Lebougate: Emmanuel Lebou accusé d’avoir siphonner des dizaines de milliards de Fcfa

Ce qui s’écrit et se dit sur lui l’élève à l’indignité d’Al Capone, personnage emblématique du crime organisé aux Etats-Unis pendant le XXe siècle.

D’aucuns préfèrent plutôt le présenter comme le Madoff camerounais, du nom de l’homme d’affaires américain condamné, en juin 2009, à 150 ans de prison pour une escroquerie savamment orchestrée.

Emmanuel Lebou, 56 ans, jusqu’alors familier de la paperasse administrative et de l’odeur accommodante de l’argent, dans les dédales du ministère des Finances, a fait irruption sur la scène publique à la faveur de l’opération de Comptage physique du personnel de l’Etat (Coppe).

En détention préventive à la prison centrale de Kondengui depuis plus d’un an, il est reproché à ce cadre informaticien d’avoir manipulé frauduleusement pendant des années la solde de l’Etat. Le préjudice se compte en dizaines de milliards de Fcfa. Au train où vont les choses, il s’en faut de peu pour qu’une fusillade sur la place publique soit requise par le tribunal populaire contre Emmanuel Lebou, même si, pour l’heure, celui-ci bénéficie de la présomption d’innocence.

D’évidence, comme Al Capone ou Bernard Madoff, Emmanuel Lebou n’était pas seul dans cette entreprise de siphonage de caisses de l’Etat. Dans son empire de Cocagne, il a certainement bénéficié de soutiens plus ou moins haut placés, qui ont chacun dégusté leur part de lait et de miel.

Une poignée est en détention provisoire, d’autres continuent de jouir de la liberté d’aller et venir. Au nom de la loi du silence (omerta) propre à la mafia, ses lieutenants dans cette cavalerie financière brûlent à coup sûr des cierges pour qu’il ne délie pas sa langue. Le procès aux allures de tsunami promet d’être riche en répliques.

En attendant une communication gouvernementale sur ce scandale qui s’annonce comme le coup du siècle, une liste de plus de 20.000 fonctionnaires fictifs, supposés ou réels, circulent sur les réseaux sociaux, suscitant des commentaires indignés. On est certes à la phase du précontentieux, mais le chiffre a de quoi donner froid dans le dos.

Dans cette fourmilière constituée d’agents fantômes censés servir l’Etat dans différents départements ministériels, le vigoureux coup de pied du ministre des Finances, Louis Paul Motaze, sous les fourches caudines du Fonds monétaire international (Fmi), retentit comme un tocsin qui met fin à la récréation. Oui, il est temps d’assainir le fichier solde de l’Etat.

Oui, il est venu l’heure d’extirper la gangrène des fonctionnaires fictifs qui a mobilisé par le passé tant d’énergies, tant de compétences et d’importantes ressources financières, sans toujours produire les résultats escomptés.


Le tri effectué sur la base des démissions, décès non-déclarés et absences non justifiées dans le fichier de la Fonction publique devrait procurer un bol d’air au trésor public. Les juteuses économies réalisées en mettant un garrot à l’hémorragie pourraient être réinjectées dans des projets de développement.

Dans tous les cas, la traque en cours doit déboucher sur des effets bénéfiques à tous les contribuables. Un échec serait une autre occasion manquée dans la concrétisation du binôme rigueur et moralisation. Des marqueurs de Renouveau que beaucoup de citoyens continuent de considérer comme un écran de fumée, une fiction à la camerounaise.

Georges Alain Boyomo

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