Le gouvernement a choisi de donner à l??opinion publique nationale et internationale des clarifications au sujet des interrogations, des suppositions voire des allégations relatives aux fondements, à la mise en ??uvre ainsi qu??à la finalité de la lutte contre la corruption dans ce qui est populairement connu comme l?? « opération Epervier ». Sur ce thème particulièrement sensible, le ministre de la Communication est monté au créneau pour répondre aux questions d??un panel de journalistes représentant six chaînes camerounaises de télévision, afin, dit-il « d??éviter toute désinformation » et d??apporter des «précisions » à la connaissance de
tous. Dans son propos liminaire, dans ses explications voire son plaidoyer devant la presse, le ministre de la Communication s??est employé à dire dans les limites des compétences de l??Exécutif, n??a-t-il cessé de rappeler, ce qu??est « l??opération Epervier », ce qu??elle n??est pas, ce qu??elle vise, comment elle est mise en ??uvre. Les fondements. « Exigence légale et éthique », la lutte contre la corruption au Cameroun, affirme Issa Tchiroma Bakary n??est ni nouvelle, ni liée à des enjeux conjoncturels. « Elle procède de la volonté politique exprimée dès 1982 lors de l??accession à la magistrature suprême du président Paul Biya?? » poursuit-il, volonté mainte fois réitérée. La finalité. « La lutte contre la corruption participe exclusivement du souci de protection de la fortune publique, de la moralisation et de l??assainissement des comportements », affirme Issa Tchiroma Bakary. Il ajoute qu??au-delà de l??identité et de la qualité des personnes interpellées, jugées et condamnées ou libérées, « elle participe de la consolidation de la justice et de la soumission de tous à la loi, sans distinction fondée sur le rang ou le titre. » La mise en ??uvre. Rien, dit le ministre de la Communication, n??est laissé au hasard. L??Exécutif fait son devoir. Cependant, tient-il à préciser, «les procédures d??instruction, d??inculpation et de jugement relèvent au Cameroun du seul ressort et de l??initiative exclusive de la justice, en vertu du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs.» C??est cependant cette mise en ??uvre qui a soulevé la plupart des interrogations adressées au ministre de la Communication, comme l??illustrent quelques-unes. S??agit-il d??une opération à tête chercheuse, d??une purge politique pour barrer la route aux adversaires ? «Toutes ces allégations ne tiennent pas» répond le ministre de la Communication.» C??est, pour lui, un argument de mauvaise foi. Peut-on accélérer le rythme ? «Le temps de la justice n??est ni le vôtre, ni celui de l??Exécutif» Qu??en est-il de l??article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens ? Pour lui, la lutte contre la corruption constitue l??une des méthodes de sa mise en ??uvre. Peut-on rembourser et ne plus être inquiété ? Le Code pénal camerounais, dit-il, le prévoit. Il s??agit de le faire dans le cadre d??une « transaction » avec la justice. Pourquoi certains suspects sont-ils humiliés lors des arrestations ? Selon Issa Tchiroma Bakary, aucun ordre officiel n??est donné dans ce sens?? Pour lui, les Camerounais ne veulent pas que la fortune publique soit laissée entre les mains de prédateurs. Mais ils préfèrent aussi que l??argent volé, caché ici ou ailleurs, revienne dans les caisses publiques. L??intervention du ministre de la Communication a eu le mérite de rompre un silence nocif et d??apporter les éclairages du gouvernement sur l??opération Epervier, dans la perspective d??une appréciation plus sereine de sa mise en ??uvre.
ESSAMA ESSOMBA, CT