Le jeudi 14 septembre s’est tenue à Douala la cérémonie de remise du Prix Pierre Castel, qui vise à encourager l’entrepreneuriat agro-industriel en Afrique. Si deux entrepreneurs camerounais ont été récompensés, ce prix suscite la controverse dans un contexte économique tendu entre la France et le Cameroun.
Adeline Tsemo et Hippolyte Nozawo ont reçu respectivement 15 000 euros et 10 000 euros, de quoi développer leurs activités dans la pâtisserie et la transformation artisanale du cacao. Pourtant, de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer l’ingérence de ce prix français dans les affaires économiques camerounaises.
Le fonds de dotation Pierre Castel est en effet financé par le groupe éponyme, géant français des boissons alcoolisées implanté au Cameroun depuis plus de 60 ans. Or, de récentes polémiques ont éclaté autour de la mainmise des intérêts français sur des secteurs clés de l’économie camerounaise. Certains dénoncent même une forme de néo-colonialisme économique.
Dans ce contexte de défiance, le Prix Pierre Castel apparaît pour beaucoup comme un outil marketing visant à redorer le blason du groupe, tout en servant ses intérêts. Les montants versés, bien que substantiels pour les lauréats, sont dérisoires comparés aux profits que réalise la multinationale sur le dos des agriculteurs camerounais.
Par ailleurs, le prix encourage l’entrepreneuriat individuel plutôt que des initiatives collectives, coopératives, qui seraient davantage créatrices de valeur pour les populations. Il divise plus qu’il ne fédère.
Bien que louable sur le principe, le Prix Pierre Castel semble ainsi reproduire le schéma classique de la Françafrique : une élite locale cooptée par les intérêts français au détriment du plus grand nombre. Un modèle dont l’heure est venue de se défaire, pour inventer une relation plus équilibrée et souveraine entre la France et le Cameroun.