8.500 hommes formeront à terme la force régionale déployée contre Boko Haram à la frontière nord du Cameroun et au Nigeria. Mais fort est de constater que les contributions en terme d’effectifs ne relèvent que d’une poignée de pays d’Afrique centrale ou ouest-africain. A tort ou à raison, certains pays comme le Gabon se gardent de franchir certaines limites.
« Je dis à nos frères camerounais et tchadiens, vous n’êtes pas seuls », C’est ainsi que le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a manifesté sa solidarité avec les pays engagés dans la lutte armée contre Boko Haram, le Cameroun et le Tchad lors du sommet extraordinaire de la CEEAC lundi à Yaoundé. Mais cela ne signifie-t-il pour autant que que le Gabon est prêt à intervenir sur le front des combats.
Si il existe une volonté manifeste de soutenir davantage ses pairs de la sous-région contre la secte islamiste, Libreville n’a pris aucun engagement militaire. 8.500 soldats seront déployés à terme contre Boko Haram , les pays contributeurs sont le Tchad, le Cameroun, le Nigeria, le Bénin et le Niger. Pour l’instant, la force régionale en action à la frontière nord du Cameroun et au Nigeria compte 6.500 hommes.
Le Gabon qui partage sa frontière nord avec le Cameroun reste relativement protégé face à un risque de régionalisation de l’activisme de Boko Haram, ce qui n’est guère le cas pour le Niger ou encore le Bénin deux pays directement frontaliers avec le Nigeria. Par ailleurs, le Gabon rappelle l’engagement de 500 militaires en République Centrafricaine, une zone à risque toujours déstabilisée par des groupes armés issus de l’ex-Seleka ou des milices anti-balaka.
Il est clair que la solidarité du Gabon comporte des limites malgré les efforts du président M.Bongo Ondimba pour clarifier la position de Libreville. « Nous avons le sentiment que nous sommes attaqués. Aujourd’hui, deux pays de la sous-région, le Cameroun et le Tchad, sont aux premières loges, mais demain cela peut être d’autres pays. Nous sommes venus dire à nos frères camerounais et tchadiens, vous n’êtes pas seuls » a-t-il affirmé lundi à Yaoundé.
Pas d’engagement militaire direct mais les leaders de la CEEAC ont promis une assistance multiforme aux états touchés par Boko Haram, une assistance militaire, financière, logistique et humanitaire. Un fonds de 87 millions de dollars a été annoncé lundi dans la capitale camerounaise pour lutter contre le groupe terroriste nigérian. La CEEAC a sollicité le soutien de la communauté internationale qui devrait sans aucun doute apporter une aide financière importante. Les Chefs d’Etats ont également demandé aux Nations unies de prendre les dispositions appropriées pour impliquer davantage la MINUSCA (Mission de multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en République centrafricaine) dans la région.
Par ailleurs, les chefs d’Etat de la CEEAC envisagent une coopération active avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour s’unir contre Boko Haram. Une fois encore la volonté de s’unir face au danger que représente Boko Haram se heurte à l’absence d’une véritable coopération militaire régionale inclusive. Comme le Gabon, plusieurs pays d’Afrique centrale manquent à l’appel, c’est le cas également en Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire ou encore le Sénégal ne prévoient pas d’engager des hommes sur le fronts.
Par notre correspondant à Libreville Kombila King Melchisede