Mort de Martinez Zogo : un signe de la décomposition du régime de Paul Biya

Martinez Zogo

Le Cameroun est en état de choc à la suite du meurtre brutal du journaliste Martinez Zogo, un critique farouche de la corruption dans les plus hautes sphères de l’État.

Ce meurtre indique une détérioration grave du régime monarchique de Paul Biya, où une justice corrompue agit à la solde du pouvoir en place pour éliminer les opposants et les ambitieux.

Martinez Zogo, 51 ans, était une voix populaire sur Amplitude FM, où il dénonçait quotidiennement le fonctionnement mafieux des différents clans du régime. Il a été enlevé le 17 janvier à Yaoundé et sa dépouille atrocement mutilée a été retrouvée cinq jours plus tard. Dans un pays où le journalisme est un métier dangereux et exposé à de fortes pressions, cet assassinat brutal est un message d’intimidation révoltant qui doit susciter l’horreur et l’indignation de la communauté internationale.

La violence, le secret, le clanisme et la prédation sont des caractéristiques depuis longtemps associées à la gouvernance de Paul Biya, qui est au pouvoir depuis 1982. Cependant, le meurtre brutal de Martinez Zogo, peu de temps avant le 90e anniversaire de l’autocrate, est un signal clair que tout est permis dans l’impitoyable guerre ouverte pour sa succession.

Un régime monarchique aux institutions républicaines

La mort du journaliste est un signal clair de la décomposition d’un régime aux institutions républicaines masquant un fonctionnement monarchique. La justice, au lieu de garantir les libertés civiques, sert les intérêts du régime et élimine les ambitieux et les opposants. La mise à mort de Martinez Zogo, exécutée par des agents de l’État, est donc une menace pour l’ensemble des droits et libertés civiques au Cameroun.

Des tensions accrues liées à la succession de Paul Biya

Bien que toutes les manipulations soient possibles, l’arrestation de plusieurs responsables des services de renseignement et le témoignage recueilli par Reporters sans frontières présentent Jean-Pierre Amougou-Belinga, homme d’affaires et patron d’un groupe de médias, comme le principal commanditaire de l’assassinat. Martinez Zogo l’accusait dans ses émissions de profiter des largesses et de l’appui des ministres des finances et de la justice. Les deux hauts responsables en question sont des figures de proue d’un clan en lice pour le pouvoir, en rivalité avec une autre faction animée par le secrétaire général de la présidence, qui a été le premier à annoncer les arrestations.

L’assassinat de Martinez Zogo est donc un signe clair que le Cameroun risque de vivre une période trouble après le départ de Paul Biya, qui personnifie la continuité du pouvoir hérité du dictateur Ahmadou Ahidjo (1960-1982). Ce pouvoir est directement issu de l’écrasement par la France de la révolte en pays bamiléké dans les années 1950, une guerre d’indépendance dont les blessures sont encore profondes dans la société camerounaise.

La succession de Paul Biya est depuis longtemps un sujet de préoccupation majeur pour les observateurs de la politique camerounaise. Le régime monarchique du président Biya, qui n’a jamais désigné de dauphin, a créé une atmosphère de rivalité féroce entre les différentes factions au sein du pouvoir. Le meurtre brutal de Martinez Zogo ne fait qu’accentuer les tensions et laisse présager une lutte encore plus acharnée pour le pouvoir dans les mois à venir.

Des appels à une enquête internationale

L’assassinat de Martinez Zogo a suscité une vague d’indignation au Cameroun et dans le monde entier. Les organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté de la presse ont appelé à une enquête internationale pour faire la lumière sur cette affaire et traduire les responsables en justice. La communauté internationale doit se montrer ferme et exiger que les autorités camerounaises fassent toute la lumière sur cet assassinat et punissent les coupables, quelle que soit leur position au sein du pouvoir.

Le meurtre brutal du journaliste Martinez Zogo est un signal d’alarme pour la communauté internationale. Il met en évidence les dangers auxquels sont confrontés les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme au Cameroun, où la justice est corrompue et où les libertés civiques sont bafouées. Les autorités camerounaises doivent prendre des mesures pour garantir la sécurité des journalistes et la liberté de la presse, et traduire les responsables de cet assassinat en justice.

Henri Ducar Laponte / Correspondance

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