Olivier Bibou Nissack : « Personne, y compris un gouverneur du Littoral, ne peut interdire ce que la Constitution camerounaise autorise. »

Bibou Nissack

Le porte-parole de Maurice Kamto revient sur le procès annoncé de Me Michèle Ndoki qui n’aura pas, dit-il, un impact sur le programme de résistance lancé parle Mrc.

Quelle est la réaction du Mrc au sujet du ‘’procès’’ de Me Ndoki qui est annoncé pour le 6 novembre ?


Il convient d’abord de dire qu’il s’agit d’un procès concernant Me Michèle Ndoki et plus d’une quarantaine d’autres résistants nationaux pacifiques. Ensuite l’on peut s’interroger en s’étonnant de savoir si un acte d’une autorité administrative, fut-elle du rang de gouverneur du Littoral, peut se situer au-dessus de la Constitution camerounaise. Autrement-dit comment comprendre que par une décision administrative le gouverneur du Littoral puisse suspendre l’application de la Constitution camerounaise ? Comment comprendre que ce même gouverneur puisse voir consacrer par un chef d’accusation en correctionnel son acte anti constitutionnel ? Nous pensons clairement que personne, y compris un gouverneur du Littoral, ne peut interdire ce que la Constitution camerounaise autorise. Des manifestants pacifiques, procédant à une revendication politique paisible ne peuvent pas être poursuivis comme s’ils étaient des assassins ou des criminels de grand chemin. C’est un abus ; cela relève d’une gestion politicienne de l’appareil judiciaire. Ces personnes n’ont rien à faire devant le prétoire en tant qu’accusées car elles ont exercé un droit constitutionnel basique et élémentaire. Celui de pouvoir manifester pacifiquement et s’exprimer librement en disant non à un ‘’Holdup électoral’’ flagrant et criard ! Ce procès est injuste et politique.

Avez-vous une compréhension particulière de la date du 6 novembre pour l’audience puisque la prestation de serment de Paul Biya est également prévue ce jour-là ?

Le 06 Novembre de cette année, plus que les autres, est l’ultime rappel douloureux d’un pays présidé et gouverné sur les pentes d’un ‘’anti destin’’. Si vous me permettez l’emprunt à Mongo Beti. C’est le jour du triomphe de ce qui par nature est voué à l’échec, la fraude ce 06 novembre va briller de mille feux tandis que la vérité va paver le tissu du tapis rouge qui sera foulé par celui qui arbitrairement va se présenter comme chef de l’Etat du Cameroun. C’est un jour d’assassinat symbolique de la vérité par le mensonge avec en fond sonore le roulement solennel des tambours militaires, les notes joyeuses des trompettes et le claquement sentencieux des cymbales. Ce jour doit aussi permettre aux adeptes de la vérité de se faire voir et entendre pacifiquement afin que les forces du mal ne l’emportent pas entièrement sur celles du bien. Ainsi sera maintenue vivace la frêle lumière de l’espoir. Ce qui aura lieu ce 06 novembre n’est pas une prestation de serment, mais plutôt une ‘prestation d’affront’’ à la démocratie camerounaise.

Ce procès peut-il avoir un impact sur le programme de résistance lancé il y a quelques jours ?

D’abord permettez moi de vous faire observer que les procès contre les faux observateurs de Transparency international demeurent attendus ; que le procès de l’auteur des faux sondages commandités par un proche parent du Minat demeure attendu ; que le procès des informaticiens dont l’imagination fertile a servi de creuset à la fabrication ex nihilo des faux chiffres donnant le candidat du Rdpc gagnant, fait attesté par ailleurs en pleine audience du Conseil constitutionnel par le brandissement de procès verbaux irréguliers et donc frauduleux et faux ; que ce procès, disions-nous, demeure lui aussi attendu. Tout ceci pour dire qu’une justice que certains voudraient mettre aux ordres ne peut empêcher que le Programme national de résistance continue son déploiement, car ce programme dans la mise en œuvre de ses actions, repose sur un triptyque soigneusement élaboré : Le pacifisme (non violence) la constitutionnalité et la légalité. L’arbitraire et la violence qui sont aujourd’hui opposés aux marcheurs et autres manifestants pacifiques que nous sommes ne nous empêchera pas de continuer de dire ‘’Non au holdup électoral’’. Ultimement, ceux qui ont aujourd’hui pris le pari d’assumer le caractère despotique et autocratique de notre République, par le piétinement insurrectionnel des droits et des libertés des Camerounais, en répondront devant l’histoire et le peuple qui habite notre chère patrie. Au fond, si l’on veut les vrais coupables, ils sont là, car c’est eux qui répriment par la force et la violence, ce qui est exprimé par la non-violence.

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