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L'ouverture sur le Cameroun

L’Iranien Rahman Nejad saisit la Cour suprême du Cameroun

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Après 13 ans de procédures l’ex-propriétaire du Pico restaurant torturé à la gendarmerie en 2009, qui poursuit son bailleur, n’est pas au bout de ses peines.

Après 13 années de démêlés judiciaires au Cameroun, Rahman Rahimi Nejad n’est toujours pas au bout de ses peines. Le ressortissant iranien âgé de 68 ans vient d’ailleurs de se pourvoir en cassation à la Cour suprême du Cameroun. Il espère obtenir gain de cause à cette instance supérieure de la justice. Cet ancien propriétaire d’un grand restaurant Snack-bar et dancing à Douala réclame réparation de préjudices subis depuis 2009. Il poursuit ainsi son ex-bailleur au tribunal, le sieur Kamga Salvador, pour : « complicité d’arrestation, extorsion de fonds, entraves à la liberté de travail, vol ». Le verdict de l’affaire au Tribunal de première instance (Tpi) de Douala-Bonanjo a déclaré Kamga Salvador « coupable de complicité d’arrestation et de séquestration, entraves à la liberté de travail ». Le jugement rendu par le Tpi dans cette affaire condamne le bailleur à un an de prison et alloue à la victime la somme de 15 millions F. Cfa au titre de préjudices matériels et moral.

Mais Rahman Rahimi Nejad n’est pas favorable à cette décision. Pour le plaignant, la somme arrêtée à titre de paiement des préjudices est bien au deçà de celle estimée par la juge du Tpi, peu avant l’instruction du dossier. D’après ses dires, la juge lui a énoncé une somme minimale de 300 millions F. Cfa à la clé de cette affaire et la prison pour le prévenu. Le conseil de l’Iranien avait d’ailleurs dans ses réquisitions réclamé une somme de 1 120 600 000 F. Cfa de réparation. L’Iranien surpris par la tournure à l’audience finale va faire appel de cette décision. En appel, le prévenu Kamga Salvador est déclaré « non coupable » lors du rendu de la décision le 10 février 2022. L’affaire pas encore définitivement tranchée sera désormais arbitrée en dernier ressort par la Cour suprême du Cameroun saisie par le plaignant.

Séquestré et torturé en 2009

Pour mieux comprendre l’affaire, il faut remonter en 2008. Rahman Rahimi Nejad est propriétaire du Pico restaurant-Snack bar et dancing sis à la rue Pau à Akwa, d’une capacité de 400 places. L’Iranien investit la somme de 80 millions de F. Cfa pour des travaux de réfection. Le local mis en valeur est acquis en location auprès de Kamga Salvador. Dans le contrat de bail signé le 17 octobre 2007, le bailleur cède le loyer mensuel à 1 200 000 F. Cfa. Rahman solde sur le coup les sept premiers mois de loyer exigés par son bailleur. En 2009, Kamga Salvador, le bailleur, se propose de racheter le restaurant pour 20 millions F. Cfa. Rahman Rahimi Nejad décline l’offre. Deux semaines plus tard, il reçoit une convocation à la Légion de gendarmerie du Littoral. Il y passe sept jours en cellule, du 23 au 30 septembre 2009. Durant sa séquestration, l’Iranien subit des sévices corporels.

Sous les coups de crosses, Rahman qui souffre déjà de diabète va passer deux jours dans le coma. Les gendarmes lui exigent le paiement « d’arriérés fictifs » de loyer de 11 millions F. Cfa. Sous le coup de la pression, l’Iranien débourse la somme de 5 millions F. Cfa. A sa sortie de cellule, il adresse une plainte au commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Douala. Aucune suite. Le propriétaire du Pico restaurant Snack-bar et dancing découvre aussi que la gendarmerie a apposé des scellés sur son commerce et les clés ont été remises au bailleur. Rahman qui a en outre, document en main, découvert que son contrat de bail a été enregistré sous la référence de 600 000 F. Cfa (au lieu de 1,2 millions F. Cfa) le loyer auprès de la direction des impôts. L’Iranien saisit le Tpi de Douala-Bonanjo. Une procédure judiciaire est initiée. Elle se poursuit à la Cour d’Appel du Littoral. La Cour suprême devra connaitre de l’affaire dans les prochains mois.

«Que justice soit rendue »

Rahman Rahimi Nejad qui déplore des actes de corruption le long de la procédure se dit à bout de souffle pour poursuivre la procédure. Il indique que le prévenu ne s’est présenté au tribunal qu’à deux reprises (2009 et 2022). Entre les dizaines de tours dans les tribunaux et les honoraires des avocats, l’ex-propriétaire du Pico dit ne plus savoir où mettre la tête. « J’avais onze climatiseurs dans mon restaurant. Des appareils de sonorisation de plus de 10 millions, des frigos, etc… Je n’ai rien récupéré avant la fermeture. Pas même une cuillère. Tout a été chargé dans des camions. Je veux juste que justice soit rendue», lance-t-il, le visage serré. Et d’indiquer qu’à la suite de ses déboires, quatre investisseurs Iraniens parmi les sept installés au Cameroun ont plié bagages.

Mathias Mouendé Ngamo / 237online.com

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