Le gouverneur de l’Ouest interdit le syndicat des débits de boisson

Awa Fonka Augustine

L’autorité administrative scelle aussi le centre de collecte des taxes et impôts. Dans le même temps, le syndicat des exploitants des débits de boissons saisit le ministre de l’administration territorial.

La brouille perceptible dans le secteur brassicole de la région de l’Ouest a pris de nouvelles proportions. Dans une correspondance adressée à Denis Youtcha «présumé président du Synedeboc-Ouest», le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine «interdit de toutes activités le Syndicat national des exploitants de débits de boissons du Cameroun (Synedeboc)» sur l’ensemble de la région du soleil couchant. Selon les termes de la correspondance, cette décision fait suite aux refus du nommé Denis Youtcha de prendre part à une concertation convoquée par le patron administratif de la région de l’Ouest.

Outre la réunion boycottée du 25 août 2020, le gouverneur de la région de l’Ouest accuse «le présumé président du Synedeboc» Ouest d’avoir organisé une réunion non autorisée en date du 15 octobre 2020. Une réunion qui s’est soldée par des échauffourées entre les exploitants de débits de boissons de la région de l’Ouest. Une issue qui, selon le gouverneur de la région de l’Ouest «constitue inexorablement une menace avérée de trouble à l’ordre public». Conséquence, dixit le gouverneur Awa Fonka Augustine, «Aussi suis-je dans l’obligation pour préserver l’ordre public, de vous interdire ainsi que vos deux partisans Dassi Cécile et Kbiticebeyo Pierre Roger, d’activité dans la région de l’Ouest.» Suspension qui a conduis à la posée des scellés au Centre de gestion agrée (Cga) des exploitants de débits de boissons des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, le 12 novembre 2020.
Il faut rentrer quelques mois en arrière pour comprendre l’issue que connait cette brouille des exploitants de débits de boissons dans la région de l’Ouest. Depuis quelques temps en effet, la polémique enfle entre l’ancien bureau exécutif du Syndicat national des exploitants de débits de boissons (Synedeboc) et le président national de cette organisation, Roger Tapa. Le président national et le trésorier du Synedeboc sont accusés d’avoir distrait près de 700 millions de Francs Cfa des caisses de l’organisation regroupant les exploitants des débits de boissons du Cameroun. Une situation dont la justice s’est saisie depuis quelques mois.

Enjeux financiers

Dans la même veine, une lettre a été adressée au ministre du travail et de la sécurité sociale aux fins de désavouer le président national du Synedeboc, Roger Tapa. La correspondance signée du coordonnateur national du Synedeboc, Paul Valérie Ntendie, le trésorier adjoint Augustin Femoe ainsi que les présidents régionaux du Littoral, l’Ouest, l’Adamaoua, le Sud-ouest et l’Extrême-Nord souligne «le refus du président national du Synedeboc de tenir une assemblée générale depuis 14 ans au cours desquels il a géré sans rendre compte.» En fond, il s’agit d’une bataille qui oppose au plan national les cadres et le président national du Syndicat national des exploitants de débits de boissons du Cameroun.

Bataille rangée qui repose sur des accusations liées à la signature de nombreuses conventions entre le président national et des entreprises. Pour illustration, le collectif met en exergue la signature d’une convention engageant le Synedeboc avec la Société anonyme des brasseries du Cameroun, pour l’augmentation du prix des emballages. «Une convention qui s’applique exclusivement aux emballages Sabc.» Dans le même temps, la grogne exprimée par les exploitants des débits de boissons est liée à la gestion des retombées financières de la perception des droits d’auteur et les contrats signés avec des banques et des entreprises de téléphonie mobile dans le cadre de l’adoption des opérations financières dans
les débits de boissons.

Joint au téléphone, le président national du Syndicat national des exploitants de débits de boissons indique que «la fermeture du Centre de gestion agréé par les services du gouverneur est un abus. Ils n’ont aucune compétence leur permettant de fermer une structure mise en place par le ministère des finances pour collecter les impôts et taxes auprès des barmen de la région de l’Ouest.» Dans le même sillage, Roger Tapa indique que des procédures sont en cours pour remédier à cette situation. «Nous avons saisis le ministre de l’administration territoriale pour dénoncer cet abus des services du gouverneur de la région de l’Ouest.» Le président national du Synedeboc soutient «qu’il existe des connivences entre nos adversaires et certains responsables de la région. C’est ces complicités qui ont conduit à la fermeture du Centre de gestion agréé de l’Ouest.» Toutefois, soutient la même source, «nous sommes prêts à discuter avec nos adversaires pour trouver un terrain d’entente.»

Joseph OLINGA N.

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