La déclaration commune de cinq États dotés d’armes nucléaires (la Russie, la Chine, les États-Unis, le Royaume Uni et la France) sur la prévention de la guerre nucléaire et la prévention d’une course aux armements montre à quel point la menace nucléaire est réellement sérieuse. C’est ce qu’a déclaré lundi le directeur de l’Institut de recherche nucléaire de l’American University, Peter Kuznick, commentant ce document à la demande de TASS.
« Ce que les États dotés de l’arme nucléaire ont ressenti le besoin de publier cette déclaration maintenant est à la fois encourageant et très, très inquiétant », a-t-il déclaré. « Le monde d’aujourd’hui est dans une situation extrêmement risquée. Les relations entre les États-Unis et la Russie, entre les États-Unis et la Chine ainsi qu’entre les États-Unis, l’Otan et la Russie sont à leur pire niveau depuis des décennies. On parle beaucoup d’une nouvelle guerre froide. Pire encore, on parle davantage d’une éventuelle guerre réelle entre les grandes puissances – plus que jamais depuis la crise des missiles de Cuba, il y a près de 60 ans. Et ce n’est pas un simple bavardage inutile. Une grande partie de ces propos sont tenus par des dirigeants militaires et politiques de haut rang », a-t-il noté. « Une confrontation potentielle entre les États-Unis, l’Otan et la Russie en raison de l’Ukraine, ainsi qu’entre Washington et Pékin à cause de Taïwan est extrêmement préoccupante. »
Selon lui, parmi les mesures qui pourraient être prises maintenant pour la prévention de la guerre nucléaire, on devrait mettre hors d’état d’alerte les armes nucléaires des États-Unis et de la Russie, adopter « la politique de non-recours en premier aux armes nucléaires » par tous les États dotés d’armes nucléaires, éliminer des missiles balistiques intercontinentaux et de réduire des arsenaux nucléaires à un niveau qui empêcherait le risque d’un « hiver nucléaire ».
Selon les présidents de l’ONG américaine Nuclear Threat Initiative, Ernest Moniz et Sam Nunn, cinq États dotés d’armes nucléaires avaient déclaré lundi pour la première fois qu’« il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire et qu’elle ne doit jamais être menée ».
Ils ont appelé les dirigeants mondiaux « à charger leurs gouvernements de prendre des mesures spécifiques en la matière ». Selon les présidents de l’ONG, « il est nécessaire d’intensifier des efforts collectifs et individuels pour réduire le risque du recours aux armes nucléaires en renforçant les garanties qui peuvent empêcher l’utilisation non autorisée, non intentionnelle ou par erreur d’armes nucléaires ». Comme les experts estiment, il est extrêmement important d’ »intensifier le dialogue pour réduire ce risque par canaux bilatéraux et multilatéraux« , ainsi que de « réduire le rôle des armes nucléaires dans les doctrines et stratégies de sécurité nationale des États ».
Les États dotés d’armes nucléaires (la Russie, la Chine, les États-Unis, le Royaume Uni et la France) avaient publié lundi une déclaration conjointe soulignant que non seulement la guerre nucléaire, mais également celle avec l’emploi des armes conventionnelles devait être évitée entre eux.