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L'ouverture sur le Cameroun

Made in Cameroon: Une couveuse pour réduire le taux des décès à la naissance

couveuse Made in Cameroon

Pour pallier les insuffisances en matériel néonatal dans les hôpitaux du Cameroun, Serge Armel Njidjou a mis sur pied une couveuse interactive permettant une meilleure prise en charge des prématurés.

Face au fort taux de décès néonatals au Cameroun, des décès essentiellement causés par l’insuffisance d’équipements adéquats de soins des prématurés, Serge Armel Njidjou a inventé une couveuse interactive pour permettre une meilleure prise en charge des prématurés. Le déclic est parti d’un drame de trop. En 2016, une mère de famille perd ses quintuplés à l’hôpital central de Yaoundé peu après leur naissance faute d’une couveuse néonatale. Touchés par ce drame, Serge Armel Njidjou et ses équipes à l’Agence universitaire pour l’innovation (Aui) entreprennent de créer une couveuse made in Cameroon pour réduire le taux des décès à la naissance. Serge Armel Njidjou, fondateur de L’Aui, prix d’innovations scientifiques, technologiques et entrepreneuriales relate à Sputnik les étapes de l’élaboration de cet appareil qui va permettre de réduire les décès néonatals au Cameroun. « Nous avons commencé par faire un état des lieux pour savoir pourquoi il y avait un problème de couveuses dans les hôpitaux camerounais. On a vu que chaque année, au Cameroun, en moyenne, 22 000 bébés meurent, soit 3 décès pour 1000 naissances vivantes. La prématurité est la première cause de la mortalité néonatale. La cause ici est l’insuffisance de couveuses néonatales dans les hôpitaux du pays. L’on dénombre moins de 100 couveuses néonatales en état de fonctionnement, pour plus de 5000 formations sanitaires environ», explique-t-il au micro de Sputnik.

Difficultés énergétiques

Des chiffres alarmants et une situation désolante qui motivent l’inventeur à essayer de trouver une solution locale pour sauver la vie des enfants prématurés dans les hôpitaux du pays. Déjà détenteur de trois brevets d’invention, ce boulimique du savoir, chercheur depuis 20 ans à l’université de Dschang au Cameroun, expert en technologies éducatives, se met alors à explorer l’environnement et étudier les raisons de la rareté des couveuses néonatales au Cameroun. « Les couveuses néonatales importées ne résistent pas aux fluctuations de l’énergie électrique que notre pays connaît. La moindre baisse de tension ou le moindre délestage brusque peut leur être fatal. En général, elles ont une durée de vie qui souvent ne dépasse pas 18 mois, alors que les fournisseurs n’ont pas prévu de services après-vente. Mais il y a aussi une raison qui est liée au coût. Les couveuses importées coûtent cher: entre 2,5 et 8 millions de Fcfa (3000 à 12 000 euros), selon qu’elles viennent des pays européens ou asiatiques», analyse Serge Armel pour Sputnik.

Face à ces contraintes, l’Aui sous sa houlette a donc pensé à fabriquer une couveuse qui soit résiliente face aux difficultés énergétiques, simple à l’utilisation et, surtout, interactive pour permettre au médecin de vérifier la disponibilité de la couveuse sur son smartphone, rester connecté à elle pour monitorer les consignes, avoir des alertes et suivre visuellement le bébé.« C’est en tenant compte de ces paramètres liés à notre contexte que nous avons conçu notre nouvelle couveuse. Nous avons passé toute une année à faire de la recherche-développement. Aujourd’hui, nous avons une couveuse néonatale interactive Aui 1.0. C’est la première couveuse néonatale entièrement conçue et fabriquée en Afrique subsaharienne. Elle est conforme à la norme internationale CEI-601-2-19. Notre couveuse au Cameroun va coûter autour de 1.9 million Fcfa (2 900 euros), avec un paiement flexible. Puis, nous offrons deux ans de garantie constructeur, et un service après-vente de proximité », poursuit-il, très satisfait du résultat.

Homologation

Serge Armel et ses équipes travaillent depuis lors à l’obtention d’une homologation de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). «Il n’y a pas de norme locale pour cet équipement. Notre couveuse est conforme à la norme internationale CEI-601-2-19. Une équipe de spécialistes de l’Ecole Polytechnique en a fait l’évaluation et a d’ailleurs rédigé un article scientifique en cours de parution dans une revue prestigieuse. Le ministère de la Santé, après le satisfecit de sa direction spécialisée, s’est engagé à nous accompagner pour l’homologation Oms. Elle en fonctionnement dans des hôpitaux à Bafoussam. A ce jour, il n’y a pas d’alerte. Tous les paramètres de contrôle de la couveuse sont en double pour optimiser la sécurité. En tous cas, la peur des incidents ne doit pas étouffer l’émergence de la technologie africaine. Le développement est un processus interne et pas une greffe de produits sophistiqués importés », se réjouit l’inventeur. Une aventure technologique qui n’a cependant pas toujours été aisée. L’équipe de chercheur a dû faire face à l’éternel problème de financement des recherches au Cameroun et à l’instabilité de la main d’œuvre qualifiée.

Elvis Serge NSAA

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