des stagiaires sont nombreux parmi le corps enseignant. Ils se comptent par dizaines. « Le gros du personnel, ici comme ailleurs, est constitué de personnels d’appui. Ils font le stage et, après, ils ont des difficultés à se faire recruter », lance Martin, technicien de laboratoire.

Pendant que nous sortons du pavillon oto-rhino-laryngologie (Orl) de l’hôpital Laquintinie de Douala pour nous diriger vers la sortie, deux jeunes femmes en blouse blanche, sollicitées par le reporter du Jour affirment : « les sages-femmes sont à leur poste de travail ». Elles disent ne rien savoir du mot d’ordre de grève lancé par des professionnels de la santé, au sortir d’une réunion tenue le 11 mars, sous le slogan « On a trop supporté/Santé » (OTS Santé). Dans le communiqué largement relayé dans les colonnes de notre livraison n° 3627 du lundi 14 mars 2022, le porte-parole de ce mouvement, Biakolo Ekassi, annonçait alors qu’ils observeront une grève générale le 16 mars « suite au refus du dialogue entre les représentants du personnel et le Minsanté afin de résoudre les multiples problèmes que pose le personnel de santé ».

Les signataires du document précisaient leurs motivations. Ils exigent le reversement de tout le personnel décisionnaire et contractuel dans le corps des fonctionnaires ; le recrutement des temporaires qui représentent 70% du personnel des formations sanitaires et qui travaillent sans salaire. Ils dénoncent en outre le non-paiement des arriérés de salaire, gratifications, ordres de missions ; le non-respect des textes en vigueur ; la mise à l’écart du personnel affecté au profit des relations ; les tortures du personnel au sein du ministère de la Santé publique. Les sommes à eux dues, au titre des arriérés d’avancement et des autres réclamations, se chiffreraient à plus de 150 milliards de francs CFA selon ces professionnels de la santé.

« Nous avons décidé de sursoir à l’appel de grève du mercredi 16 mars 2022, dans le but de reformuler nos doléances », peut-on lire dans le communiqué du mouvement Ots personnel de santé rendu public hier, jour de démarrage du mot d’ordre de grève.

Théodore Tchopa / 237online.com

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